Publié il y a 1 an - Mise à jour le 16.10.2023 - Stéphanie Marin, Marie Meunier et François Desmeures - 3 min  - vu 1286 fois

ÉDUCATION Ambiance silencieuse devant les établissements du secondaire au moment d'entrer

Huit policiers en tenue ont sécurisé l'entrée du lycée JBD

- François Desmeures

Horaire inhabituel pour circonstances dramatiquement exceptionnelles, la rentrée s'est déroulée dans le calme devant les établissements gardois. Certains élèves appréhendaient quelque peu cette matinée, en gardant en tête l'hommage à Samuel Paty, assassiné il y a trois ans. 

À Alès

Les policiers, garés à proximité. du lycée Jean-Baptiste-Dumas • François Desmeures

À cinquante mètres de l'entrée du lycée Jean-Baptiste-Dumas, les trois copines gardent le sourire, alors que se gare, derrière elles, un fourgon de la police nationale. Mais leur visage se ferme un peu quand le sujet est évoqué. Bien sûr, elles ont eu vent de l'attentat de vendredi, au lycée d'Arras. "Mais on ne sait pas quoi dire", dit en baissant les yeux l'une de ces élèves de seconde. "Ça peut se produire partout, en vrai, enchaîne sa copine. Ici, quand on se présente au lycée, on y entre comme ça. On voit des collégiens de Diderot ou de Moulin entrer..." Les trois jeunes filles concluent également qu'on "doit aussi se méfier de qui on fréquente". Pour autant, elles ne se sentent "pas en danger". Mais gardent en mémoire la "minute de silence" pour Samuel Paty, comme un souvenir parmi d'autres. Elles étaient alors en 5e. 

Huit policiers en tenue ont sécurisé l'entrée du lycée JBD • François Desmeures

Hugo, lui, s'attend à en parler en classe, tandis que huit policiers en tenue sécurisent l'entrée des élèves ce matin. En alternance, il finit sa cigarette, sur le parvis du lycée, avec Océane. "Ce n'est pas normal que les choses arrivent comme ça, lâche-t-il. Il faudrait que l'entrée dans les lycées soit plus sécurisée. Moi, en alternance, je n'ai même pas la carte officielle pour entrer, mais ça ne pose pas de problème." Tous deux retiennent tout de même, comme une angoisse sourde, que "ça peut arriver partout et à n'importe qui. Je me souviens de l'hommage au collège. La mort de Samuel Paty était choquante, rembobine Hugo. Mais on n'avait pas non plus vu de changement au collège après ça. Même si le collège, c'est de toute façon plus sécurisé."

À Beaucaire

Assis sur un banc au niveau du rond-point de Goya, Yanis A. et Yanis C., 15 ans, patientent avant de retrouver les bancs du lycée professionnel Paul-Langevin à Beaucaire. Ces deux élèves en CAP menuisier fabricant de menuiserie, mobilier et agencement sont "bien sûr touchés par ce qui s'est passé à Arras, même si ça paraît loin de nous tout ça". D'une seule voix, celle de Yanis A., les adolescents comprennent et défendent l'importance de l'hommage national rendu ce lundi à Dominique Bernard, mais aussi à Samuel Paty, "à l'ensemble des victimes de ce genre de crimes. On pense aussi aux familles". Ils y pensent, mais n'en parlent que très peu, même entre amis, "vite fait sur les réseaux sociaux, mais pas plus que ça", leur principale source d'informations restant les chaînes d'information en continu.

À Villeneuve-lez-Avignon

Au lycée Jean-Vilar, les élèves ont repris les cours à 10h ce lundi. Tous ont du mal à mettre des mots sur ce qu’ils ressentent ce matin. “Ça nous touche, mais c’est dur à appréhender. On a une minute de silence à 14h et on va sûrement en parler en cours”, rapporte Ethan, élève en seconde. “C’est compliqué, ce n’est pas imaginable. Trois ans après Samuel Paty...” s’interrompt Ysolde, elle aussi en seconde. Plusieurs lycéens disent en avoir brièvement échangé avec leurs parents en regardant les informations télévisées. “C’est un acte odieux. Forcément, on a un peu plus peur mais on n’en a pas parlé plus que ça”, atteste Wael. Et son camarade Gaspard de rebondir : “On se dit que ça peut arriver”, tandis que Sacha voit mal un fait aussi grave survenir à Villeneuve-lez-Avignon.  

Devant le lycée Jean-Vilar de Villeneuve-lez-Avignon, ce matin.  • photo Marie Meunier

Christelle, une maman de Rochefort-du-Gard de 6 enfants, a déposé en voiture de deux de ses filles au lycée Jean-Vilar ce matin. Elle estime qu’il faudrait davantage de sécurité dans les établissements scolaires, même si à l’entrée de l’établissement villeneuvois, des portiques ont été installés.

L'attentat à Arras a particulièrement touché ses enfants, notamment sa fille de 19 ans, en BTS dans un lycée à Narbonne : “Elle est partie en pleurs au train hier soir. Elle se demandait ce qu’elle devait faire, si elle devait acheter une bombe lacrymogène. Mon autre fille veut faire de la boxe. Le covid a déjà fait beaucoup de mal aux enfants, qui se sont renfermés sur eux-mêmes. On les replonge dans un climat anxiogène.”

Christelle s’interroge : “Comment faire grandir nos enfants dans ce contexte, quel avenir pour eux ? Ils ne savent pas s’ils doivent sortir ou pas et […]. On ne sait pas comment les aider.” Elle questionne aussi le rôle des enseignants qui doivent, en plus de leur travail, “panser les maux” des élèves : “Il faut que la France réagisse maintenant.” 

Stéphanie Marin, Marie Meunier et François Desmeures

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