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Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 26.02.2021 - anthony-maurin - 4 min  - vu 6870 fois

FAIT DU SOIR Les petits jeunes du Grau-du-Roi tiennent bon la barre

Mathieu Chapel et Giovanni Garini, pêcheurs et heureux de l'être (Photo Anthony Maurin). - Anthony MAURIN

Les équipes du restaurant le Duende à Nîmes, Nicolas Fontaine, le chef, et les pêcheurs discutent de la qualité des produits directement au "cul" du bateau (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Giovanni Garini et Mathieu Chapel, sans oublier Jef et les autres, sont l’âme de Côté Fish. Une pêche durable, raisonnée et artisanale qui garantit fraîcheur et qualité.

C’est au Grau-du-Roi, dans la baie poissonneuse, que nos deux marins partent en quête des meilleures espèces pour régaler les meilleurs palais. Marin-pêcheur en Méditerranée n’est pas de tout repos et ce métier passion prend aux tripes, même quand on a les pieds sur Terre.

Pour Giovanni Garini, qui sévit sur son métier de pêche nommé Chocolat : « On a tout à apprendre, on ne sait rien et on repart de zéro ! L’autre fois, j’ai raté des poissons qui étaient à côté d’un rocher. J’avais calé les filets de chaque côté mais j’ai raté les poissons. »

Les pêcheurs travaillent sur des fonds peu profonds, disons entre sept et vingt mètres. De Cerbères à Marseille, les eaux sont différentes et la zone de pêche est variée selon les saisons et les autorisations. Parfois, quelques beautés sont relevées dans les filets. Des poissons d’exception qu’il faut savoir vendre aux bons clients.

« Ils respectent la saisonnalité et c’est une démarche importante. Ils ont l’habitude de servir ce genre de restaurants et on discute toujours pour affiner nos relations, explique le chef étoilé de Nîmes. Nous sommes allés les voir encore il y a quelques jours, au Grau et sur leur bateau, pour parler de l’avenir. Ce sont des gens vrais, des jeunes qui aiment leur territoire et qui le font vivre de la plus belle manière. C’est dur de comprendre qu’on trouve plus de poissons du Grau-du-Roi à Rungis et sur les tables parisiennes qu’à Nîmes ! » Et pour cause, une dizaine d’étoilés sont clients, mais seuls trois restaurateurs graulens prennent leur poisson chez Giovanni et Mathieu.

Les produits de la pêche... Une merveille ! (Photo Anthony Maurin).

Une pêche locale, artisanale et qui use des circuits courts, quand elle le peut, pour se développer. L’image de la jeunesse des pêcheurs, leur gouaille et leur passion font de Côté Fish un acteur incontournable du milieu. Trouver sa place et son rythme sont donc devenus essentiels.

À peine à quai, le chalutier de petite pêche de la famille Garini accueille le chef du Duende pour qu'il se rende compte de la fraîcheur des produits pêchés (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Sur le quai, regardant son petit-fils avec des yeux de merlan amoureusement frit, Rolande, la mamie de Giovanni, est venue aux nouvelles : « Mon fils Denis, le papa de Giovanni, vient de partir avec le bateau alors je m’inquiète, comme à chaque fois. Heureusement, Giovanni, est là ! » Quand on mange notre poisson, n’oublions jamais que des gens ont sué pour le pêcher et que d’autres se sont inquiétés pour eux… En plus, pas de chance ce jour-là, Denis sera obligé de rentrer prématurément à quai à cause d’une panne mécanique.

Du poisson extra frais et de qualité, sans intermédiaire pour être en direct avec les pêcheurs. Côté Fish a tout compris car vous pouvez vous faire livrer à la maison ! Et au passage, ils font aussi dans le coquillage.

Dans la cabine, pour une visite complète (Photo Anthony Maurin).

« Je suis la troisième génération de pêcheurs, Mathieu est le premier et l’unique, retrace Giovanni. Quand je suis sur le bateau, je suis l’armateur mais aussi le mécano, le capitaine, le pêcheur… Mon père est redevenu matelot et il se régale !  »

Le nouveau bateau de Giovanni avec son père Denis à la barre (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Les deux lascars suivent aussi la saisonnalité des poissons depuis le lancement de Côté Fish en 2017. Pêcher c’est connaître le cycle de reproduction, respecter les zones qui abritent ces poissons… « Nous ne rigolons jamais avec nos produits car nous ne voulons pas nous décevoir et décevoir nos clients. Nous fournissons le Duende et en partie la brasserie. J’adore aller les livrer car nous sommes toujours bien reçus, mais j’aime aussi beaucoup aller y manger ! Ça me permet de voir la finalité de mes poissons. Je me laisse guider et ça explose toujours, il y a neuf ans, jamais je n’aurais pensé qu’on en serait là, nous, les petits jeunes du Grau ! »

Quelques délices... (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Avec eux, pas de congélation, des envois « sous-vide » pour une meilleure approche de la qualité gustative de la pêche. Ils travaillent aussi avec des chalutiers de petite pêche appartenant à d’autres marins du Grau. Hélas, la situation sanitaire est venue désorganiser les plans, enrayer la machine, mettre du sable dans les rouages. « La période est difficile car nos clients professionnels représentaient 70 % de notre chiffre d’affaires et ils sont fermés depuis des mois… Pendant le premier confinement les gens se sont rués sur le site Internet. On a nourri beaucoup d’amateurs de poisson. Nous avons beaucoup de casquettes, aujourd'hui nous sommes plus que de simples pêcheurs mais nous ne nous sommes pas éparpillés et maintenant nous savons pêcher, nous conditionnons nos produits pour les grandes maisons car nous savons ce qu’elles attendent de nous. La première année était catastrophique, la deuxième un peu moins. La troisième année, on a tout explosé et puis est arrivée la covid mais nous pouvons vite être à plein régime. »

Le petit métier de Giovanni, "Le Chocolat" vient d'arriver au Grau (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Malgré tous ces ennuis économiques et stratégiques, la société qui nageait dans le bonheur il y a encore quelques mois n’est pas amère. Au contraire, ce genre de rude période ne fait pas peur à Giovanni et Mathieu. Inquiétante, bien sûr, mais pas effrayante. La mer et leur quotidien font relativiser les pêcheurs. « Je me lève tous les matins avec la chance d’avoir la santé, de tester des espèces, d’en savoir plus sur l’histoire de la baie et sur les coins à poissons, d’être crédible quand je pêche… J’espère que les restaurants vont bientôt rouvrir et que nous puissions rapidement travailler avec d’autres établissements comme l’Impé à Nîmes ou la Mirande à Avignon ! » Où retrouver un poisson made in Côté Fish au Grau ? « Trois établissements, Oh frère de la côte, le Palangre et le Comptoir des voiles. C’est tout ! »

Pour découvrir le site Internet, c'est par ici, www.cotefish.com pour commander en ligne c'est par là. Sinon, Côté Fish c'est aussi au centre commercial Les floralies II, Avenue de Camargue 30240 le Grau-du-roi. Tel : 04.66.71.99.50 ou par mail à contact@cotefish.com.

L'arrivée du bateau après 17 heures de sortie en mer (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Anthony Maurin

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