Publié il y a 7 mois - Mise à jour le 12.05.2024 - Louis Valat - 7 min  - vu 2221 fois

FAIT DU JOUR OAC : Itinéraire d'une saison noire

Franco, après avoir appris la relégation de son équipe...

- Photo Louis Valat

La menace pesait sur Alès depuis plusieurs semaines. Ce samedi soir, la victoire à domicile de Fréjus-Saint Raphaël face à Chamalières a scellé le sort de l'Olympique Alès en Cévennes, après seulement deux saisons passées en National 2. Pourtant, l'OAC venait de signer sa quatrième victoire consécutive face à Toulouse mais elle évoluera bel et bien en N3.

Il est 19h43 ce samedi 11 mai 2024, la ville est en fête depuis trois jours pour sa feria annuelle. Hors, un coup de massue vient de s'abattre sur Pibarot. Alors que les Bleu et Blanc auraient pu célébrer leur quatrième victoire consécutive sur leur pelouse pour le dernier match à domicile, l'arbitre de la rencontre siffle la fin du match et Lucas Franco s'effondre. Les joueurs, bien que victorieux, ont appris la nouvelle avec consternation : ils sont relégués en National 3. Une annonce qui, en réalité, n'a rien de surprenant.

Des ambitions clamées

En juin dernier, le 3, au terme d’un dernier succès (4-3) face à La Duchère scellant le maintien en National 2, le président du club, Didier Bilange, réaffirmait les ambitions du club s’inscrivant dans la poursuite du projet Cap 2024 par l’intermédiaire d’un budget légèrement revu à la hausse (1,8 M€) et d’un objectif : "Jouer la tête du championnat dès la saison prochaine." Durant été, l'effectif a été profondément remanié. Une dizaine de joueurs ont quitté le groupe : Zogba, Houelche, Bentahar, Bonneau, J. Balmy, Dengerma, Bertelli, Ritas, Knibbe, Fofana. En contrepartie, N.Diaby, Husson, Héréson, Nadifi, Benariès, Yalaoui et Baana-Jaba ont rejoint les Cévennes. L'objectif est clairement affiché. Pourtant, et c'est une rareté pour être souligné, l'OAC ne part pas en stage de pré-saison, le début de, déjà, quelques doutes sur la suite.

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Cette saison, pas de stage de préparation. • Sacha Virga

Armé pour jouer les premiers rôles ?

Très vite se dessine un groupe avec des individualités évidentes, des joueurs talentueux. Les voyants semblent au vert. Encore faut-il que collectivement, ces individualités fassent "mouche". Après un début de saison mitigé, avec un match nul à domicile contre Bourgoin-Jallieu dans des conditions météorologiques plus que discutable, l'équipe a alterné entre des victoires convaincantes à domicile (3-1 contre Aubagne, 2-1 contre Le Puy Foot 43) et des désillusions à l'extérieur, subissant de lourdes défaites sur la pelouse de Grasse (4-0) puis, surtout, de Cannes (8-1). Malgré des performances remarquables en Coupe de France en fin d'année civile, avec des succès contre Sumène, Rousson, Beaucaire, Rosador, et un exploit au 8e tour à l'extérieur contre Martigues, une des têtes d'affiche du National, la réalité de la National 2 fut bien moins reluisante. L'OAC perdait peu à peu le contrôle de son destin.

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L'une des plus belles images de la saison, la joie des Oaciens à Martigues après leur exploit.  • Photo Louis Valat

D'abord attribuable à une infirmerie pleine, une défense fragile et des ajustements difficiles avec de nouveaux joueurs, les problématiques se sont ensuite déplacées vers une attaque dépourvue d'inspiration, inefficace. La victoire, décrochée à Hyères le 7 octobre, demeurera pendant (trop) longtemps la seule en championnat jusqu'à un certain mois d'avril 2024. Les supporters ont continué à se déplacer en grand nombre, un fait assez rare à ce niveau par ailleurs. Mais le départ d'Abdoulaye Diaby en particulier, survenu pendant l'hiver, semble avoir causé beaucoup de tort à l'équipe d'Hakim Malek. Joris Correa, Franck Betra et Tom Duponchelle arrivent pour combler certains départs dont celui de Diaby justement, mais aussi celui de Chevreuil et Héréson, au mercato hivernal.

