Après leur retraite, Dominique et Gisèle Pelicot s’installent à Mazan dans le Vaucluse. Dominique considère qu’à la soixantaine, leur intimité n’est plus suffisante pour satisfaire ses fantasmes sexuels. Il se tourne alors vers des pratiques plus radicales et commence à fréquenter un site Internet connu pour ses rencontres libertines.
Soumission chimique
À l’insu de son épouse, il met en place un système de soumission chimique. Régulièrement, Gisèle reçoit une dose d’anxiolytique qui la plonge dans un état totalement inconscient. Ainsi, il la viole et invite d’autres hommes à faire de même. Il filme et archive les scènes.
Pendant des années, Gisèle souffre de troubles de mémoire, de migraines, de problèmes gynécologiques et d’IST récurrentes inexpliquées. Ses enfants s’inquiètent, elle consulte plusieurs médecins et gynécologues, mais aucun ne comprend ce qu’il se passe.
Et c’est par hasard qu’en 2020, le système est découvert. Dominique est surpris dans un supermarché de Carpentras alors qu’il filme sous les jupes des clientes avec son téléphone portable. Le vigile confisque l’appareil et incite une victime à porter plainte, ce qui permet à la police d’entrer en scène.
L’enquête permet aux policiers de retrouver dans ses disques durs d’ordinateur des centaines de vidéos montrant sa femme droguée et abusée pendant des années. Ces images deviennent les preuves centrales de l’affaire. Certaines vidéos sont diffusées à l’assistance durant le procès.
Procès hors normes
Un procès qui s’ouvre à Avignon le 2 septembre 2024 devant la cour criminelle du Vaucluse et se clôt le 19 décembre. Cinquante-et-un hommes sont jugés en même temps, Dominique Pelicot et les cinquante hommes qu’il a recrutés. La cour refuse le huis clos malgré la demande de la défense, suivant la volonté de Gisèle qui souhaite un procès public afin que « la honte change de camp ». Elle témoigne à visage découvert et souhaite que d’autres victimes, à l'avenir, soient encouragées à parler.
Les prévenus sont accusés de viol aggravé sur une victime droguée à son insu, parfois en réunion et avec enregistrement. Dominique Pelicot est condamné à vingt ans de réclusion criminelle, la peine maximale. Les autres accusés écopent de peines allant de trois ans de prison, partiellement assortis de sursis, à quinze ans de réclusion. Aucun n’est acquitté.
Il n'en reste qu'un
Dix-sept hommes interjettent appel, mais se désistent les uns après les autres. En mai 2025, il n’en reste plus que quatre, puis un seul maintient sa décision. Il s’agit de Husamettin D., ouvrier du BTP âgé de 44 ans, condamné à neuf ans de réclusion criminelle. À Avignon, il a nié être un violeur et dit avoir cru participer à un jeu sexuel organisé par le couple.
Il a pourtant reconnu avoir constaté l’absence de réaction de la victime lors des faits qui lui sont reprochés. Le procès d’appel se tiendra du 6 au 9 octobre 2025 à Nîmes. Husamettin D. ne conteste pas sa culpabilité, mais uniquement la durée de sa peine. Gisèle Pelicot sera la partie civile principale, accompagnée de plusieurs autres parties civiles, dont sa fille Caroline Darian. Ce procès, plus bref que le premier, devrait constituer l’ultime séquence judiciaire de l’une des affaires les plus marquantes de ces dernières années.