FAIT DU SOIR L'école associative de Montclus Le Tourrihou veut créer un collège
Septembre 2015 marquait la première rentrée scolaire à l'école associative du Tourrihou de Montclus, un village de 200 âmes dans la vallée de la Cèze. Aujourd'hui, l'équipe bénévole a pour projet de créer un collège dans le Gard rhodanien.
Pas de sonnerie stridente, pas de notes, pas de devoirs. La petite école associative du Tourrihou au cœur du village de Montclus est bien différente des établissements scolaires classiques. Elle a ouvert en septembre 2015 par la volonté de trois mamans. Parmi elles, Marie Mazille qui est aujourd'hui la directrice bénévole de l'école associative : "Quand ma fille a été en âge d'aller à l'école, je n'avais pas envie qu'elle se retrouve dans une classe avec 30 enfants. Tous sont noyés dans la masse, le rythme de chacun n'est pas respecté", estime-t-elle.
Elle et deux autres mamans ont alors eu l'idée de créer leur propre école, dans leur village à Montclus, dans le bâtiment qui renfermait en fait l'ancienne école publique du village fermée il y a 45 ans. Avec le soutien de la municipalité et des bénévoles, l'édifice a été rénové et classé en ERP (établissement recevant du public). Les maternelles sont en bas dans un espace de 150m2, tandis que les élèves de CP à CM2 étudient à l'étage. L'école du Tourrihou emploie deux pédagogues, "qui sont des personnes avec de l'expérience et habilitées à travailler auprès des enfants", précise Marie Mazille. Les deux enseignants sont tenus de suivre le programme de l'Éducation nationale (*) : "Notre école associative est aussi soumise à des inspections. On en a déjà eu deux où cela s'est bien passé avec quelques petits points à retravailler", rassure-t-elle.
Redonner de la vie au village
Elle a bien conscience que l'étiquette "école alternative" peut soulever des a priori. Dans un rapport du Comité national d’action laïque (Cnal) de 2022, des établissements scolaires hors-contrat sont d'ailleurs pointés pour de graves dérives. La directrice insiste sur le fait que le Tourrihou est laïque et qu'on y retrouve "les mêmes apprentissages qu'à l'école publique mais de manière différente". Le salaire des enseignants sont versés grâce aux cotisations des parents qui s'élèvent à 250 € par mois. Tout le monde ne peut pas se le payer, mais l'association fait ce qu'elle peut pour rester la plus accessible possible et maintenir des petits effectifs dans les classes.
"L'école est maintenant ouverte depuis presque dix ans. Il y a eu un petit passage à vide en termes d'inscrits et du turnover mais ça a l'air de se stabiliser. Je n'ai jamais eu d'écho défavorable et je sais que la première inspection s'était bien passée", indique le maire de Montclus, Benoît Trichot. Lui y voit "quelque chose de positif pour le village car on ne peut pas avoir d'école publique. On voit les enfants dans les rues, ça donne de la vie dans notre commune assez reculée."
Une école de "la respiration" ?
Cette année, la petite école compte une vingtaine d'enfants de 3 à 11 ans venant des villages environnants mais aussi de Connaux, Bagnols-sur-Cèze, Barjac ou d'Ardèche. Il faut dire que le Tourrihou adopte une organisation à part. La matinée est consacrée aux enseignements, l'après-midi à des ateliers multi-âges comme les arts plastiques, le sport, le potager, l'écriture du journal de l'école ou de cartes postales. "Savoir lire, écrire et compter, c'est important. Mais on considère qu'apprendre à vivre ensemble, à s'écouter ou à faire pousser les plantes, ça l'est aussi", souligne la directrice.
Deux fois par semaine, les élèves vont pique-niquer dehors, dans ce village classé parmi les plus beaux de France. Le reste du temps, ils se chargent eux-mêmes des tâches comme réchauffer les déjeuners et de remplir le lave-vaisselle. Le mardi, ils font classe en plein milieu de la forêt, même en hiver. "On est une école associative, privée et laïque. On se rapproche de la pédagogie Freinet, situe Marie Mazille. On prend souvent un sujet qu'on décortique pour aborder différentes matières. Si on va à la rivière, on voit des cailloux, on se demande pourquoi ils sont là, quelle matière les constitue et on les additionnes pour faire des maths..."
Au Tourrihou, les enfants se concertent et décident des choses ensemble plusieurs fois par jour. "Ma fille a été en petite et moyenne sections à l'école publique en région parisienne. Je l'ai ensuite mise ici. Le soir de son premier jour, elle m'a dit alors qu'elle avait 4 ans : "cette école, c'est la respiration". Elle a maintenant un certain niveau de confiance en elle, elle n'a pas peur de s'adresser aux adultes", témoigne Stéphanie Bondoux, une maman qui est depuis devenue trésorière de l'association "Grandir ensemble" qui gère l'école. Joëlle, une autre maman d'Issirac, ne tarit pas d'éloge non plus : "C'est une école géniale. Ma fille est maintenant au collège et s'est bien adaptée. Elle a 15-16 de moyenne."
"Je n'arrivais plus à être là pour chaque élève"
Mila et Taïssa, toutes les deux âgées de 10 ans, sont bien contentes d'être scolarisées au Tourrihou : "On a un peu plus de liberté, on ne reste pas assis toute la journée derrière un bureau", confie la première. "Nos amis en école classique disent qu'ils s'ennuient, ils aimeraient plutôt être ici", rebondit la seconde. La philosophie de cette école a aussi convaincu Léa Sonzogni, une des deux pédagogues. Elle qui a enseigné 6 ans à l'Éducation nationale, a retrouvé un nouveau souffle : "La dernière classe où j'ai travaillé à Nîmes comptait 31 élèves de CM2. Je n'arrivais plus à être là pour chaque élève. En plus, on se retrouve de plus en plus face à des enfants en difficulté. Certains ne sont pas toujours accompagnés car les AESH manquent. Je ressentais de la frustration, du découragement", témoigne-t-elle.
Elle conclut : "Ici, on a les moyens d'être là pour chaque enfant. Les élèves sont contents de venir, ils sont créatifs et ont envie d'apprendre. C'est même eux qui demandent des devoirs. Les résultats sont plutôt meilleurs. On suit le programme de l'Éducation nationale. Si on voit qu'une compétence n'est pas acquise, on peut passer plus de temps ou moins. Chacun apprend à son rythme." Libre aux parents d'adhérer ou non.
Plus d'informations sur le site ecoletourrihou.com/ ou par mail à association.grandirensemble@gmail.com.
(*) Contacté à ce sujet, le rectorat n'a pour l'heure pas répondu à notre sollicitation.
Un projet de collège ?
L'association "Grandir ensemble" qui gère l'école du Tourrihou a maintenant pour projet d'ouvrir un collège sur les mêmes fondements et statuts, à la rentrée de septembre 2024. L'idée serait que l'établissement accueille une quinzaine d'enfants de 11 à 15 ans. L'équipe recherche donc un local à louer entre 50 et 100m2, avec point d'eau, toilettes et espace extérieur si possible, de préférence dans une plus grande ville du Gard rhodanien. L'association se chargerait du recrutement de professeurs diplômés.
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