NÎMES Ilona mise sur les vérités de l’art

Ilona Paris (Photo Anthony Maurin)
Ilona Paris, artiste et autrice nîmoise, est à retrouver aux Jeudis de Nîmes (Square Antonin) avant de pouvoir lire son livre « L’Automate aux Bleus Océans » à paraître le 1er septembre.
C’est une jeune nîmoise que nous découvrons aujourd’hui. Ilona Paris n’a pas encore 25 ans, mais sa vie est déjà un roman. Passée par quelques hauts et pas mal de bas, la jeune femme a décidé de faire le premier pas, d’avancer quoi qu’il en coûte.
Comme elle le dit, peindre, sculpter ou encore écrire, sont autant de façons de dialoguer avec l’invisible. C’est le choix d’Ilona Paris.
« J’ai un vécu un peu compliqué, je voulais en parler grâce à l’art et à l’écriture pour montrer qu’il y a un « après ». Mon discours est le suivant, nous ne sommes pas toujours responsables de ce qui nous arrive et selon les circonstances … »
Pour Ilona Paris, l’art est devenu un moyen de parler autrement, de se libérer et de se faire entendre. C'est ainsi qu’elle a choisi de faire du silence une force, une voix qui parle à l’universel. Créer, c’est partager, questionner, et bâtir des ponts entre ce que l’on ressent et ce que l’on ose montrer.
Mais, l’histoire remonte le fil de sa vie. « J’ai toujours adoré l’art et l’écriture. Quand j’étais petite, je disais à ma mère que j’écrirais un livre. J’avais besoin d’un but et je me suis servi de ce que je savais faire ! »
Avoir des choses à dire et trouver le bon médium pour les exprimer. Pas facile. Encore moins sans repères. Heureusement, il reste le cœur qui saigne et l’envie de stopper l’hémorragie. Cela est plus fort que tout.
« J'ai souvent cherché un moyen de m’exprimer autrement que par les mots. Aujourd’hui, la peinture, la sculpture et l'écriture sont devenues mes langages favoris, un espace dans lequel je peux explorer et transmettre ce qui m’habite. J'ai 24 ans, une licence en arts et design en poche, et depuis cinq ans, je peins pour donner vie à ces émotions et ces questions qui me semblent universelles : celles sur le corps, l’identité et la quête de soi. »
On y voit plus clair. Le rapport à la matière fascine Ilona. Toucher, façonner, mélanger, pour elle, c’est dans ces gestes que se cache une grande partie de la magie de l’art. « Ces gestes, pourtant simples, permettent de raconter des choses complexes, de parler sans un mot, de créer des connexions invisibles entre l’œuvre et celle ou celui qui la regarde. »
À travers ses créations, Ilona ouvre un espace des possibles où chacun peut se retrouver, réfléchir et ressentir. « J’aime l’idée que l’art puisse libérer, rassurer, ou simplement inviter à regarder le monde autrement. » Peinture, sculpture ou écriture, chaque œuvre est une tentative de poser des questions sur nos rapports humains, sur ces liens qui nous façonnent et nous redéfinissent, mais aussi sur nos propres rapports à nous-mêmes, aussi difficiles soient-ils à partager parfois. « Ce qui me tient à cœur, c’est de faire grandir ce dialogue entre mes œuvres et celles et ceux qui les rencontrent. »
Ses œuvres naissent souvent de questionnements personnels, de réflexions sur le corps, ses fragilités, sa puissance, et sur l’identité, ces fragments de nous qui changent et se reconstruisent sans cesse. Ces thèmes, elle a eu la malchance de les vivre et de les prendre de plein fouet dans la tête. Elle sait. Elle est lucide. Et, elle pense aux autres. C’est pourquoi ses œuvres mais son livre plus encore, font émerger des sentiments spéciaux.
« Ma famille est touchée, ils revoient la promesse que j’avais faite quand j’étais enfant, écrire un livre. Mais, le sujet est dur… Les violences, ce sont des choses difficiles à aborder. Ce livre est un recueil immersif de poèmes, je mets le lecteur dans la situation. On parle de tout le processus, on ne parle pas de mon histoire mais plus du ressenti que l’on peut avoir dans cette situation, des moments où l’on se sent seul, des périodes traversées… »
La publication de cet ouvrage L’Automate aux Bleus Océans sera disponible sur Amazon dès le 1er septembre. En autoédition, Ilona a ainsi pu faire un pas de plus vers son salut. « Rien n’empêche de faire ce premier pas ! Ce livre parle de choses personnelles, c’est une mise à nu, un compagnon pour les personnes qui subissent ces violences ou pour leurs proches qui ne les comprennent pas. J’essaie de faire ressentir ces choses et je le fais parce que ma famille ne me comprenait pas quand tout cela m’est arrivé. Et moi, j’ai été très dure avec eux. Depuis, heureusement, tout s’est arrangé ! »
Après être passée par le pire, c’est forcément le plus beau qui arrive. Redémarrer une vie pour la savourer. « Je suis heureuse de faire ce que j’aime ! Le regard des gens sur ce que je fais, je prends ça comme un vrai cadeau. Je suis encore là, il n’y a pas de hasard. Même le moindre retour des gens est une expérience folle à vivre ! »
Ilona fait de la peinture depuis plus de cinq ans. Autodidacte, elle a appris la peinture car son père voulait une image d’un tableau. Elle a essayé de reproduire la chose et ça a marché alors elle a continué avec ses idées. « Maintenant, ça fait un an que je me suis lancée. »
Elle peint, elle écrit, quoi d’autre ? « La sculpture ! Tout bêtement, je regarde beaucoup les formes de visages, je me suis toujours demandé si je pouvais arriver à modeler quelque chose de mes mains. Je n’arrive pas à tout. Par exemple, et c’est étrange, je n’ai pas envie de faire des corps mais je fais des visages. C’est le contraire de ce que je fais avec la peinture. »
Après s’être lancée, Ilona se sent-elle artiste ? « Artiste ? C’est une impulsion plus qu’une sensation. Jeune, on attend toujours la validation d’une école, de ses pairs ou d’autres personnes mais je crois que c’est le contraire qu’il faut faire. On n’en parle pas assez de tout ça mais je pense vraiment que ça doit venir de soi. Même sans expérience, si on sent l’envie d’être, on doit être. »
Sur Nîmes elle commence à se faire une petite place, en toute humilité. Elle s’entend bien avec Melvyn Barros qui l’a invité aux Jeudis de Nîmes (Square Antonin) ou vous pouvez la retrouver jusqu’à la fin août. Ilona apprécie également l’univers de Stéphane Griot ou encore de Daniel Pâris. « Les artistes nîmois ont une bonne mentalité. »
Et la suite des événements ? Ilona avance pas à pas mais compte bien aller loin.
