Publié il y a 1 an - Mise à jour le 06.02.2023 - Marie Meunier - 5 min  - vu 890 fois

ROCHEFORT-DU-GARD Avec l'inflation, le nombre de bénéficiaires explose à l'association "Ensemble pour l'espoir"

Rochefort du gard ensemble pour l'espoir épicerie sociale

Les lundis, jeudis et samedis de 9h30 à 15h30, le local rochefortais de l'association "Ensemble pour l'espoir" est ouvert. L'antenne de Laudun-l'Ardoise l'est aussi les mardis et vendredis de 11h à 15h.

- photo Marie Meunier

Depuis 1997, l'association rochefortaise "Ensemble pour l'espoir" vient en aide des plus démunis. Avec l'actuelle hausse des prix, le nombre de bénéficiaires a explosé. Si la tendance se poursuit, la présidente, Elisabeth Bernard, craint de ne plus pouvoir faire face. 

Il est 13h ce jeudi, le mistral souffle fort sur le quartier du Galoubet à Rochefort-du-Gard. Au bord de la route en montée, des personnes affluent vers le petit local de l'association "Ensemble pour l'espoir". À l'entrée, la table a été dressée, surmontée d'une nappe à carreaux bleus et blancs. Un plateau de merguez est posé dessus. Les bénévoles ont pour habitude de partager le repas avec ceux qui sont dans le besoin et viennent faire leurs courses à l'épicerie sociale. À côté, un homme âgé chante un air, tandis que d'autres parlent du passé, de leurs origines. L'ambiance est conviviale, les discussions vont bon train et les rayons du soleil apaisent les cœurs.

ensemble pour l'espoir association rochefort du gard
Bernadette et Cécile, deux bénévoles, qui servent les produits frais.  • photo Marie Meunier

Mais derrière cette apparente décontraction, l'association connaît de fortes tensions. Quand l'activité a démarré en 1997, il y avait 15 familles bénéficiaires. Début 2022, l'association en comptait 411, soit 1 300 personnes. Au 31 décembre de la même année, le chiffre a presque doublé : 722 familles, soit presque 3 000 personnes. "Avant, on avait quasiment que des "RMIstes", des SDF, des gens qui dorment dans leur bagnole... On en a encore beaucoup, mais aujourd'hui, on a aussi des retraités et même des salariés qui se retrouvent en difficulté et n'y arrivent plus", a constaté Elisabeth Bernard, présidente et fondatrice de "Ensemble pour l'espoir".

"L'électricité a augmenté, la nourriture a augmenté... Beaucoup de gens sont en galère"

Certains bénéficiaires sont envoyés par les CCAS de leur commune, d'autres arrivent par le bouche-à-oreille. La présidente ajoute : "L'électricité a augmenté, la nourriture a augmenté... Beaucoup de gens sont en galère." Derrière elle, un homme glisse, las : "C'est un éternel recommencement." Pas facile pour les 41 bénévoles de faire face à cette affluence. Ils seront bientôt rejoints par deux volontaires supplémentaires sur l'antenne de L'Ardoise. Il y a aussi ceux qui s'occupent du camion ambulant qui se rend dans différents villages les lundis et vendredis : Saint-Laurent-des-Arbres, Montfaucon, Lirac, Sauveterre, Laudun, Pujaut... 

Rochefort du gard ensemble pour l'espoir épicerie sociale
Geneviève et Audrey qui s'occupent de la partie fruits et légumes à l'extérieur. 

Pour l'association, les difficultés sont doubles. Non seulement, elle doit subvenir aux besoins de davantage de personnes, mais en plus, elle ne doit pas répercuter la hausse des prix sur les bénéficiaires. Pourtant, la plupart des aliments, des produits du chariot ont augmenté. Elisabeth Bernard est même "en perte" sur les conserves. Elle essaie de négocier les prix, mais c'est de plus en plus compliqué à cause de l'inflation. "Quand on voit qu'un kilo de courgettes, c'est 3€ maintenant... Et le chou-fleur, 2€. Alors qu'à l'épicerie, nous on le vend 30 centimes", indique-t-elle. 

L'association en quête de dons pour continuer à fonctionner

Pour autant, la présidente ne rogne pas sur la qualité des produits vendus à l'épicerie. On y trouve du pain, des aliments secs, des légumes, des fruits, mais aussi des produits frais comme les yaourts, la viande, le jambon, les pizzas. Elle garnit les rayons grâce aux recettes de l'épicerie et du camion, mais aussi grâce à des dons. Aujourd'hui, 5-6 entreprises et magasins des environs en font. Elisabeth Bernard en espère plus pour continuer de faire fonctionner l'association, malgré cette phase compliquée. "On est face à d'autres associations beaucoup plus connues qui reçoivent davantage d'aide comme les Restos du cœur, la Banque alimentaire. On n'agit qu'à l'échelle régionale mais on fait autant de boulot. Pour l'instant, on y arrive, mais pour combien de temps ?", lâche-t-elle. 

