Publié il y a 1 jour - Mise à jour le 28.05.2025 - Thierry Allard - 3 min  - vu 5897 fois

LA ROQUE-SUR-CÈZE La rive droite des cascades du Sautadet, « une patate chaude » privée et bientôt fermée à la visite

TImante Ranzato a disposé des panneaux à l'entrée de son terrain de la rive droite des cascades du Sautadet

- Thierry Allard

C’est une histoire « ubuesque », répète Timante Ranzato, propriétaire du camping des Cascades, à La Roque-sur-Cèze. Car l’homme se retrouve, sans le vouloir, propriétaire d’une partie importante d’un des lieux les plus majestueux et dangereux du Gard, les cascades du Sautadet.

Ce mercredi après-midi de la fin du mois de mai, il fait beau et chaud. Nous sommes en veille de jour férié et de pont, et il y a beaucoup de visiteurs aux cascades du Sautadet, un lieu prisé des touristes. Parmi eux, nombreux sont ceux qui se trouvent sur la propriété de Timante Ranzato, malgré les multiples panneaux et marquages au sol disposés pour prévenir et interdire d’y pénétrer.

L’affaire commence en octobre 2024, par l’achat d’une maison proche du camping pour TImante Ranzato. La maison est à un jet de pierre des cascades, et encerclée par la propriété foncière du camping. Un géomètre vient pour borner le terrain et là, surprise : « le géomètre me dit que je suis propriétaire de 80 % de la rive droite des cascades », rejoue le propriétaire. En réalité, le camping possédait déjà une bonne partie de ladite rive droite depuis sa création, en 1974, ce que Timante Ranzato ignorait.

Depuis, « on nous met une pression énorme pour tout entretenir, respecter les obligations légales de débroussaillement, nettoyer le site », souffle-t-il, pour un coût de 20 000 euros. Sachant qu’environ 200 000 personnes viennent chaque année visiter les cascades du Sautadet, un flux qui passe partiellement par le terrain privé, donc. Résultat, le camping a mis de la rubalise, régulièrement arrachée, et une clôture, « dont 40 mètres étaient au sol dès le lendemain de leur installation », souffle le propriétaire, qui a déjà dû éteindre plusieurs feux de camp depuis le début du printemps.

La marque au sol en bas de l'image marque le début de la propriété de Timante Ranzato • Thierry Allard

Bref, pour flatteur qu’il soit d’être propriétaire d’une bonne partie d'un site aussi majestueux, il s’agit surtout, aux yeux de Timante Ranzato, d’une belle « patate chaude », le site étant aussi accidentogène. Alors il y a quelques mois, il contacte le maire, Robert Gautier, pour trouver une solution. « Je suis allé le voir en lui disant que la mairie devrait être propriétaire de tout le terrain des cascades, il a reconnu que ce serait logique et m’a dit de faire une offre, rejoue le propriétaire malgré lui. Je l’ai faite, tout a été validé en préfecture et au dernier moment, le conseil municipal a décidé de ne pas racheter le terrain. »

« La mairie a le beurre et l’argent du beurre »

De quoi mettre en colère Timante Ranzato : « la mairie sait depuis 50 ans que ce terrain est privé, et exploite un parking payant en centre-village et une aire de camping-cars qui rapportent 350 000 euros par an, dont l’objet est la visite du village et des cascades, tempête-il. Donc ils ont le beurre, et l’argent du beurre. » Et le propriétaire du camping de montrer des pièces pour affirmer que le parking payant et l’aire de camping-cars ont été faits « sans permis de construire », dont un avis défavorable de la préfecture datant de mai 2022.

Mis en cause, le maire Robert Gautier indique n’avoir « pas de commentaire à faire ». Y compris sur les accusations, graves, d’exploiter un parking et une aire de camping-cars qui auraient été réalisés sans permis de construire ? « Ce n’est pas son problème (à M. Ranzato, ndlr), c’est le problème de la mairie », se borne-t-il à répondre, avant de nous congédier poliment.

La situation semble donc complètement bloquée. Le salut pourrait-il venir de l’Agglomération du Gard rhodanien ? Timante Ranzato affirme que l’intercommunalité serait prête à racheter son terrain dans le cadre d’un projet d’ensemble. Le président de l’Agglomération Jean-Christian Rey confirme : « La gestion des cascades nous intéresse car c'est un fleuron touristique du territoire, commence l’élu. Mais cette gestion ne peut être que globale, avec les flux, le stationnement, la propreté, la sécurité, pour en faire un vrai lieu touristique. Nous en avons fait la proposition à la mairie, qui n’a jamais donné suite. Je respecte cette décision municipale, même si je la regrette. »

En attendant, Timante Ranzato a pris une décision : « je vais empêcher l’accès au terrain d’ici la mi-juin », annonce-t-il, en montrant le matériel déjà acheté pour faire payer l’accès 3 euros. « J’ai les panneaux et les outils de paiement, je prendrai la carte bleue », précise-t-il. Il envisage également d’y mettre des agents de sécurité, même si leur coût, qu’il estime à 8 000 euros par mois, ne sera sans doute pas couvert par le produit des entrées. Et le propriétaire de souffler : « c’est honteux d’en arriver là. »

Thierry Allard

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