« Je n’ai pas encore d’atelier, je fais tout de chez moi, c’est étroit même si c’est marrant ! La vie de bohème est sympa un certain temps mais j’aimerais passer à l’étape suivante. Je gère mes réseaux sociaux, mon site, ma boutique en ligne… J’aime la ville et les gens, alors, une belle pièce ajourée pour voir soleil et pluie et pour inspirer... » Bientôt !
Se mettre à nu ou dévoiler des pans de sa personnalité, des facettes de sa vie n’est pas une chose aisée mais Ilona le fait simplement, sereinement avec délicatesse et une certaine intelligence. Un dernier mot ?
« J’aimerais simplement dire merci à mes proches de m’avoir soutenu ! Jamais personne ne m’a dit que c’était impossible et je suis sûre que tout est possible quand on le veut. On peut croire que nos rêves sont fous mais il faut se lancer quand même, sinon on ne fait que rester à l’étape du rêve ou du projet. C’est magique ! »
Au-delà des Courbes
Cette série explore le corps féminin sous une forme abstraite, questionnant la manière dont les blessures invisibles peuvent altérer notre perception de soi. À travers des lignes floues et des textures fragmentées, les œuvres suggèrent un corps marqué par des épreuves intimes, vidé de sa vitalité intérieure et réduit, dans certains regards, à une simple interprétation extérieure : celle d’un objet de désir.
Les silhouettes évanescentes traduisent cette dualité entre fragilité et résilience, invitant à une réflexion sur la mémoire corporelle et les traces laissées par les émotions et les expériences.
L'Âme en Relief
Cette série expérimentale explore un univers où la matière et l’émotion s’entrelacent, où la surface de la toile ne suffit plus à contenir ce qui cherche à s’exprimer. Chaque œuvre est une exploration intime des strates de l’identité, des blessures invisibles et de ce qui nous façonne en silence.
À travers des compositions mêlant acrylique fluide et sculpture intégrée, cette série interroge la manière dont les émotions prennent forme en nous. Les visages émergent, figés entre l’ombre et la lumière, entre ce qui est montré et ce qui est tu.
Identité, transformation, mémoire du corps et du vécu, chaque relief raconte une histoire qui ne demande qu’à être lue avec les doigts autant qu’avec les yeux.
Memento Feram
La série « Memento Feram » puise dans l’imaginaire de la tauromachie pour en détourner les codes. Ici, l’arène n’est plus spectacle, mais territoire intime. Chaque toile devient le théâtre d’une lutte intérieure entre contrôle et élan, force et effondrement, beauté et violence.
La figure du taureau, comme celle du torero, n’est jamais littérale. Elle se personnifie à travers les corps, les couleurs et la matière, dans un langage symbolique et instinctif. On ne regarde pas une scène : on assiste à un rituel. Une chorégraphie brute où chaque geste pictural évoque le combat, le sacrifice ou la survie.
Memento Feram porte en elle une mémoire collective et sensorielle : celle des tensions que l’on traverse, de ce que l’on encaisse, de ce que l’on refuse de laisser derrière.
Sous-vide
« Sous-vide » est une série d’œuvres en volume, pensées comme des scènes figées sous verre. Des compositions entre peinture et relief, où textures, couleurs et formes dialoguent dans un espace clos, à la frontière du visible et du contenu. Chaque cadre est un moment scellé.
On y perçoit des élans contenus, des émotions encapsulées, comme si l’on avait voulu préserver un geste, une sensation, une mémoire corporelle juste avant sa disparition. Ce qui est montré est toujours à la limite : entre douceur et tension, entre extériorité et intériorité. Sous-vide parle de ce qu’on retient, de ce qu’on fige pour ne pas oublier, de ce qui continue de vibrer, même enfermé.
Le site d’Ilona Paris. Pour toute commande personnalisée, projet collaboratif ou question concernant les œuvres ou le recueil d’Ilona sur Amazon le 1er septembre, contactez-la sur contact.ilonaparis.art@gmail.com ou via les réseaux sociaux.