GARD RHODANIEN-PONT DU GARD « Les planètes s’alignent » après deux ans de « Territoire d’industrie »

Ce mardi, à l'issue du comité de pilotage
- Thierry AllardEn 2023, l’Agglomération du Gard rhodanien et la Communauté de communes du Pont du Gard étaient intégrées dans le dispositif national « Territoires d’industrie ». Il s’agit du seul territoire labellisé dans le Gard avec Alès Agglomération. Ce mardi, un comité de pilotage stratégique se tenait à Marcoule, l’occasion de tirer un premier bilan des actions engagées pour la réindustrialisation.
« C’est un programme que nous portons ensemble, dans une dynamique partenariale et ambitieuse », commence le président de la Communauté de communes du Pont du Gard (CCPG) Pierre Prat. Avec un but : « faire de l’industrie une levier de relance, de croissance durable et de création de la valeur », poursuit-il, en « faisant le choix d’un développement économique qui intègre pleinement les enjeux de décarbonation, de sobriété. » Et les deux territoires qui ne font qu’un pour « Territoires d’industrie » de rappeler que leur objectif de neutralité carbone est à 2040, là où la loi le fixe à 2050.
Pour y parvenir, l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) a dans l’idée, avec « Territoires d’industrie » de « faire se parler » les différents interlocuteurs, rappelle le chef de projet « Territoires d’industrie » à l’ANCT Alexandre Masse, avec pour but de « sortir des projets concrets ». Le tout en utilisant notamment les « sites clé en main France 2030 », avec un accompagnement resserré. Dans le Gard rhodanien, on compte un « site clé en main », en l’espèce la friche sidérurgique de l’Ardoise, inoccupée depuis 2004.
« Territoires d’industrie nous a énormément servi »
Sur ce site, l’Agglomération veut une vitrine de sa volonté de « transition bas-carbone, d’énergies renouvelables », souligne son président Jean-Christian Rey, en attirant des projets qui oeuvrent dans le domaine sur ce terrain de 48 hectares dont 35 utilisables, relié par la route, le train et le fleuve et hors loi Zéro artificialisation nette. Un appel à projets est en cours jusqu’au 30 juin, et l’Agglomération veut définir le projet lauréat d’ici la fin de l’année pour enfin revoir une activité économique sur ce terrain. « Territoires d’industrie nous a énormément servi pour ce projet », affirme l’élu, qui salue la mobilisation des services de l’État « pour nous indiquer le chemin afin qu’on puisse avancer, ce qui fait toute la différence. » Le sous-préfet d’Alès Émile Soumbo évoquera quant à lui « l’adaptation des services de l’État face aux enjeux du territoire. »
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Jean-Christian Rey l’affirme : « les planètes s’alignent. » Car « l’idée de Territoires d’industrie, c’est d’embarquer tout le monde. » Reste à trouver le biais en matière de transition énergétique. Ainsi, l’hydrogène revient souvent dans les discussions, y compris pour la friche de l’Ardoise. Seulement, les choses semblent se compliquer pour l’hydrogène. Aymeric Canton, qui a signé un rapport sur ce thème pour le CEA, l’affirme : « une industrie s’est développée, mais ça coince aujourd’hui pour passer à un marché, sur le terrain, ça ne suit pas. » Bref, si l’hydrogène n’est pas abandonné, « la stratégie nationale a été révisée en avril dernier, avec des ambitions à la baisse », observe Aymeric Canton. Il préconise, pour faire émerger un écosystème hydrogène sur le territoire, de mener un gros travail d’évaluation des besoins et de leur temporalité.
Reste que d’autres projets en lien avec l’énergie décarbonnée sont déjà dans les tuyaux, à commencer par la 5e visite décennale des réacteurs de la centrale nucléaire de Tricastin (Drôme). La centrale est tête de série pour cette « VD5 », qui vise à prolonger de dix ans l’exploitation de la centrale, et « qui repose sur l’adaptation au changement climatique », pose Denis Brunel, directeur des relations territoriales et de la communication d’EDF Tricastin. Une bonne nouvelle pour les entreprises locales puisque « elles auront un accès plus facile, car on ne va pas travailler au coeur du process », précise-t-il. Autre chantier EDF, plus petit celui-ci, la centrale thermique d’Aramon, à l’arrêt depuis 2016, va être déconstruite « en 2031 », précisera la déléguée territoriale d’EDF Isabelle Martin.
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Côté CEA, « on a du foncier stratégique », avance le directeur du CEA Marcoule Michel Bedoucha, surtout en ces temps de relance du nucléaire. Ainsi, « nous avons quatre demandes de mise à disposition des données pour une étude d’implantation : Newcleo, Thorizon, Nuward et Hexana », précise-t-il.
Énergie, formation, traitement de l’eau
Hors nucléaire, le directeur de l’usine Sanofi d’Aramon a présenté les derniers travaux d’économies d’énergie récemment menés sur le site. « En 2025, nous aurons réduit de 50 % notre empreinte carbone », explique-t-il, tout en affirmant vouloir encore poursuivre les efforts « avec un objectif de moins de 10 000 tonnes de CO2 émises en 2030. »
Chez les plus petites entreprises, on s’active aussi. Anthony Rouméas, de l’entreprise de travaux publics éponyme, a ainsi présenté un projet d’autoconsommation collective de la zone économique de l’Ardoise porté par l’association Port l’Ardoise.
Côté formation, citons l’Université des métiers du nucléaire et son programme de synergie des compétences pour la filière nucléaire, dont « l’objectif est de faire connaître le nucléaire à 1 050 nouveaux apprenants » en région, précise son directeur Philippe Lacognata, et les stages axés sur le nucléaire auxquels participent en ce moment 18 élèves de Seconde du lycée Einstein de Bagnols. Le tout avec la participation du tissu économique local, l’association Cyclium au premier chef.
Citons aussi d’autres projets privés dans le cadre de « Territoire d’industrie », comme celui de Solution de traitement évolutive de déchets pour l’avenir conduit par l’entreprise bagnolaise D&S, qui vise à transposer des compétences nucléaires dans les déchets civils, ou la solution de traitement des eaux usées créée par la startup incubée au CleanTech Booster de la CleanTech Vallée, Greenphage, qui vise à éliminer les bactéries indésirables à l’aide de virus qui s’attaquent uniquement à elles, qui sera expérimenté cet été dans les stations d’épuration de Bagnols et Le Pin.
Pour soutenir l’innovation, la Région et l’État, via la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DREETS), mettent des moyens financiers. Ainsi, depuis le lancement du programme « France 2030 », « fin 2024, 38 milliards d’euros ont été engagés, dont 1,98 milliard d’euros en Occitanie », pose Julien Léglise, chargé de mission développement économique à la DREETS. Sur ces près de 2 milliards, le Gard se classe 3e département d’Occitanie, avec 79,5 millions d’euros d’aides. Un volet régionalisé, abondé pour moitié par l’État et par la Région, a d’ores et déjà injecté 31,8 millions d’euros d’aides en Occitanie, dont 1,42 million d’euros pour le Gard.