En avril dernier, Boris Urbain s’était lancé dans une aventure ambitieuse avec sa meilleure amie de l’époque : ouvrir un bar musical en plein centre-ville. Une idée née d’une passion commune pour la fête et la convivialité. Mais l’histoire du "BM", si elle continue de s’écrire, s’écrit désormais sans lui. Des divergences sur la gestion de l’établissement ont eu raison de leur collaboration. Quand Boris aimait partager un verre — toujours avec modération — et discuter avec les habitués, sa partenaire préférait une approche plus discrète. Une vision opposée qui a conduit à leur séparation, entraînant même une fermeture temporaire du bar.

Pour Boris, pâtissier chevronné fort de plus de trente ans d’expérience, le projet initial ne résonnait plus avec ses valeurs. Alors, il a décidé de tourner la page, mais pas seul. Cette nouvelle aventure, il l’a imaginée avec Sylvia, sa compagne. Ensemble, ils ont donné naissance en septembre dernier au « Happiness », un restaurant et bar à tapas idéalement placé dans la Grand Rue à Alès. Pensé comme un cocon, les murs racontent la vie, ornés de photos d’amis, tandis que la décoration respire le vécu. « Si vous venez chez nous, c'est la même déco » plaisante Sylvia. D'ailleurs, cette authenticité se retrouve jusque dans la cuisine ouverte, élément central du concept. « Le but, c’est de cuisiner devant les gens », explique Boris, une idée qu’il rêvait de concrétiser depuis une vingtaine d'années. Une cuisine ouverte qui rappelle ces fameuses soirées entre proches où l’on partage bien plus qu’un repas. Justement, chez Boris et Sylvia, le moindre visiteur est accueilli comme un invité qu’on reçoit chez soi, un ami. « Ils rentrent, ils nous serrent la main, ils ressortent, on se fait la bise », résume le co-gérant, sourire aux lèvres.

Une carte bio et locale

Le midi, le Happiness, qui aurait pu s'appeler « Comme à la maison » d'après Boris, adopte le format d’un restaurant traditionnel. Du lundi au samedi, la carte change chaque semaine pour mettre en avant des produits locaux et bio : oignons doux des Cévennes, pommes reinettes du Vigan, vins de la coopérative de Tornac, bières artisanales d’Alès… « Le plus loin qu’on va chercher, c’est à Gallician pour le vin », précise Sylvia. La cuisine repose sur la fraîcheur, avec des ingrédients achetés chaque matin sur le marché local. Ici, pas de frigo. La carte, volontairement réduite, propose deux entrées, deux plats et trois desserts. « On privilégie la qualité et un service attentif, avec seulement 18 couverts le midi », précise Boris.

Le soir, place aux tapas... et à la fête

Quand vient le soir, du mercredi au samedi, le Happiness change de visage. Il devient alors un bar à tapas. De 18 heures à 1 heure du matin, les assiettes à partager et l’ambiance festive attirent une clientèle variée. « Ce n’est pas un restaurant calme, surtout pas le soir », note une nouvelle fois Boris. Les « Jeudis Happiness », point d’orgue de la semaine, proposent des soirées thématiques qui ne laissent pas indifférents : soirée choucroute, raclette à volonté, menus élaborés ou événements mettant à l’honneur les produits du terroir. Le soir venu, l’établissement peut accueillir jusqu’à 70 ou 80 convives. Malgré l’affluence, Boris et Sylvia tiennent à préserver une ambiance décontractée et un accueil personnalisé. « À 1 heure du matin, c’est parfois difficile de faire partir les gens », plaisante Boris, amusé par l’engouement des noctambules. Une ferveur qui n’échappe pas aux voisins de l’étage, peu habitués à une telle agitation sous leurs pieds.