Le début des complications

Décisions arbitrales parfois contestables, faits de jeu marquants et série de pénaltys manqué... la chance ne semblait pas être du côté des Oaciens après les fêtes de fin d'année. Pourtant, les performances semblaient solides et appliquées, l'état d'esprit au rendez-vous. Sur le terrain, des joueurs tels que Lucas Franco, Yann Djabou, Daysam Ben Nasr, Jérémy Balmy ou le jeune Gianni Baptiste ont souvent tenté de montrer la voie par leur jeu vers l'avant et leurs bonnes intentions. En vain. Les matchs se suivent, se ressemblent.

L'OAC s'enlise dans une série de matchs nuls face à des adversaires tels que Toulouse, Grasse et Cannes, accompagnés de défaites souvent amères. Notamment, celle chez le leader Aubagne en février dernier (1-0) laisse un goût d'inachevé, tandis qu'un match nul, voire une victoire, aurait été mérité. La confiance des joueurs de l'OAC s'érode peu à peu, malgré les efforts répétés en interne pour redresser la barre. Même si l'équipe est presque au complet et affiche une meilleure performance à l'entraînement, les défaites à l'extérieur, d'abord contre Le Puy puis Evian, éteignent les lueurs d'espoir. Nadifi, Duponchelle, Balmy... la tension se ressent et les suspensions s'enchaînent, témoignant d'une frustration grandissante.

Des victoires et de l'espoir

Contre toute attente et malgré les rumeurs incessantes sur un possible départ de l'entraîneur Hakim Malek après la défaite à domicile contre Hyères (0-3), ainsi que des tensions internes, Alès se prépare à défendre son honneur. Une semaine après avoir subi une cinquième défaite consécutive face à Jura Sud le 6 avril dernier, l'OAC se retrouve dans la position délicate où un match nul ou une défaite contre Toulon scellerait son sort en National 2. Mais c'est dans l'adversité que l'orgueil se révèle : le club cévenol parvient à décrocher sa première victoire de l'année civile 2024 (0-1), et sa première en championnat depuis le 7 octobre, soit une période de six mois sans succès. Sans le savoir, l'OAC vient alors de "lancer sa saison", tristement à cinq journées de la fin du championnat. La semaine d'après, les coéquipiers de Yann Djabou, alors exemplaire, confirme sa victoire à domicile cette fois, sur le score, là aussi, de 1-0, par le biais de Wilfried Baana-Jaba. Comme un symbole.

Certains supporters adoptent une attitude fataliste, considérant la descente comme inévitable, tandis que d'autres continuent d'examiner toutes les possibilités, scrutant les points de chaque équipe, une calculatrice à la main. La fameuse DNCG, au centre de toutes les discussions : "Et si nous étions repêchés ?". Par ailleurs, la saison mouvementée de l'OAC ne se limite pas seulement au terrain, mais elle laisse également des marques dans les tribunes, avec une division parmi les supporters eux-mêmes. Entre désaccords, "noyau dur" et départs, les tribunes se dispersent et une scission se créée. 

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Les supporters de l'OAC. • Photo Sacha Virga

En attendant, l'OAC continue sur sa lancée, enregistrant une série de performances impressionnantes. Sur le terrain, des joueurs se distinguent comme de véritables guerriers et leaders, il faut bien le dire. Djabou, particulièrement inspiré, semble sur un nuage, montre la voie, tandis que la défense montre un niveau de solidité rarement observé jusqu'alors. L'équipe semble avoir trouvé son équilibre, avec des compositions peu modifiées d'un match à l'autre, et cela porte ses fruits. Lors d'un match capital contre Chamalières, concurrent direct pour le maintien, le capitaine mène l'équipe en ouvrant le score à la 33e minute, suivi par un but de N'Famara Diaby, à la 76e) qui scelle la victoire 2 à 0 sous les ordres de Christophe Bosne-Vialet (Hakim Malek étant suspendu jusqu'à la fin de la saison). Une fois de plus, l'OAC sauve sa peau, mais l'équipe est désormais de plus en plus dépendante des résultats de ses adversaires directs pour le maintien.

