Publié il y a 3 h - Mise à jour le 17.05.2025 - Propos recueillis par Stéphanie Marin - 3 min  - vu 180 fois

L'INTERVIEW SPORT Bouali Skikem, champion du monde de MMA : "Quand j'ai senti que je saignais, j'ai découvert un autre moi"

Bouali Skikem, 27 ans, champion du monde de MMA (-70kg).

- S.Ma

Le 12 avril dernier, Bouali Skikem, membre du club Action-Défense / Bushido Académie Beaucaire​​​​,​​​ a décroché par KO technique, la ceinture mondiale dans la catégorie des moins de 70kg lors du Spartan Fighting Championship organisé à Marseille. Le Beaucairois, âgé de 27 ans, revient sur son parcours et ses objectifs. 

ObjectifGard : Comment avez-vous commencé le MMA ?

Bouali Skikem : J'avais 16 ans quand j'ai commencé. Je pratique des sports de combat depuis mes 4 ans : le karaté, le full-contact, la boxe anglaise, le kick-boxing. J'ai découvert le MMA grâce à un ami. Je ne savais pas vraiment ce que c'était. Et puis, j'ai franchi la porte de la salle et je n'en suis plus reparti. À cette époque, on s'entraînait dans une salle de cours de l'École nationale. Aujourd'hui, la Bushido Académie Beaucaire​​ a sa propre salle, sur la route de Bellegarde.

Qu'est-ce qui vous a plu dans ce sport ?

Ça m'a permis de me canaliser. Le fait de se prendre des coups amène à réfléchir avant d'en donner et non pas d'en donner avant de réfléchir. Ça m'a beaucoup aidé dans ma vie, j'étais très hyperactif, et cela, dès petit, très bagarreur (rires). Le MMA m'a permis de me recentrer sur moi-même, de m'apaiser. Ce que je suis aujourd'hui, je le dois au MMA. Il faut toujours se remettre en question. Quand j'ai reçu mon premier coup, la première chose à laquelle j'ai pensé, c'est que j'aurais dû lever ma garde.

Vous n'avez pas pensé à la douleur ?

On a grandi avec la douleur. J'ai grandi dans un petit quartier, comme tout le monde, on a connu des galères, on s'est déjà pris des coups, on sait comment les encaisser.

Ce n'est pas un sport de loisirs pour vous...

Quand je m'engage dans un sport, et c'est comme ça aussi dans ma vie professionnelle, il y a toujours un but, l'envie d'aller le plus loin possible. En grandissant, j'ai commencé les combats amateurs. Enfin, j'ai pu m'exprimer devant un public et montrer à mon entraîneur (Laurent Colombeau, NDLR) que j'étais capable d'aller plus loin. J'ai été champion du monde dans la catégorie des moins de 80 kg, de là j'ai pu passer professionnel en moins de 70 kg.

La ceinture mondiale décrochée par Bouali Skikem. • DR/

Vous devez avoir une hygiène de vie bien particulière, non ?

En préparation de combat, je perds presque 10 kg, c'est ce qu'on appelle le processus de cutting. C'est l'entraînement qui permet de rendre votre corps plus endurant et performant. Je m'entraîne trois fois par semaine à Beaucaire, s'ajoutent des séances de musculation et des entraînements dans d'autres salles, à Nîmes, à Avignon... Il m'arrive parfois de faire deux entraînements par jour. Il y a une part de sacrifices. À chaque période de préparation de combat - ça dure entre un mois et un mois et demi - je m'isole d'une part parce que ça me permet de rester concentré, mais aussi parce que toute la tristesse que je peux ressentir à ce moment-là devient une force lorsque je rentre dans la cage.

On ne se connaît pas, mais vous semblez être une personne plutôt réservée. Or, le MMA, c'est un combat, mais c'est aussi du show.

C'est une autre personne qui rentre dans la cage, nous ne sommes pas nous-mêmes. Et heureusement que nous ne sommes pas comme ça dans la vraie vie. Une boule de nerfs, ce n'est pas bien. (Rires) Quand on rentre dans la cage, l'adrénaline monte et on en a besoin pour se surpasser pendant les 15 minutes de combat. Et en découvrant cette facette, on apprend aussi à mieux se connaître.

Vous avez remporté le titre de champion du monde du Spartan Fighting Championship à Marseille, le 12 avril dernier. Et cela dans des conditions particulières puisqu'il y a eu un changement de combattant au dernier moment.

Oui, j'ai accepté un combat avec un adversaire plus lourd et plus expérimenté (le Brésilien Assis Soldado Silva, NDLR). On s'entraîne tous les jours, le mental est prêt, le corps est prêt. Il y a certes quelques ajustements à faire par rapport au style du combattant en face, mais il n'y a pas un gros changement. Le but reste le même : la victoire. C'était l'adversaire le plus difficile. En dix combats, c'est la première personne qui a pu me toucher en boxe et m'ouvrir, au niveau de la pommette gauche, avec une seule droite. J'ai été sonné pendant 2 ou 3 secondes et puis j'ai eu le réflexe de le ceinturer et de l'amener au sol. Quand j'ai senti que je saignais, j'ai découvert un autre moi. Ça a touché mon ego, je ne l'ai pas lâché. Avant la fin du premier round, l'arbitre m'a déclaré vainqueur par KO technique. Et là, ça a été l'explosion de joie, la récompense après tous ces efforts.

Quelle est la suite ?

Mon prochain combat pour une autre ceinture mondiale aura lieu le 5 juillet au Pontet lors de l'Ultimate Bushido Championship. Et puis, je vais continuer à gravir les paliers en essayant d'aller le plus loin possible, pourquoi pas jusqu'à l'Ultimate Fighting Championship.

Propos recueillis par Stéphanie Marin

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