Publié il y a 1 jour - Mise à jour le 31.05.2025 - Norman Jardin - 5 min  - vu 446 fois

FAIT DU JOUR Le Paris magique de l’Uzétien Guy Adam

Guy Adam, le plus parisien des Gardois.

- Photo : Norman Jardin.

Supporter parisien de toujours, Guy Adam a été coordinateur sportif du PSG et son nom a été inscrit sur près de 1500 feuilles de match du club de la capitale. Proche, puis membre du club, l’Uzétien a quitté le PSG en 2002 dans la douleur. Installé dans le Gard depuis plus de vingt ans, l’ancien dirigeant parisien se souvient des bons et des mauvais moments avec beaucoup d'émotions. Ce soir, il remettra le maillot du Paris Saint-Germain pour voir enfin le club de son cœur soulever la Ligue des champions.

Ce soir, Guy Adam dinera avec Charlotte, son épouse et Claude, son ami dans sa maison à Uzès. Le trio ouvrira une bonne bouteille qu’il se partagera devant la finale de la Ligue des champions qui opposera, à partir de 21h, le Paris Saint-Germain à l’Inter Milan. Si ce programme ressemble à celui qui sera adopté par des millions de Français, la rencontre aura une saveur particulière pour le directeur de la communication et des organisations du Kiwanis Club d’Uzès. Guy Adam est bien plus qu’un amoureux de football ou un fan de PSG. Il est un ancien coordinateur sportif du club de la capitale.

C'est Guy Adam (à droite) qui a eu l'idée de mettre la Tour Eiffel sur le maillot du PSG. • Photo : collection privée Guy Adam.

L’histoire d’amour entre ce parisien et le meilleur club français du moment ne date pas d’hier, mais de toujours. En 1970, celui qui est alors directeur d’une agence d’intérim répond à l’appel du 1ᵉʳ février quand Pierre Bellemare, l’animateur d’Europe 1, évoque une souscription avec une question : « Voulez-vous un grand club de football à Paris ? ».

« Mon épouse préparait la choucroute que des joueurs venaient parfois manger à la maison »

Dès lors, Guy Adam plonge dans l’aventure en devenant « membre associé ». « Je m’occupais des programmes qui étaient distribués les jours des matchs, mais aussi des partenaires et du développement du service commercial ». En 1974, Guy Adam a participé à la création de l’association "Les amis du PSG", le premier groupe de supporters parisiens.  

Guy Adam s’est assis près de 1 500 fois sur le banc du PSG. • Photo : collection privée Guy Adam.
Durant son passage au PSG, Guy Adam a croisé la route de Johan Cruyff. • Photo : collection privée Guy Adam.

Nous sommes dans les seventies et les rapports avec les joueurs sont plus simples. « Mon épouse, à cette époque, était originaire de Metz et elle préparait la choucroute que des joueurs venaient parfois manger à la maison ». C’est le temps de la première grande émotion avec la montée en D1 à l’issue d’une victoire contre Valenciennes (4-2).

L'arrivée prépondérante de Francis Borelli

La passion de Guy Adam pour le PSG prend une nouvelle tournure en 1978 avec l’arrivée de Francis Borelli à la tête du club. « Il m’a offert la possibilité de développer le service commercial du club et des abonnements. J’ai aussi été ponctuellement photographe du club et j’ai même assuré des correspondances de compte-rendu de match au Camp des Loges pour le quotidien Le Parisien ».

Guy Adam (à droite), témoin privilégié des victoires parisiennes en coupe de France (1982, 1983, 1993, 1995 et 1998). • Photo : collection privée Guy Adam.

Dans la foulée, le secrétaire sportif du Paris Saint-Germain part au Matra-Racing et l’opportunité est saisie par Guy Adam. Puis c’est l’époque des premières victoires avec les coupes de France en 1982 et 1983 et le titre de champion en 1986. L’ancien supporter, devenu dirigeant de son club de cœur, vit, au plus près du terrain, les grands moments.

« Waterschei, Je l’ai en travers de la gorge »

« J’ai fait près de 1500 matchs sur le banc, dont une centaine de rencontres européennes, parmi lesquelles cinq demi-finales et deux finales » souligne celui qui a travaillé avec douze entraîneurs et cinq présidents du PSG. Il y a eu le premier à Sofia et celui contre les Belges de Waterschei. Une défaite (3-0) qui laisse un goût amer. « Waterschei, je l’ai en travers de la gorge, car on finit avec deux exclus, Boubacar et Lemoult ».

Guy Adam a eu l'idée de placer le Parc des Princes sous le logo du PSG. • Photo : collection privée Guy Adam.
Georges Peyroche (au centre), l’ancien Crocodiles et Guy Adam (à droite) se côtoyé pendant six saisons au PSG. • Photo : collection privée Guy Adam.

