ALÈS Paul Planque s’avance prudemment vers 2026
Bien qu’il n’ait pas encore officialisé sa candidature aux municipales de 2026, Paul Planque, élu communiste d’opposition à la mairie d’Alès, se dit « prêt à œuvrer pour le rassemblement le plus large possible » afin de contrer « le risque d’une percée du Rassemblement national » sur Alès.
Il pèse ses mots avec soin, soucieux de la justesse des formules. Pourtant, à travers les subtilités de son discours, il semble difficile de ne pas entrevoir une déclaration d’intention. Sans prononcer clairement le mot « candidature », Paul Planque, le leader du Printemps alésien, groupe d’opposition à la mairie d’Alès, laisse entendre qu’il pourrait être en lice pour les élections municipales de 2026. « Aujourd’hui, je suis le leader du Printemps alésien et je dis que nous sommes prêts. La désignation précise au sein du rassemblement est une autre étape, mais en tant que responsable, je me rends disponible pour travailler à ce projet collectif », confie l'élu d'opposition. Déjà candidat lors des municipales de 2020, où il avait recueilli près de 23 % des suffrages (1 941 voix exprimées), Paul Planque se prépare, s'il est nommé candidat officiel, à affronter un scrutin qui s’annonce bien différent de celui six ans plus tôt.
Et pour cause, l’échéance de 2026 pourrait bien marquer un véritable tournant. Max Roustan, maire de la cité cévenole depuis trois décennies, envisagerait de céder la place à son premier adjoint et président de l'Agglomération, Christophe Rivenq, avant que ce dernier ne se présente à son tour. Une passation de pouvoir qui pourrait rendre le scrutin plus disputé. Jusqu’ici, Max Roustan a bénéficié d’une forte adhésion électorale, laissant peu de place à l’opposition. C'est précisément dans ce contexte que Paul Planque entend jouer la carte du rassemblement, élargissant ses soutiens au-delà des frontières partisanes. « Je suis disponible pour mener, pour élargir la réflexion au-delà de nos rangs actuels », affirme-t-il.
L'exemple des législatives anticipées
Pour appuyer sa stratégie, Paul Planque évoque l'alliance survenue lors des dernières législatives anticipées. Catherine Daufès-Roux, ex-députée LREM et ex-candidate Renaissance, avait alors rejoint Michel Sala, candidat NFP/LFI, dans un front commun contre le Rassemblement national. Une démarche qui semble inspirer l’élu d’opposition. « Quand le danger du RN se présente, quelqu’un comme Catheris Daufès-Roux capable de s’affranchir des positions officielles de son organisation politique pour soutenir un député NFP/LFI, ça compte. Est-ce que localement on lui dit "merci, mais on ne veut plus entendre parler de toi" ? Non, ce n’est pas ma façon de faire. »
Néanmoins, Paul Planque reste prudent dans ses propos, fidèle à son souci du poids des mots. « Pour une gestion municipale, on doit se mettre d’accord sur des valeurs partagées. Mais attention, je ne dis pas qu’elle sera dans la liste. » Une ligne qu’il se garde bien de qualifier de stratégie politique, préférant souligner l’importance de poser des fondations communes : « Commençons à travailler nos valeurs partagées. Après, on pourra passer à des alliances électorales et politiques. Mais ne faisons pas des accords entre partis politiques. Demandons-nous quelles valeurs nous unissent. Si elles s’avèrent plus fortes que celles qui nous divisent, alors nous pourrons travailler ensemble. Et sur Alès, je crois que ce dépassement des clivages partisans est possible. »
L’hypothèse Arnaud Bord
Si le nom de Catherine Daufès-Roux est évoqué comme exemple, un autre semble cette fois incontournable lorsque l’on parle de rassemblement autour de Paul Planque : celui d’Arnaud Bord. Ancien membre du Printemps alésien, cet ex-candidat NFP/PS aux législatives anticipées avait quitté le groupe d’opposition en raison de différends internes. Les deux hommes, malgré leurs divergences passées, entretiennent une bonne relation personnelle. La question de leur collaboration dans le cadre des municipales reste cependant en suspens. Mais Paul Planque n’exclut rien, mais conditionne tout à un accord commun et à des discussions approfondies : « J’ai eu Arnaud (Bord, NDLR) au téléphone depuis. Il reste un ami. Et il m’a lui-même dit que cela ne veut pas dire pour autant qu’il ne reviendra pas au Printemps alésien. De mon point de vue, la situation est ouverte sur la présence du Parti socialiste au Printemps alésien. » Paul Planque va même plus loin en utilisant une métaphore pour illustrer sa vision de l’union politique : « Le Nouveau front populaire (auquel adhère le PS que représente Arnaud Bord, NDLR) est aujourd'hui le noyau dur du Printemps alésien, c’est la théorie des ensembles. Un partenaire s’est éloigné, mais il reviendra à la maison. »
Tourné « vers l'avenir d'Alès »
Plutôt que de s’engager dans une confrontation directe avec ses adversaires, Paul Planque semble vouloir, si sa candidature est confirmée – attention aux mots – orienter la campagne municipale vers les enjeux de fond. Avec une priorité, celle de « préparer l’avenir d’Alès tout en contrant la progression du Rassemblement national (RN). » « Mais n’attendez pas de moi que la campagne municipale soit une campagne punching-ball. Ce qui m'intéresse, c'est parler de l'avenir d'Alès », affirme-t-il, tout en alertant sur le « risque certain » que représente un RN désormais mieux structuré et capable de mobiliser. Avec des résultats significatifs dans plusieurs bureaux de vote alésiens lors des législatives, l’élu d’opposition considère ce danger comme un enjeu central du scrutin de 2026.
S’il reconnaît les 30 années de gestion de Max Roustan aux commandes de la mairie d'Alès, Paul Planque se montre plus critique à l’égard de Christophe Rivenq, potentiel successeur désigné. « Quoiqu’on pense de Max Roustan, il a bénéficié de la confiance des Alésiens pendant trois décennies. Christophe Rivenq, lui, n’a jamais été véritablement en responsabilité directe. Il n’a jamais été élu en son nom propre. » Selon lui, la continuité représentée par le premier adjoint à la mairie d'Alès risquerait d’enfermer la municipalité dans une « routine » qui freinerait l’innovation et limiterait la participation citoyenne. Toutefois, Paul Planque précise qu’il n'adoptera pas une posture ouvertement « anti-Roustan » ou « anti-Rivenq ». Il n’en reste pas moins critique sur les orientations idéologiques : « Christophe Rivenq demeure un homme de droite, même s’il tente d’atténuer cette image. »