ALÈS Abattoir : pour Christophe Rivenq, le tribunal a tenu compte "de la mobilisation générale de tous les acteurs"
Un sursis... en attendant des preuves d'engagement et des résultats sonnants et trébuchants dans un laps de temps réduit. C'est ce qu'accorde le tribunal de commerce de Nîmes à l'abattoir d'Alès, qui approche les 350 000 € de déficit sur l'année 2023, sans compter 100 000 € de loyers impayés. Le président d'Alès agglomération, Christophe Rivenq, en prend acte mais répète qu'il faudra du tonnage supplémentaire pour espérer le maintien de l'équipement. Une legère hausse de tarif devrait intervenir pour donner des gages au tribunal. Le présidejt de l'Agglo place aussi ses espoirs dans la création d'un groupement d'intérêt public en gestation.
"Ni satisfait, ni le contraire", réagit le président d'Alès Agglo au redressement de l'abattoir sur six mois, décidé par le tribunal de commerce de Nîmes (relire ici). "On va perdre un peu la main. On va voir, avec l'administrateur judiciaire, la façon dont il veut travailler (1). J'espère juste qu'il verra l'intérêt général car il y a un vrai risque de liquidation à moyen terme."
Ce qui a sans doute pesé dans la balance, et qui satisfait Christophe Rivenq, c'est d'assister à "la mobilisation générale de tous les acteurs". Des acteurs dont le cercle pourrait s'élargir, alors que la Région Occitanie - qui a basé une partie de sa communication sur le fait de consommer localement - commence à mettre son nez dans le sujet. "J'interviendrai d'ailleurs, la semaine prochaine, à la Région, pour le plan abattoir", poursuit le président d'Alès Agglo, qui répète que "le salut passe par du tonnage, et celui-ci, il existe".
"On ne fera pas l'économie d'une petite hausse des prix"
Sur les solutions de renflouement par les deniers publics, Christophe Rivenq note que "les abattoirs publics sont tous en difficulté". Même si l'équipement est "quasiment un service public, ou au moins un service rendu aux éleveurs et aux habitants". En plus du tonnage supplémentaire, Christophe Rivenq prévient : "On ne fera pas l'économie d'une petite hausse des prix, le tribunal de commerce l'attendra". Tandis qu'abaisser les charges paraît, avec l'équipement actuel, plus hypothétique.
Le président d'Alès Agglo ne reprend pas, en revanche, la proposition du député Michel Sala de solliciter les intercommunalités gardoises - à travers un communiqué où le député souligne d'ailleurs que Ville et Agglo d'Alès ont déjà beaucoup fait. "Si c'est pour combler le trou de l'année 2023, pourquoi pas ? Mais il faut imaginer un système qui ne vive pas de subventions, parce que ce n'est pas pérennisable. Il faut que chacun fasse un effort pour payer un peu plus cher sa viande, peut-être en consommant moins, pour aider à maintenir le seul abattoir au niveau départemental" (2).
"On devrait créer un grand GIP (groupement d'intérêt public) des collectivités locales pour acheter en grand nombre en filière courte"
Alors que les repreneurs d'Alès viande devrait tenter de porter leur tonnage à 900 ou 1 000 tonnes par an - loin, pourtant, de ce qui était précédemment - Christophe Rivenq place aussi un espoir dans une nouvelle régionale apprise hier : "On devrait créer un grand GIP (groupement d'intérêt public) des collectivités locales pour acheter en grand nombre en filière courte. La solution passera aussi par l'achat public." Le premier adjoint de Max Roustan pense aussi qu'il va falloir "recapitaliser les cheptels, car les éleveurs ne vivent pas assez bien de leur travail. Mais on ne va pas subventionner les éleveurs."
Ensuite, si l'équipement est sauvé, dans quelques mois, il sera alors temps de réfléchir à la construction d'une entité plus moderne, estimé à 12 millions d'euros. L'abattoir actuel a 60 ans, et il est dimensionné pour 5 000 tones - "ce qu'on ne fera plus jamais", dixit Christophe Rivenq. Il dispose de trois chaînes, quand une seule suffirait, et impose de maintenir dix-huit postes de travail ouverts. "Mais il faudra trouver une SCIC (société coopérative d'intérêt collectif) pour répondre à la délégation de service public, avec des éleveurs, des bouchers, et des distributeurs investis". Et des subventions, près le moitié de la somme est espérée, "car il va déjà falloir amortir, dans les loyers, les six millions qu'il reste. Nous lancerons l'opération de construction quansd elle sera sécurisée pour les fonds publics". Et, surtout, quand l'avenir financier de l'actuelle société d'économie mixte ne sera pas aussi compromis qu'aujourd'hui.
(1) Un administrateur dont le nom n'avait pas encore émergé au moment de l'entretien avec Christophe Rivenq
(2) Un temps menacé, l'abattoir du Vigan existe toujours et fonctionne bien, en système coopératif, depus 2018 : ce sont les éleveurs eux-mêmes qui abattent leurs bêtes. En revanche, les volumes abattus n'ont évidemment rien à voir avec l'abattoir d'Alès (relire ici)
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