Mais les joutes continentales réservent des souvenirs bien meilleurs. Il y a le match de légende contre le Real Madrid (4-1, en 1993). « Pour la première et la dernière fois, Artur Jorge m’a sauté dans les bras. C’est pour moi quelque chose d’énorme. C’était pourtant quelqu’un de très réservé ». Le club de la capitale soulève la coupe des Coupes en 1996, un moment très fort pour Guy Adam.

« Rai vient me voir. Il me prend dans ses bras et il me dit "Merci pour tout ce que tu fais pour nous"».

« J’ai complétement craqué. Je ne suis sur aucune photo et je n’ai pas fait le tour d’honneur, car je me suis réfugié dans les vestiaires. J’étais submergé par l’émotion et je n’arrêtais pas de pleurer. Il était impossible de me reprendre. C’est Raï qui est venu me voir. Il me prend dans ses bras et il me dit "Merci pour tout ce que tu fais pour nous" ».

Francis Borelli, l’ancien Christian Perez, la chanteuse Julie Pietri lors de la présentation de véhicule du PSG piloté par Guy Adam lors de Paris-Dakar 1989. • Photo : collection privée Guy Adam.

La coupe d’Europe est aussi le théâtre de son pire cauchemar avec le rocambolesque épisode contre le Steaua Bucarest. En raison d’un fax égaré, le PSG aligne Laurent Fournier, pourtant suspendu, lors d’un match de Ligue des champions. Vainqueurs sur le terrain, les Parisiens sont déclarés forfait (défaite 3-0) contre les Roumains. Si sportivement l’histoire se termine bien puisque les joueurs de Ricardo s’imposent 5-0 au retour, l’évènement a marqué Guy Adam.

« J’ai tout pris dans la gueule »

« J’ai tout pris dans la gueule, se souvient-il. Ça touchait toute ma famille. On m’a dit que le fax était tombé derrière la photocopieuse. J’en veux aujourd’hui à ceux qui se sont planqués derrière cette photocopieuse. Michel Denisot et Charles Bietry ont été extraordinaires, ils m’ont défendu, mais j’ai été mis sur la touche jusqu’à la fin de saison. La saison suivante, Charles Biétry devenu Président, m’a rendu la totalité de mes fonctions, en me disant : "Je répare simplement une injustice." »

Guy Adam (à droite), avec l'effectif parisien de la saison 1990-91. • Photo : collection privée Guy Adam.
Artur Jorge (à gauche) et Guy Adam (au centre) ont partagé quatre saisons sur le banc du Paris Saint-Germain. • Photo : collection privée Guy Adam.

Presque 30 ans plus tard, la blessure n’est pas totalement refermée à son évocation, l’uzétien à la gorge qui se noue. À partir de là, rien ne sera plus tout à fait comme avant et en 2002, l’histoire se termine douloureusement. Avec Luis Fernandez, alors entraîneur, le courant ne passe plus. « J’ai appris dans la presse que j’étais viré. Il a démenti et j’ai commis l’erreur de le croire. Ça a été l’enfer. Il contestait tout ».

«  J’ai passé deux ans sous prozac »

La fin de cette aventure de trois décennies fait beaucoup de dégâts. « J’ai été jeté comme un malpropre. J’ai passé deux ans sous prozac, ma femme a eu de gros ennuis de santé et le médecin m’a fait comprendre qu’il fallait quitter Paris. J’étais très mal et j’ai mis deux ans à m’en remettre ». 

Guy Adam se replonge dans ses souvenirs parisiens. • Photo : Norman Jardin.

Pour tourner la page, Guy Adam pose ses valises à Uzès sur les conseils de son ami Gérard Banide. Installé maintenant dans le Gard, l’ancien dirigeant parisien a ponctuellement œuvré à Libourne St Seurin, à l’AC Arles-Avignon et l’Entente Sportive d’Uzès Pont-du-Gard. C’est désormais au sein du Kiwanis d’Uzès qu'il consacre son énergie.

« Le seul qui m’a invité, c'est Leonardo »

Quand il regarde en arrière, Guy Adam se souvient qu’il est à l’origine du maillot blanc qui reprend la silhouette de la Tour Eiffel (réutilisé pour cette saison 2024-25) « On est invaincu cette saison avec ce maillot » ou encore du logo parisien où figure le Parc des Princes.

Guy Adam mettra ce soir le maillot dont il est à l'origine. • Photo : Norman Jardin.

Puis, il y a ce Paris-Dakar 1989 auquel il participe avec une Mitsubishi estampillée Paris Saint-Germain. Des façons bien concrètes de marquer l’histoire du club dans les mémoires. « Je ne suis retourné que trois fois au Parc des Princes. Deux fois pour représenter Libourne Saint-Seurin lors du tirage au sort de la Coupe de France. Le seul qui m’a invité, c'est Leonardo ». Malgré les douleurs et les mauvais souvenirs, Guy Adam dit toujours « on » quand il parle du PSG. Ce soir, il mettra sa fameuse tunique Tour Eiffel, et il débouchera le champagne si son club est champion d’Europe. L’amour du maillot est plus fort que tout. C’est peut-être pour cela que Paris est magique.

Norman Jardin

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