Rochefort du gard ensemble pour l'espoir épicerie sociale
Les lundis, jeudis et samedis de 9h30 à 15h30, le local rochefortais de l'association "Ensemble pour l'espoir" est ouvert. L'antenne de Laudun-l'Ardoise l'est aussi les mardis et vendredis de 11h à 15h. • photo Marie Meunier

Si la petite association gardoise atteignait les 1 000 familles bénéficiaires, la poursuite de l'activité deviendrait presque impossible. C'est pourquoi, entreprises, magasins et même particuliers sont chaleureusement invités à donner des denrées, des produits d'hygiène... L'association peut aussi compter sur le soutien financier et matériel de plusieurs communes. Elle organise également des événements extérieurs (buvettes, spectacles...) pour faire rentrer de l'argent dans les caisses. Le dimanche 12 février, à 14h30, à la salle Galia de Rochefort, il y aura le loto, et le 20 mai, l'association prévoit un concert du groupe Namaspamous.

Elisabeth Bernard bientôt reçue par Jean Castex et le préfet de Région

En 25 ans d'existence, "Ensemble pour l'espoir" a tissé des liens solides avec certaines familles. À l'image de Mireille, une Villeneuvoise, qui vient depuis le tout début : "L'accueil a toujours été chaleureux, généreux. Une véritable amitié a grandi et l'entraide est générale. Je vis avec une toute petite retraite. Sans l'association, j'aurais du mal à vivre décemment", confie cette dame avec un grand sourire.

Rochefort du gard ensemble pour l'espoir épicerie sociale
Le local rochefortais accueillant l'épicerie sociale est prêté par la municipalité.  • photo Marie Meunier

Elisabeth Bernard n'a jamais lâché la présidence depuis la création de l'association. Elle qui a reçu à un moment de sa vie, continue de rendre au centuple. Elle raconte : "Quand j'étais jeune, j'ai divorcé. Je me suis retrouvée seule avec mon fils. J'ai eu une main tendue dans une épicerie sociale. Mais la dame ne m'a pas donné, elle m'a dit qu'elle m'avançait et que je la rembourserai plus tard quand je trouverai du travail. En faisant cela, elle a laissé ma dignité intacte. Car la mendicité, c'est dur." Lorsque la Gardoise s'est remis à flot financièrement, elle a donc créé cette association à son image. "En toute modestie, je crois que j'ai réussi", glisse-t-elle avec un sourire. 

En plus de l'épicerie sociale, "Ensemble pour l'espoir" propose de l'aide pour se vêtir et pour se meubler, notamment pour les femmes victimes de violences conjugales qui ont dû tout quitter. Une trentaine d'Ukrainiens ont aussi obtenu de l'aide matérielle mais également psychologique. Sans oublier les deux semi-remorques de vivres qui sont partis en direction du pays en guerre, grâce aux dons et au concours du père Georges. Ce 8 février, Elisabeth Bernard sera d'ailleurs reçu par l'ex-Premier ministre Jean Castex et par le préfet d'Occitanie pour parler pauvreté et de ce qui peut être mis en place. Une belle marque de reconnaissance pour ce travail bénévole effectué depuis un quart de siècle.

cfa avignon challenge boulangers
Les apprentis boulangers du CFA d'Avignon donnent du pain depuis deux ans à l'associations et participent en ce moment à un challenge organisé par la Chambre de métiers et de l'artisanat.  • photo Marie Meunier

Du pain pour les plus démunis, une action solidaire et anti-gaspi

Depuis deux ans, le CFA (centre de formation d'apprentis) d'Avignon donne du pain et des gâteaux à l'association rochefortaise. Cela évite que le surplus de production ne soit jeté et cela fait des heureux. Jeudi dernier, quatre apprentis et leur professeur, Bastien Casseles, sont venus directement donner leur production à l'épicerie sociale et ont été filmés pendant la distribution. La vidéo se retrouvera ensuite sur YouTube car la formation boulangerie du CFA d'Avignon participe à la première édition de "la Battle des CFA", organisée par la CMA (Chambre de métiers et de l'artisanat). Grâce à leur action solidaire et anti-gaspi et toute une série de vidéos, ils espèrent remporter ce défi face à 13 autres régions et corps de métiers. Ceux qui obtiennent le plus de "likes" sur leurs vidéos l'emportent. 

Marie Meunier

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