Publié il y a 3 mois - Mise à jour le 24.01.2024 - Propos recueillis par François Desmeures - 3 min  - vu 3784 fois

L'INTERVIEW Emmanuel Dumas, commissaire d'Alès : "Ce qu'on voit monter, ce sont les conduites sous stupéfiants"

À gauche, le commissaire Emmanuel Dumas lors du contrôle routier de ce lundi, au rond-point des Allemandes

- François Desmeures

Une opération de contrôle de police d'envergure s'est déployée, ce lundi après-midi, sur les ronds-points du Moulinet et des Allemandes, à Alès. L'occasion d'échanger avec le commissaire divisionnaire d'Alès, Emmanuel Dumas, sur les infractions les plus souvent relevées dans sa circonscription.

Le commissaire divisionnaire Emmanuel Dumas lors de sa prise de fonction alésienne, en mai dernier • François Desmeures

Objectif Gard : Combien de policiers sont mobilisés sur une opération telle que celle de ce lundi ?

Emmanuel Dumas : Nous sommes plus d'une vingtaine du commissariat d'Alès, de la police municipale d'Alès, renforcés par des motards nîmois. Le routier reste une matière fondamentale, que ce soit pour sanctionner la délinquance que pour la visibilité que cela nous donne. L'idée, aujourd'hui, c'est aussi d'être dans la pédagogie avec les gentils, c'est-à-dire ceux qu'on ne retrouve pas régulièrement au niveau des infractions routières. Et on est plus dans la répression avec ceux qui sont des habitués, qu'on a en récidive. 

"12% de délits en plus"

Être en milieu aussi urbain, où les voitures roulent rarement vite, c'est une stratégie de votre part ?

Il est certain que si on veut effectuer des contrôles de vitesse, on ne se mettra pas ici. On contrôle plutôt les taux d'alcoolémie, ou les défauts de permis, qu'ils soient administratifs ou judiciaires.  

François Desmeures

Combien de décès dûs à la route en zone police l'année dernière ?

Sur Alès et Saint-Christol-lès-Alès, nous avons eu une personne tuée - ce qui est évidemment trop - contre sept l'année précédente. C'est l'année la plus faible. Ce qui n'est pas une raison de crier victoire pour autant. Ce sont des paramètres que nous ne maîtrisons pas entièrement, bien évidemment. Nous connaissons aussi une baisse du nombre d'accidents, avec un peu moins de 50 ayant entraîné des dommages corporels. On compte, en revanche, 12 % de délits en plus. Et ce qu'on voit monter, en matière de délinquance routière, ce sont les conduites sous stupéfiants : il y a trois ans, elles représentaient un tiers du total des alcoolémies. Aujourd'hui, c'est la moitié. Grâce à un meilleur dépistage, certes, mais aussi énormément à cause d'une diffusion de la pratique. 

La police aurait-elle besoin de se re-montrer, après une grosse opération de contrôle à Nîmes, la semaine dernière, et celle-ci aujourd'hui ? Après la mobilisation des policiers sur les manifestations contre les retraites, l'impression était de moins vous voir au bord des routes...

Au printemps, on y était peut-être moins. Mais sur l'année, on finit tout de même à + 12 % de notre activité routière. 12 % en délits, et + 10 % sur toute notre activité de contrôle. On est donc en augmentation sur l'année 2023. Après, la visibilité, sur un axe aussi fréquenté qu'aujourd'hui, est importante. 

Le fait que vos deux points de contrôle se trouvent en bordure des quartiers des Cévennes, notamment connu pour subir la présence d'un point de deal, c'est une volonté de votre part ?

Nous travaillons d'autres manières sur ce quartier. Mais là, c'est aussi un moyen de contrôler, de réguler les flux sur l'entrée des quartiers, notamment en ce qui concerne les consommateurs. Malheureusement, ces points de deal tiennent beaucoup à la présence de consommateurs... Et puis, ici, on est sur un point stratégique, entre le sud et le nord de la circonscription. 

"Une trentaine de refus d'obtempérer en 2023"

Faites-vous toujours plus face à des refus d'obtempérer de la part des citoyens ?

On en a connu à peu près autant que l'année 2022, soit une trentaine de refus d'obtempérer. Un peu moins d'un par semaine. C'est un très légère baisse, mais ça reste à des niveaux beaucoup plus élevés que ce qu'on avait il y a 5 ou 10 ans. On a passé un cap. 

Le test pour détecter les stupéfiants est-il désormais monnaie courante ?

Effectivement, on en détecte plus parce qu'on a plus de moyens. Auparavant, les kits de contrôle étaient plus coûteux et on les délivrait au compte-gouttes. Aujourd'hui, ils se démocratisent et entrent, de facto, dans les pratiques des personnels de police. Et des contrôles routiers - certes plus petits qu'aujourd'hui - on en fait tous les jours. 

Une centaine de véhicules contrôlés

L'opération de ce lundi après-midi se voulait plus pédagogique que répressive. Ce qui n'a pas empêché les fonctionnaires d'effectuer une centaine de contrôles. Un usage de stupéfiants, un taux d'alcoolémie trop élevé et un défaut de permis ont été relevés. Plusieurs dizaines de procès-verbaux ont aussi été établis, "notamment pour de la vitesse", précise le commissaire Dumas. Soit une quarantaine d'excès relevés, dont un atteignant les 95 km/h sur une portion limitée à 50 km/h.

Propos recueillis par François Desmeures

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