Publié il y a 4 mois - Mise à jour le 13.12.2023 - François Desmeures - 4 min  - vu 4912 fois

FAIT DU JOUR Sans chutes de neige, la station Alti Aigoual ne passera pas l'hiver

Un paysage que la station Alti Aigoual souhaiterait voir une bonne partie de l'hiver

- Alti Aigoual

L'équilibre financier de la station du mont Aigoual est plus que fragile, en raison des hausses déraisonnables du coût de l'énergie. Des péripéties ont fortement retardé les travaux que la communauté de communes devait achever au printemps prochain et le volet "4 Saisons" du projet n'a pas pu être développé. Si l'enneigement n'est pas, a minima, similaire à l'année dernière, les gérants actuels ne voient pas d'autre issue que la fin de l'aventure. 

Laurent Monge-Cadet • François Desmeures

En cette avant-saison, la station Alti Aigoual a pu bénéficier de bénévoles pour retirer les pierres des pistes de ski. Ski club et amoureux de la station ont répondu présent. Mais le bénévolat a ses limites. "L'année 2023 n'a pas été satisfaisante, explique Laurent Monge-Cadet, associé dans la gestion de la station. Pourtant nous connaissons une légère hausse du chiffre d'affaires. Mais l'hiver a été en demi-teinte : on a ouvert 21 jours, avec un enneigement partiel, ce qui a fait baisser la fréquentation."

Avec une fréquentation en berne, c'est le chiffre qui a suivi. "Quand on n'a pas de piste rouge, on baisse le prix du forfait. Mais les charges fixes restent les mêmes", poursuit Laurent Monge-Cadet. S'en est suivie une saison estivale "plutôt positive, mais on n'a pas encore clôturé le bilan". Si l'année devrait présenter un bilan proche de l'équilibre, celui-ci est trop fragile en l'état actuel des choses. "Nos charges d'électricité ont été explosées, en étant multipliées par quatre. Pour nous, c'est impossible à gérer bien qu'on ait une consommation en baisse. Mais la facture continue d'augmenter. On est en pourparlers avec EDF mais on est en sursis."

"Si on n'a pas 21 jours de neige cette année, je ne vois pas comment continuer l'activité", tranche Laurent Monge-Cadet. Dehors, ce mardi 12 décembre, il fait 20° au Vigan, et même plus au soleil. "Cet été, on a pourtant bien travaillé, que ce soit pour la restauration ou les gîtes. À Prat-Peyrot, l'accro-filet était en accès libre, pour économiser un salaire." Le food-truck a été supprimé car il allait revenir trop cher. "Mais la fréquentation des vélos a été moins importante et on a vu la baisse du pouvoir d'achat. Et, surtout, on n'a pas ressenti une hausse arriver avec l'ouverture du Climatographe." Qui, lui-même, n'a pas rempli ses premiers objectifs de fréquentation.

L'accro-filet est resté ouvert gratuitement cet été pour économiser un poste de travail • François Desmeures

En fin de saison, soit pendant les vacances de la Toussaint - et alors qu'une météo très favorable drainait beaucoup de monde sur l'Aigoual -  le sort s'est aussi acharné. "On a été obligés d'arrêter une semaine avant", poursuit Laurent Monge-Cadet. La faute à des coupures d'électricité à répétition, "qui intervenaient en plein service". Jusqu'à une dernière, en pleine nuit, qui a ruiné les stocks mis en chambre froide. Des péripéties qui s'ajoutent aux problèmes structurels. 

"On devrait être en fin de travaux... mais les travaux n'ont pas commencé"

Laurent Monge-Cadet, co-gérant de la station Alti Aigoual

"On travaille très bien avec la communauté de communes, anticipe Laurent Monge-Cadet. Le souci, c'est qu'on a repris la station avec un contrat de délégation de service public qui prévoyait des travaux qui auraient dû être finis en mai 2024." Des mises aux normes et réhabilitations qui auraient permis une exploitation plus large de la station, ainsi que de grosses économies d'énergie. "Cela fait donc trois ans qu'on exploite les lieux avec des bâtiments obsolètes et très énergivores. On devrait être en fin de travaux, mais à cause du Covid ou de problèmes d'architecte, les travaux n'ont pas du tout commencé. Et, aujourd'hui, le contrat de délégation de service public n'est pas respecté." 

"La communauté de communes nous aide, excuse Laurent Monge-Cadet. Elle a retardé des loyers, etc. Mais cette déficience nous met réellement en danger. Nous, on a fait des investissements pour remplir notre part du contrat mais celui-ci n'est pas respecté. Si on avait une station refaite, on aurait pu développer l'été." 

"Notre survie tient vraiment à peu de choses"

Laurent Monge-Cadet, co-gérant de la station Alti Aigoual

Tout ceci alors que le volet 4 Saisons de la station bloque lui aussi, comme l'un des associés l'avait raconté à Objectif Gard en juin 2022 (relire ici). "Le Parc national des Cévennes ne veut pas d'activité, déplore Laurent Monge-Cadet. Que ce soit un grand accrobranche ou des pistes de VTT, etc. L'activité 4 Saisons n'a pas bougé. Donc, on s'appuie sur l'activité hivernale. Mais s'il ne neige pas, on arrête après l'hiver." Ce qui mettrait sept salariés, embauchés à temps complet et localement, sur le carreau et aurait évidemment une incidence sur la vallée toute entière. "Quand elle est ouverte, la station rayonne sur la vallée, argumente le gérant actuel, que ce soit pour les producteurs d'oignons, les commerces de Valleraugue ou les Airbnb." 

Laurent Monge-Cadet garde aussi quelque espoir provenant de la communauté de communes Causse Aigoual Cévennes, "qui a repris le dossier pour travailler sur la station 4 Saisons de demain. Mais aujourd'hui, on est seuls quand il faut faire les paies à la fin du mois." Et si Alti Aigoual a pu bénéficier de l'appui technique de stations comme les 2 Alpes ou l'Alpe-d'Huez, la gestion paie encore une année 2019 sans aucune neige et la période Covid. "Depuis, on a travaillé sur des enneigeurs basse pression, qui consomment très peu, on épierre et débroussaille pour ouvrir même si nous n'avons que 10 ou 15 centimètres de neige. Notre survie tient vraiment à peu de choses. Malgré toutes ces péripéties, on est toujours là ! On a prévu d'ouvrir après les vacances de Noël. Mais il faut qu'il y ait de la neige..." Car sans celle-ci, dans un premier temps, le transfert du chiffre d'affaires vers les activités printemps-automne sera déjà compromis. 

François Desmeures

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