Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 07.02.2020 - elodie-boschet - 3 min  - vu 3934 fois

FAIT DU JOUR Mons : faute de médecins, les infirmières misent sur la téléconsultation

Les deux infirmières du village veulent proposer un service de téléconsultation pour pallier le manque de médecin. Photo Élodie Boschet/Objectif Gard

C’était le 15 mars 2019. Le seul et unique médecin généraliste du petit village de Mons, près d’Alès, partait sans crier gare, laissant ses patients sur le carreau. S'était ensuivie une forte mobilisation de la mairie et des habitants pour trouver un nouveau docteur. Sans succès. Aujourd’hui, les infirmières du village ont réfléchi à une solution : la téléconsultation.

Sur la route de Celas, les volets du cabinet médical sont toujours fermés. La même banderole trône là depuis des mois, rappelant que la mairie est à la recherche d’un généraliste. Mais malheureusement, ça ne se bouscule pas au portillon. « La majorité des médecins veut aujourd’hui être salariée et travailler à mi-temps », constate Gérard Banquet, le maire. « C’est un problème de santé publique qui a tendance à se généraliser dans tout le pays… », s’inquiète-t-il.

Et il n’est pas le seul à se faire du souci. Dans cette petite commune du bassin d’Alès, le millier de patients « abandonnés » suite au départ du docteur Perret éprouve des difficultés à trouver un autre médecin, les autres praticiens du territoire étant tous surchargés. Réceptacles de toutes ces inquiétudes au quotidien, deux infirmières du village ont pris les choses en main.

La téléconsultation pour favoriser l’accès aux soins

Julie Aubry-Lachainaye et Émilie Nemoz-Gaillard, infirmières depuis plus de dix ans à Mons, proposent depuis quelques temps des permanences de soin dans leur cabinet afin de permettre aux habitants d’effectuer leurs bilans sanguins. Parallèlement, elles travaillent à la création d’une Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) dont le but est de regrouper plusieurs acteurs de santé d’un territoire travaillant en coordination pour améliorer la prise en charge de la population. « Si les médecins savent que cette structure existe, ils auront peut-être davantage envie de s’installer ici », espère Julie Aubry Lachainaye.

Du projet à la réalité

Derrière cette CPTS, la téléconsultation médicale serait pratiquée. Il s’agit d’une consultation réalisée à distance par un médecin (généraliste ou spécialiste), le patient étant assisté in situ par un autre professionnel de santé, comme une infirmière par exemple. Un dispositif de plus en plus en vogue, qui présente plusieurs avantages : le maintien à domicile grâce à des téléconsultations réalisées directement chez le patient (par l’intermédiaire d’une infirmière libérale), l’accès aux soins pour les habitants du territoire avec des téléconsultations dans un lieu dédié, mais aussi une prise en charge plus rapide des patients et l’évitement du recours aux urgences. « La limite de la téléconsultation, c’est la palpation », souligne l’infirmière.

Une réunion était organisée en mairie en présence des élus pour évoquer le sujet. Photo Élodie Boschet/Objectif Gard

Comme beaucoup de projets, sa mise en place demande du temps, des compétences, et des financements. Pour convaincre les potentiels partenaires, les infirmières ont présenté leurs ambitions lors d’une réunion qui s’est tenue jeudi dernier en mairie de Mons, en présence des élus locaux, de la députée Annie Chapelier mais aussi de Claude Rols, délégué départemental de l’Agence régionale de santé (ARS).

La députée, qui est aussi infirmière-anesthésiste de profession, n’a pas caché son admiration à la fin de l’exposé de Julie Aubry-Lachainaye et Émilie Nemoz-Gaillard : « J’ai un sentiment de fierté quand je vous écoute car c’est très rare que des infirmières s’approprient ce problème. »

Annie Chapelier et Claude Rols. Photo Élodie Boschet/Objectif Gard

Moins expressif, Claude Rols a toutefois assuré que « des financements de l’ARS existent » pour accompagner ce type de projet, rappelant que « la téléconsultation n’est pas une panacée, mais un outil. » Pour que ce projet devienne réalité, les infirmières doivent se former pour devenir expertes en coordination en santé et être obligatoirement accompagnées par un médecin.

Il faut également définir la structure administrative, l’organisation et le financement de la CPTS. Enfin, des mallettes de téléconsultation permettant la connexion avec le médecin équiperont les infirmières. « On peut espérer que ce dispositif soit opérationnel dans quelques mois », précisent les deux Monsoises, animées par l’envie de lutter contre la pénurie de médecins et d’améliorer le quotidien des patients. Une initiative louable, qui contraste avec l’attitude du dernier docteur fuyard, et redonne foi en l’être humain.

Élodie Boschet

Elodie Boschet

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