Publié il y a 6 mois - Mise à jour le 14.03.2024 - Marie Meunier - 4 min  - vu 967 fois

FAIT DU SOIR Création du plan prévention du risque inondation en Uzège, mais quel est son rôle ?

La place aux Herbes d'Uzès.

- photo d'illustration Thierry Allard

Le Gard est le département métropolitain le plus exposé au risque inondation. Et les conséquences peuvent être dramatiques. On l'a encore vu lors des crues de ce week-end. Pour protéger au mieux les habitants, sont établis des PPRi (plans prévention du rique inondation). Celui qui concerne Uzès, Saint-Siffret, Saint-Hippolyte-de-Montaigu et Saint-Victor-des-Oules est en pleine création. 

Nîmes, 1988, 11 morts, 610 millions d'euros de dégâts. Gard, 2002, 22 morts, 850 millions d'euros de dégâts. Crue du Rhône, 2003, 7 morts, 1,5 milliard d'euros de dégâts (*). Depuis, il y a encore eu la crue de septembre 2020 qui a endeuillé les Cévennes et l'épisode de ce week-end. "Le Gard est le département métropolitain le plus exposé au risque inondation", indique Marianne Laganier, cheffe d'unité prévention des risques à la DDTM du Gard (Direction départementale des territoires et de la mer). Il se trouve que 22,3 % du territoire du Gard se trouve en zone inondable et que 37 % de la population gardoise vit de manière permanente en zone inondable (contre 26 % pour la moyenne nationale). 

En France, il existe le système solidaire CATNAT qui permet d'indemniser les victimes de catastrophes naturelles. Le Gard est d'ailleurs très bénéficiaire de ce système, payant le tribut d'épisodes impactants. Il apparaît donc nécessaire d'encadrer l'urbanisme dans les zones exposées au risque inondation. Pour cela, il existe un outil : le PPRI (plan prévention du risque inondation). Il s'agit d'une servitude d'utilité publique, annexée au PLU (plan local d'urbanisme), qui impose des règles d'urbanisme et de construction que les particuliers doivent respecter. Les PPRI ont été commandés en nombre après les terribles inondations de 2002. Avant cette année, seules 42 communes gardoises étaient couvertes par un PPRI. Après 2002, il y en a eu 224. 

"À partir de 30cm d'eau avec des écoulements très forts. On ne tient pas debout"

Mais toutes les communes gardoises ne sont pas encore couvertes, notamment celles du bassin versant de Alzon-Seynes (**). Ce mardi soir, une réunion publique s'est tenue à Uzès en vue d'évoquer spécifiquement le PPRI d'Uzès, Saint-Siffret, Saint-Hippolyte-de-Montaigu et Saint-Victor-des-Oules. L'idée, c'est de croiser l'aléa (soit la possibilité d'une inondation) et les enjeux liés à la présence humaine, pour fixer le degré de risque.

Les zones hâchurées traduisent un aléa fort voire très fort.  • capture d'écran site de la DDTM

Le processus de création d'un PPRI se fait en plusieurs étapes. Il faut d'abord définir l'aléa inondation en effectuant des visites de terrain, des analyses hydrogéomorphologiques, des études hydrologiques, des modélisations de la vitesse d'écoulement en cas de crue... Les cours d'eau gardois sont bien connus pour leur rapidité qui peut surprendre. Ensuite, il faut donc traduire réglementairement ces aléas : "L'objectif, c'est d'assurer la sécurité des personnes pour éviter qu'elles se trouvent mises en danger. C'est pour cela qu'on interdit toute construction nouvelle dans les zones en aléa fort et très fort. Soit à partir de 30cm d'eau avec des écoulements très forts. On ne tient pas debout dans ces eaux-là. Les secours ne peuvent pas accéder", explique Marianne Laganier. En regardant les premières cartes du PPRI d'Uzès, on voit qu'une bonne partie de la zone du Pont des Charrettes et le site d'Haribo sont classés en aléa fort voire très fort

Finalisation du PPRI prévu pour fin 2024

L'autre objectif du PPRI, c'est de préserver les capacités d'expansion des crues pour "éviter d'aggraver les risques chez les voisins en amont et en aval. On va donc éviter de rajouter des obstacles. Il faut définir qu'est-ce qui est déjà urbanisé et qui ne constitue pas un champ d'expansion de crue, et qu'est-ce qui n'est pas urbanisé et qu'il convient de préserver." Il ne faut pas non plus augmenter le risque encouru par les personnes et quand c'est possible, diminuer le risque existant. 

