Publié il y a 1 mois - Mise à jour le 10.09.2024 - Coralie Mollaret - 3 min  - vu 779 fois

FAIT DU JOUR Dans le Gard, moins de vin mais de meilleure qualité ?

Cave coopérative de Générac

Cave coopérative de Générac 

- Coralie Mollaret

À cause de la sécheresse et du champignon, le mildiou, la quantité de raisins gardois est plus faible que l’an passé. Une récolte qui soulève des questions sur fond de crise profonde de la profession.

Cave coopérative de Générac, 11H, ce lundi. Devant le conquêt chargé de recueillir le raisin, les camions des viticulteurs patientent. À côté de l'un d'eux, Alain Rouvin, viticulteur depuis 41 ans en Costières de Nîmes, comme son père et son grand-père avant lui qui d'ailleurs, dans les années 20, a participé à créer cette cave. « Nous avons pris rendez-vous à la cave pour décharger le raisin… On attend », confie Alain, un peu stressé. D’ici peuvent sortir jusqu’à 218 000 hectolitres de vin. « Aujourd’hui, c’est plutôt 80 000 », poursuit-il, en référence aux nombreuses crises qui mettent à mal le secteur. 

Un taux de sucre plus élevé 

Soudain, un énorme engin se gare et décharge 13 580 tonnes de grenache. À son bord, Bernard Angelras, adjoint nîmois, mais surtout viticulteur et ex-président du syndicat des Costières de Nîmes. L’agriculteur sort son ticket fourni par la cave, attestant de la bonne réception de la marchandise : « 13 580, donc, à 11% ». « À cause de la sécheresse et du mildiou, nous avons perdu des raisins ! », déplore Bernard Angelras qui, pourtant, a un système d’irrigation : « la vigne se protège en préférant nourrir son feuillage plutôt que faire des fruits ». 

À quelques mètres de là, dans la boutique collée à la cave, le sénateur PS Denis Bouad lève le coude - avec modération-. Comme chaque année, à la fin de l’été, il rencontre les viticulteurs. Cette fois, le socialiste a demandé à sa camarade et nouvelle eurodéputée, Claire Fita, de l’accompagner en sa qualité de membre de la Commission agriculture du Parlement européen. « La France, ce n’est pas que des céréaliers ! », lance Denis Bouad. Traduction : Claire Fita tentera de défendre la cause des viticulteurs qui manifestent régulièrement dans le Gard contre la concurrence espagnole ou encore les normes sanitaires.

Le président de la cave et président des vins IGP (Indication géographique protégée) du Gard, Denis Verdier, s’alarme : « Ce qui est catastrophique cette année, c’est le rendement : 3,2 M d’hectolitres, soit 2,5 M de moins que l’an dernier. On est très inquiet de la faiblesse de la récolte. » Toutefois, les professionnels espèrent que cette baisse sera compensée par la production de l’an passé : « Il y a encore des stocks dans les caves ». Autre lot de consolation et pas des moindres : la qualité et le degré de sucre « qui devrait être plus élevé, cette année, autour de 11% pour les rosés et 13% pour les rouges. »

Le vin, un alcool délaissé ? 

« Ces dernières années, il y a eu une évolution de la consommation », constate Claire Fita, « les gens ont préféré des alcools moins forts comme la bière ». Du coup, certains viticulteurs « qui sont aussi des chefs d’entreprises » tentent de s'adapter au marché « en désalcoolisation leur boisson ou en ajoutant des bulles ». À ces causes « structurelles » viennent s’ajouter à celles liées au dérèglement climatique ou aux maladies des vignes. À Bruxelles, Claire Fita entend donc faire valoir les intérêts des viticulteurs, surtout à l'heure où la PAC (Politique agricole commune) est révisée. 

Denis Bouad, Claire Fita et Denis Verdier
Denis Bouad, Claire Fita et Denis Verdier  • Coralie Mollaret

Denis Verdier en profite pour avancer plusieurs souhaits comme la hausse du revenu des agriculteurs. Ces derniers dépendent soit de l’export de bouteilles, notamment à l’étranger, soit de la vente en vrac à des négociants qui, par la suite, revendent à la grande distribution. Un marché hélas moins rémunérateur. Le débat sur l’arrache avec des primes à la clef est malheureusement toujours à l’ordre du jour : « avec une telle chute de la consommation, nous devons nous adapter », regrette le Gardois.

Les viticulteurs, bien plus que des producteurs de vin, sont également des aménageurs du territoire. Ce sont eux qui nous offrent ces magnifiques paysages du sud de la France. Leur disparition ne serait donc pas sans conséquence sur notre qualité de vie... Gare à ne pas l'oublier.  

Coralie Mollaret

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