Publié il y a 8 mois - Mise à jour le 03.02.2024 - Propos recueillis par Louis Valat - 5 min  - vu 1142 fois

L'INTERVIEW SPORT Arnaud Grosselin, préparateur physique de l'OAC : "Pour se maintenir, il faut être prêt physiquement et nous le sommes"

Arnaud Grosselin, responsable des performances physiques de la formation alésienne, revient sur ses méthodes de travail, ses points de satisfaction et de déception lors de cette saison, et donne enfin son point de vue sur son avenir à l'OAC.

Objectif Gard : Quel bilan tirez-vous de la première partie de saison ? 

Arnaud Grosselin : Le bilan n'est pas forcément positif, car quoi qu'il arrive, c'est le classement général qui parle à la fin et il n'est pas positif. Certains diront que nous avons eu beaucoup de pépins, mais il n'y en a pas eu énormément au final. Nous les avons eus surtout sur des joueurs qui n'avaient pas l'habitude de notre programme parce que nous avons un style d'entraînement particulier, qui ressemble à peu de clubs. 

En quoi consiste ce style d'entraînement particulier ?

On s'entraîne beaucoup. Les séances du mardi et du mercredi durent, au minimum, une heure quanrante-cinq, deux heures, voire deux heures et quart le mercredi. Quand les joueurs arrivent ici, ils ne connaissent pas ce rythme de travail. Sans dévoiler trop de secrets, on sait que le mardi on est sur minimum soixante minutes effectives, avec du jeu, et le mercredi on se rapproche des quatre-vingt dix minutes effectives. Et quand on parle avec des joueurs, des recrues, ils nous disent qu'ils ont l'habitude de faire moins. C'est la grosse différence athlétique de cette équipe-là. 

Arnaud Grosselin
Arnaud Grosselin est arrivé en Cévennes il y a un an et demi.  • Photo Corentin Migoule

Aujourd’hui, comment évaluez-vous l’état global du groupe ?

Bien ! On a 100 % de l'effectif qui est disponible, à part Jeff (Assoumin, NDLR). Pour un début de mois de février, c'est important. Les mecs sont en forme. Physiquement, on est là, nous l'avons vu contre Grasse lors du dernier match. Nous allons entrer dans notre période forte, celle où nous allons devoir gagner des points. Et pour se maintenir en N2, il faut être prêt physiquement, et nous le sommes. 

Vous affrontez les trois premiers du classement successivement, comment gérez-vous à la fois la fatigue physique des joueurs et leur nervosité liée au fait de devoir performer à tout prix ?

L'avantage est que l'on joue moins qu'en début de saison, nous avons des semaines avec des trous. Au-delà de l'aspect physique où l'on sait que les joueurs sont prêts, c'est davantage l'aspect mental qui peut être dur. Pour cela, on coupe davantage les semaines où on ne joue pas pour qu'ils récupèrent mentalement. C'est difficile de retourner au combat chaque semaine, de ne pas avoir de résultats, d'être si proche de la victoire et si loin comptablement... C'est important pour eux de se vider la tête. 

À quel point la performance physique des joueurs sera la clé pour se maintenir dans un championnat comme la N2 ?

Les trois prochains mois seront déterminants, avec des matchs qui se joueront principalement sur les vingt à trente dernières minutes du coup de sifflet final. Les premières périodes seront très disputées, et c'est en cela que les qualités athlétiques de chaque équipe feront la différence. Si on est moins fatigué athlétiquement, on sera plus lucide aussi pour les choix techniques et tactiques. 

Arnaud Grosselin
Arnaud Grosselin échauffe ses troupes avant le combat face au Paris FC.  • Photo RV Pixl

Quel est le rôle et l'importance des joueurs cadres comme Djabou et Dabo, pour un préparateur physique ?

On dit toujours qu'il doit y avoir des joueurs entraînants et les joueurs cadres se doivent d'être des joueurs entraînants, ils sont très importants. Ce sont eux qui amènent la dynamique de groupe positive et sur le plan athlétique encore plus. 

Le but est d'avoir tous ses joueurs au top, au même moment, ce que l'on a essayé d'avoir en première partie de saison, mais nous ne l'avions pas. Maintenant, on est très proches de cet objectif-là. 

Arnaud Grosselin


Y a-t-il un joueur qui a particulièrement progressé sur le plan physique depuis le début de la saison ?

