FAIT DU JOUR À Pont-Saint-Esprit, des travaux sur les digues pour protéger la ville

Les travaux des digues de Pont-Saint-Esprit ont été présentés ce mercredi
- Thierry AllardÀ Pont-Saint-Esprit, personne n’a oublié la date du 17 octobre dernier, lorsqu’une crue du Rhône, gonflé par l’Ardèche qui se jette dans le fleuve quelques dizaines de mètres en amont, a contraint la mairie à évacuer plus de 300 habitants de la partie basse du centre ancien.
Ce jour-là, le Rhône n’a pas passé la digue qui longe le quai de Luynes, et la digue a tenu. Seulement, son état dégradé contraint le maire à évacuer la population dès que le Rhône passe la côte des 7,50m, ce qui fut le cas ce jour-là : « pour l’instant, la doctrine est d’évacuer à partir de cette hauteur car nous ne sommes pas garants de la sécurité de la digue », explique le président du syndicat mixte ABCèze, Benoît Trichot, à qui l’Agglomération du Gard Rhodanien a délégué la compétence de protection des inondations.
C’est dans ce contexte que d’importants travaux de sécurisation de la digue principale, le long du Rhône, et de la digue des Tuillères, qui la complète au sud, vont démarrer le 18 août. Le but est de « sécuriser l’ouvrage pour une crue centennale, jusqu’à 9 mètres », avance Benoît Trichot. La différence est fondamentale : avec ces travaux, on passe d’une protection contre une crue décennale, qui a une chance sur dix d’arriver chaque année, à une crue centennale, qui a une chance sur 100.
« Les risques de rupture sont trop importants »
Et il y a du boulot : la digue principale, de 950 mètres de long, « qui date sans doute d’aussi longtemps que la ville, et a évolué et été plus ou moins rafistolée au fil du temps », dit Titouan Leclerc, chargé de mission ouvrages hydrauliques chez ABCèze, est dans un état inquiétant. « Les risques de rupture sont trop importants par rapport à la population qu’elle protège », rajoute-il, évoquant les 300 habitants répartis dans 130 bâtis tout au long du Rhône. C’est pour cette raison que la première partie des travaux sera consacrée à « l’urgence sur la partie amont de la digue, où l’idée est de sécuriser l’ouvrage le plus rapidement possible », avance Benoît Trichot.
C’est sur cette partie, du pont médiéval à l’escalier Saint-Pierre pour le dire vite, que les plus gros désordres sont constatés, avec notamment une fragilisation d’un ouvrage traversant, une galerie, qui menace la digue d’effondrement. Un scénario catastrophe que tout le monde veut éviter, et face lequel ABCèze aurait souhaité démarrer les travaux plus tôt, « mais nous avons dû faire face à quelques contraintes environnementales », note le président d’ABCèze, après déjà de longues études pour calibrer les travaux.
Huit mois de travaux
Reste que les travaux vont démarrer, et vont durer huit mois. Sur la digue principale, « nous allons faire une piste provisoire, et recréer un enrochement, de la maçonnerie, reprendre les ouvrages traversants, et injecter de la résine dans la digue pour l’imperméabiliser », développe Titouan Leclerc. Cette résine, très fluide, viendra combler les différents interstices, notamment ceux laissés par les nombreux arbres qui ont poussé sur la digue au fil du temps, et qui vont être arrachés. Des tirants vont aussi être installés pour solidifier le tout. Notez que la digue ne sera pas fragilisée le temps des travaux, et que jusqu’à leur fin, prévue en mars prochain si tout va bien, la règle de l’évacuation à partir d’une crue du Rhône de 7,50m reste en vigueur.
Du côté de la digue des Tuillères, bien plus récente, puisqu’elle date du mitan du XXe siècle, les travaux vont consister en une réfection du parement béton, la réalisation de puits de décompression en cas de crue stagnante et surtout en le remplacement de la porte des jardins, plus du tout étanche. Dans les deux cas, ces travaux interviennent après « bien des années où il ne s’est rien passé » sur le front des travaux, pose Benoît Trichot. Les différentes évolutions législatives, notamment avec la création de la compétence GEMAPI, pour Gestion de l’eau, des milieux aquatiques et de la protection contre les inondations, confiée aux Agglomérations, ont changé la donne. La taxe GEMAPI levée par l’Agglomération permet d’ailleurs de financer 20 % de l’opération.
« Des travaux essentiels »
Opération qui va coûter la bagatelle d’1,98 million d’euros. La partie Tuillères est subventionnée à 80 % par l’État, à qui la digue appartient. Quant à la digue principale, ses travaux sont financés à hauteur de 40 % par l’État dans le cadre du Plan Rhône-Saône, 20 % par la Région Occitanie, et 20 % par le Conseil départemental du Gard. Les derniers 20 % proviennent donc de la taxe GEMAPI levée par l’Agglomération du Gard rhodanien.
De quoi permettre de conduire ces « travaux essentiels », souligne l’adjoint au maire de Pont-Saint-Esprit Jérôme Carminati, « pour protéger la population et éviter autant que possible les situations anxiogènes comme celle du 17 octobre dernier. »
Saint-Étienne-des-Sorts, l’autre digue sur le Rhône
À quelques kilomètres plus au sud, une autre digue sur le Rhône fait l’objet de toutes les attentions : celle qui protège le village de Saint-Étienne-des-Sorts. « Nous sommes en train d’y conduire des études, indique Benoît Trichot. Nous sommes en pleine analyse coûts/bénéfices. » Cette analyse, qui est systématiquement conduite avant des travaux de ce type, détermine s’il vaut mieux laisser la digue en état et éventuellement évacuer en cas de crue, ou s’il vaut mieux la rénover. « Ça dépendra du diagnostic de la digue et des problématiques qu’on y rencontre », complète Titouan Leclerc.