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Publié il y a 11 mois - Mise à jour le 24.03.2023 - Corentin Migoule - 4 min  - vu 505 fois

ALÈS La réforme des retraites s'invite au festival Itinérances

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Les prises de parole ont été engagées ce vendredi soir lors de la cérémonie d'ouverture du festival de cinéma.

- Corentin Migoule

Ce vendredi soir, la grande salle du Cratère était le théâtre de la cérémonie d'ouverture du 41e festival de cinéma Itinérances. Un lancement marqué par des prises de parole engagées relatives à la réforme des retraites.

Le septième art est parfois politique. Ce vendredi soir, en marge de la cérémonie d'ouverture du 41e festival de cinéma Itinérances, plusieurs des principaux protagonistes de la soirée de lancement ont profité de l'évènement et d'une grande salle du Cratère au deux tiers pleine pour s'attaquer, chacun à leur façon, à l'actualité sociale relative à la réforme des retraites. Julien Camy, président de l'association Festival cinéma d'Alès, a ouvert la boîte de Pandore en expliquant qu'un festival est parfois "un lieu politique", puisque "les films et le cinéma se font régulièrement le miroir ou l'écho du monde extérieur, s'emparant avec poésie des combats que les peuples mènent". Le dernier nommé a ensuite braqué la lumière sur la tribune signée par 300 personnalités de la culture réclamant le retrait de la réforme, dont les réalisateurs Michel Hazanavicius et Pierre Salvadori honorés par le festival.

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Les prises de parole ont été engagées ce vendredi soir lors de la cérémonie d'ouverture du festival de cinéma. • Corentin Migoule

De quoi introduire la diffusion d’extraits de films faisant référence à la retraite qui allait être chaudement applaudie. "La retraite, faut la prendre jeune. Faut surtout la prendre vivant", a-t-on ainsi entendu avec l'extrait du film Les Barbouzes de Michel Audiard. La brèche était ouverte pour Christophe Rivenq, président d'Alès Agglomération, qui, après avoir rappelé que "de plus en plus d’évènements de grande qualité se déroulent sur cette scène du Cratère", a lui aussi fait allusion à l'actualité sociale : "Le septième art permet à ceux qui ont la chance d'avoir à la fois des yeux pour voir et des oreilles pour entendre d'avancer dans la vie. Certains, en ce moment, feraient mieux d'ouvrir leurs oreilles et leurs yeux pour écouter ceux qui s'expriment dans la rue."

"Le Conseil constitutionnel est devenu le maître du temps"

Pour son successeur au pupitre, l'occasion était trop belle. Dans la rue aux côtés des manifestants à chaque rendez-vous majeur depuis le 19 janvier, l'élu communiste Patrick Malavieille a habilement fait savoir que le Conseil départemental "n'a pas eu besoin du 49-3" pour voter bon nombre de subventions en faveur de la culture. Après quoi, Jean Rampon, sous-préfet de l'arrondissement d'Alès, a laissé tout le monde pantois avec une saillie quelque peu inattendue. "Culture et politique, je ne sais pas s'il s'agira du prochain sujet des bacheliers, mais en tout cas il se joue ici ce soir. Et comme je ne souhaitais pas me défiler en jouant The Artist avec un discours muet, j'ai préparé quelque chose", a entamé le représentant de l'État. 

En effet, le dernier nommé n'était pas venu les mains vides et c'est avec ses lunettes bien vissées sur son nez qu'il s'apprêtait à lire un discours tout juste sorti de sa poche. "La vérité si je mens celui qui me dit qu'en ce moment la vie est un long fleuve tranquille. Je lui réponds "Menteur !" Ne nous leurrons pas ! Ce n'est pas une petite zone de turbulence", a enclenché Jean Rampon, empilant les titres de films pour former des phrases qui faisaient sens. Et de poursuivre : "Pour certains, y a-t-il un pilote dans l'avion pour éviter le grand blocage ? Oui, nous vivons en ce moment une époque difficile. Une période sous haute tension sociale où tout fout le camp, où tout est permis pour que s'expriment un homme en colère ou des femmes rebelles. Le Conseil constitutionnel est devenu le maître du temps. Je ne sais pas ce qu'il rendra. S'il rendra un arrêt qui valide le 49-3 du bout des lèvres, ou si au contraire il le censurera et renverra face à face le président et les opposants à la réforme."

"Le chaos n'est pas la solution"

Pas loin de vouloir voler la vedette à Michel Hazanavicius et sa "masterclass" de dimanche au Cratère, le sous-préfet en avait encore sous le pied : "Ce qui est sûr, c'est que rien ne va plus ! Et ce n'est pas la faute à Voltaire, ni la faute à Rousseau. C'est la faute à la crise, à monsieur le député qui n'a pas voulu renverser le gouvernement, au président désigné coupable. J'ai reçu cette semaine l'intersyndicale qui se dit dos au mur. Je le comprends, mais le chaos n'est pas la solution. Je ne suis pas monsieur "naïf" et je sais qu'un pays qui se tient sage, ça n'existe pas, c'est une pure fiction. Je crois à la liberté d'expression qui s'exprime en accord avec la loi et l'ordre. J'aime être en liberté comme la très grande majorité d'entre nous et je condamne la violence et les auteurs qui entendent faire régner la peur sur la ville. Je vous fais un aveu. Je suis, patron, fatigué de voir les hommes se battre les uns les autres. Je suis fatigué de toute la peine et la souffrance que je sens dans le monde (La ligne verte, Ndlr). Entre guerre et paix, je préfère toujours la paix." Jean Rampon aurait-il voulu être un artiste ? Durant quelques secondes ce vendredi soir, le temps d'une standing ovation qu'aurait pu recevoir une rockstar, le sous-préfet, engagé, a goûté à la célébrité. La nouvelle manifestation prévue ce mardi 28 mars sous les grilles de la sous-préfecture devrait le ramener à la dure réalité...

Corentin Migoule

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