La sentence

Dans l'ambiance festive de la feria de l'Ascension, après une semaine de célébration, l'OAC se prépare à accueillir la réserve de Toulouse pour son dernier match à domicile de la saison. Le capitaine Djabou affiche de la confiance, convaincu que son équipe sortira victorieuse. Dans une déclaration dans les colonnes d'Objectif Gard au matin du match (relire ici), il exprime cette assurance : "Nous sommes calmes parce que nous avons un pied en N3, il faut l'assumer." Pour la première fois, l'idée de la National 3 est évoquée ouvertement, signe que l'équipe commence à envisager sérieusement son avenir au-delà de la saison en cours. Et la soirée qui va suivre ne fera que confirmer les mots de ce joueur expérimenté.

Au bout de la quatrième minute de jeu, c'est la douche froide. Toulouse ouvre le score. Les joueurs ont fait face à cette situation à maintes reprises cette saison, et savent comment revenir à la marque. En témoigne leur réaction rapide : seulement quatre minutes plus tard, Balmy convertit brillamment un penalty obtenu par Franco, ramenant ainsi le score à égalité (1-1). C'est un signe de la détermination et de la résilience de l'équipe en cette fin de saison, qui refuse manifestement tant bien que mal de céder sous la pression. Et n'ont pas tort. Dans le même temps, Chamalières mène au score sur Fréjus-Saint Raphaël, soit l'équipe à rejoindre au classement (9e) pour tenter de se maintenir. Une victoire de l'OAC et une défaite de la formation varoise les ramenerait à deux points.

Le match de ce samedi 11 mai, entre l'OAC et la réserve du TFC. À l'image, Ben Nasr dans ses oeuvres.  • Photo Louis Valat

Juste avant de rejoindre les vestiaires, l'Olympique Alès en Cévennes, grâce à Baana-Jaba, qui s'est révélé efficace en cette fin de saison, parvient à faire le break (2-1). À la mi-temps, les joueurs sont au courant des résultats des autres matchs. Il y a de bonnes nouvelles : Fréjus est en train de perdre. Cependant, certains joueurs ne se bercent pas d'illusions. Malgré le score favorable à Pibarot, le destin de l'OAC semble désormais scellé. Dans le Var, Fréjus l'a finalement emporté par une victoire écrasante : 4 à 1. Ainsi, même s'il reste un dernier match à jouer contre Bourgoin-Jallieu le 18 mai prochain, il est désormais clair que l'OAC ne pourra pas atteindre la neuvième place. Néanmoins, l'entraîneur Hakim Malek reste déterminé et exprime son désir "d'aller chercher la dixième place", pour ensuite "voir ce qu'il se passe avec les comptes de la DNCG". Le match contre Bourgoin-Jallieu peut revêtir une certaine importance, car en cas de repêchage, même si les chances semblent minces étant donné qu'il s'agit des meilleurs dixièmes, il reste une lueur d'espoir. Mais pour cela, il faudra attendre le mois de juin et surtout se détacher d'Evian-Thonon, à égalité de points avec l'OAC mais avec l'avantage du goal average.

Franco, après avoir appris la relégation de son équipe... • Photo Louis Valat

Et après ?

L'objectif majeur du club sera de réintégrer rapidement le National 2, en accord avec les ambitions établies par la présidence il y a un an et demi, initialement axées sur une promotion en National pour la saison 2024-2025 (article à lire en cliquant ici). La DNCG pourrait également faire des "dégâts" pour certaines équipes et potentiellement relancer les espoirs alésiens durant l'été mais cela relève pratiquement de l'utopie. Les prochaines semaines soulèveront des interrogations essentielles, à savoir quels joueurs seront retenus, lesquels partiront, quel membre de la direction s'en ira, lequel restera et quels moyens seront déployés et lesquels réajustés ? Le chantier est lancé, même si les fondations viennent fraîchement de s'effondrer...

Louis Valat

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