BAGNOLS/CÈZE Stéphanie Salpin : "Le handicap est une gêne, pas une maladie"
Stéphanie Salpin a 46 ans et ce jeudi 16 septembre, c'est la première fois qu'elle est allée manifester. Elle s'est rendue à Montpellier pour défendre les droits des personnes handicapées et notamment pour prôner la déconjugalisation de l'AAH (allocation adulte handicapé). Quelques mois auparavant, elle a déjà écrit un courrier au président de la République pour dénoncer les difficultés qu'elle et d'autres subissent.
Cela fait 18 ans que Stéphanie Salpin et son mari ont emménagé dans leur maison à Bagnols/Cèze. Là où leurs deux filles, maintenant en études supérieures, ont grandi. "Je suis très heureuse, la seule chose qu'il me manque aujourd'hui, c'est un travail", déclare la Bagnolaise.
Jusqu'à présent, elle avait bénéficié de l'AAH et touchait donc 580€ par mois. Mais au 1er janvier, plus rien : "J'ai appelé la CAF pensant qu'ils avaient oublié de mettre à jour mon dossier. On m'a répondu en fait : "Désolée Madame, nous ne vous versons plus d'AAH car votre mari gagne trop"." Coup dur pour ce foyer non-imposable qui doit vivre sur le seul salaire du mari, pompier professionnel. L'arrêt brutal de cette aide s'explique par l'abaissement des plafonds au niveau national.
"Le seul moyen que je récupère mon AAH, c'est de divorcer"
"580€ en moins quand on a deux enfants en études, c'est compliqué. Et puis, le handicap coûte cher. Je ne conduis pas, il faut que je prenne les transports en commun pour avoir une vie à côté", déplore Stéphanie Salpin qui attend d'ailleurs avec impatience la remise en route du TER sur la rive droite du Rhône.
Au-delà de l'aspect financier, elle dénonce cette dépendance imposée aux personnes handicapées au crochet de leur conjoint : "Le seul moyen que je récupère mon AAH, c'est de divorcer. Mais ce n'est pas prévu (rires)". Elle en est même venue à envoyer un courrier à Emmanuel Macron pour partager ses difficultés et aussi soulever la question de la dépendance des personnes handicapées aux revenus de leur conjoint. Lettre restée sans réponse...
La pilule est d'autant plus dure à avaler pour cette femme qui se bat chaque jour pour son indépendance. Handicapée de naissance après trois arrêts cardiaques, elle est atteinte d'IMC (infirmité motrice cérébrale) et ne marche pas. Mais cela ne l'a pas empêché de faire des études jusqu'à décrocher un bac "gestion et secrétariat".
Faire un tour dans Bagnols en fauteuil roulant avec les élus...
Après des années de recherche d'emploi, elle finit par jeter l'éponge. Son handicap effraie les recruteurs : "Même si je suis en fauteuil, tout fonctionne très bien là-dedans", dit-elle en désignant sa tête. Mais aujourd'hui, Stéphanie Salpin désire retravailler : "Sans mon AAH, financièrement, c'est compliqué et même pour mon épanouissement personnel. Mes filles ont pris leur envol, mon mari travaille parfois la nuit. Parfois, je reste chez moi toute seule pendant 24h."
Maintenant, elle espère que quelqu'un lui donnera sa chance. "C'est sûr que je vais moins vite qu'une personne valide, que je ne peux pas ranger des livres tout en haut de l'étagère, que je ne peux pas porter plus de trois kilos. Mais je connais mes limites et il y a plein de choses que je peux faire comme prendre des rendez-vous, renseigner des gens, programmer des réunions, répondre au téléphone... Ça peut faire peur de prime abord. Mais le handicap est une gêne mais pas une maladie." Elle aimerait aussi proposer aux élus un tour de Bagnols en fauteuil pour sensibiliser un peu plus sur le quotidien des personnes à mobilité réduite.
Marie Meunier
Bagnols-Uzès
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