Le PPRI concernant le bassin versant Alzon Seynes est encore en création. Les premiers documents sont consultables en cliquant ici. Suite à la réunion de ce mardi, une concertation de la population est ouverte jusqu'au 27 mars où chacun peut prendre connaissance du projet et faire ses observations à ddtm-ser-pr@gard.gouv.fr. Un délai un peu court aux yeux de l'adjoint uzétien, Bernard Poissonnier. L'autre moment où la population pourra s'exprimer, ce sera lors de l'enquête publique qui durera au minimum un mois et devrait avoir lieu à la fin du printemps-début de l'été. Si les délais sont tenus, la finalisation du PPRI devrait être actée fin 2024. 

Quid du ruissellement

Après cette présentation, la première question sera posée par le maire d'Uzès, Jean-Luc Chapon, de manière directe : "Quand vous classez une zone en aléa fort et que sur le terrain, on est persuadé que ce n'est pas vrai, est-ce que vous en tenez compte ?" Marianne Laganier répond : "Si on nous montre par un relevé topographique qu'il y a une erreur, on en tient compte et on fait les corrections nécessaires." À souligner que pour les communes, le PPRI recèle de nombreux enjeux pour leur développement futur, qu'il soit économique ou en termes de construction de logements. 

Marianne Laganier de la DDTM et l'adjoint uzétien Bernard Poissonnier, lors de la réunion publique à Uzès sur le PPRI, ce mardi 12 mars. • photo Marie Meunier

Autre remarque du premier magistrat uzétien : "Vous n'avez pas fait apparaître le ruissellement. Pourtant, il a des fois des conséquences. Dans le secteur sauvegardé d'Uzès, il faudrait construire à 40 cm au-dessus." Marianne Laganier justifie : "Le ruissellement est un phénomène que nous n'avons pas souhaité réglementer dans le PPRI. On fait des PPRI débordement. Le ruissellement est contraignant au titre de la doctrine départementale pour la prise en compte du risque ruissellement." Et Jean-Luc Chapon de rembrayer : "Que tout le monde sache qu'en plus du PPRI, il y a donc des contraintes de ruissellement." Sébastien Ferra, directeur départemental de la DDTM, ajoute : "Avec le ruissellement, on peut éventuellement trouver des mesures correctives avec un bassin de rétention par exemple. Avec un PPRI, il n'y a pas de bassin de rétention."

Des mesures recommandées ou obligatoires pour les personnes vivant en zone inondable

Les particuliers vivant en zone inondable peuvent se voir imposer ou recommander des mesures pour réduire la vulnérabilité de leur bien. Ces mesures peuvent être subventionnées à 80%. Cela passe d'abord par un diagnostic de vulnérabilité duquel vont découler plusieurs mesures pour diminuer le risque. On peut citer l'installation de batardeaux, clapets anti-retour, obturation des aérations qui peuvent être utilisés en cas de crue. Si le bien est très exposé, cela peut aller jusqu'à la construction d'un étage refuge dans la limite d'un certain coût. 

(*) Ces chiffres ont été communiqués par la DDTM

(**) L'ensemble du, bassin versant Alzon-Seynes comprend les communes d'Arpaillargues-et-Aureilhac, Belvezet, Flaux, Montaren-et-Saint-Médiers, Saint-Hippolyte-de-Montaigu, Saint-Quentin-la-Poterie, Saint-Siffret, Saint-Victor-des-Oules, Serviers-et-Labaumes, Seynes, Uzès et Vallabrix. 

Marie Meunier

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