Il y a beaucoup de mecs qui font du travail individuel. Tom Husson, sur le plan athlétique, a fait de vrais efforts, il a vraiment progressé. Il s'envoie des sessions en plus. Lui qui venait d'un niveau inférieur, qui n'a jamais connu la N2, sur un point de vue puissance, il a vraiment pris du gain. 

Jérémy Iafrate, blessé depuis novembre et que l'on ne pensait ne pas revoir cette saison, fait ce week-end son grand retour sur les terrains. Comment avez-vous travaillé avec lui pour ce retour ?

Jérémy, c'est un peu spécial parce qu'il s'est fait opéré du ménisque à deux reprises il y a quatre ans, alors il y avait forcément des rechutes que l'on ne peut pas programmer, difficiles à prévoir. On a pris le temps qu'il fallait, nous avions fixé le 15 janvier pour sa date de retour. Il va prendre du temps de jeu en réserve ce week-end, lors du match amical de la semaine prochaine aussi et on aura la vérité de son retour et de l'efficacité de nos plans à la fin de ce match de préparation. 

Arnaud Grosselin OAC
Arnaud Grosselin a fait ses classes à Andrézieux (N2) et Avranches (N1). • Photo OAC

L'infirmerie est pratiquement vide. En novembre, elle était pleine. Est-ce réjouissant pour un préparateur physique de voir le travail accompli pour en arriver à n’avoir qu'un seul joueur à l’infirmerie ?

En première partie de saison il y a eu beaucoup de blessures. On peut remettre la faute sur moi, bien que c'est réducteur de mettre les blessés sur le compte du préparateur physique parce qu'il y a plein de paramètres qui font qu'il y a des blessés, comme le facteur psychologique, le nombre de minutes jouées la saison passée. Mais le lien entre blessure et prépa physique est proche et il est logique. Néanmoins, avoir aujourd'hui tout le monde à l'entraînement, effectuer des séances à vingt joueurs, c'est beaucoup plus facile. Tout le monde est concerné. 

Il manque quoi à cette équipe d'Alès pour être à la place qu'elle mérite ?  

Il faut trouver un équilibre entre notre ratio offensif et défensif. Si on avait converti 30 % de nos occasions, on serait dans les six premiers, idem défensivement. Notre ratio offensif est trop faible, le défensif est trop haut. Mais en fin de la saison, le classement ment rarement, on mérite toujours notre place. 

Arnaud Grosselin
Arnaud Grosselin a dû s'adapter aux nouvelles méthodes d'Hakim Malek. • Photo Corentin Migoule

Comment travaillez-vous avec Hakim Malek ?

L'avantage, c'est que l'on se connaît de la saison dernière où il avait repris l'équipe et grâce à son arrivée, l'équipe s'est sauvée. Au début, il me laissait moins de place et c'est logique, il y avait tout à organiser pour l'opération maintien. Mais cette année, il me laisse beaucoup plus de place, de choix. On travaille en totale collaboration et il peut me laisser des séances entières si je veux travailler des aspects spécifiques athlétiquement. 

Je suis sous contrat, il me reste, quoi qu'il arrive, un an et demi ici. Mais je ne pense pas à la saison prochaine, si on ne se maintient pas, je mériterai d'aller nulle part et de rester nulle part parce que le maintien, ce sont les joueurs, mais aussi le staff. 

Arnaud Grosselin

Ferez-vous toujours partie du staff la saison prochaine ? 

Je suis sous contrat. Il me reste, quoi qu'il arrive, un an et demi ici. Mais je ne pense pas à la saison prochaine. Si on ne se maintient pas, je mériterai d'aller nulle part et de rester nulle part parce que le maintien, ce sont les joueurs, mais aussi le staff. La priorité, c'est maintenir le club, maintenir la ville. Nous avons une ville de foot, le club ne peut pas se permettre de descendre alors je ne vais pas parler de mon cas personnel. 

La ville respire foot, les gens aiment le foot et aiment le club.

Arnaud Grosselin

Quel est votre attachement à Alès et au club ? 
Je suis arrivé il y a un an et demi, je ne connaissais pas du tout la ville, c'est une vraie ville de foot. J'ai fait une trentaine de stades de N1, une cinquantaine de N2 et il y a très peu de villes et de clubs qui peuvent jouir de supporters comme à Alès, qui les suivent partout. C'est impressionnant. Quand je les vois se déplacer à cinquante à Martigues, quarante prévus à Aubagne ce soir, pour un club de N2 c'est très beau. La ville respire le foot, les gens aiment le foot et aiment le club.

Propos recueillis par Louis Valat

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