Publié il y a 1 an - Mise à jour le 22.12.2022 - Propos recueillis par François Desmeures - 4 min  - vu 4553 fois

L'INTERVIEW Jean-Charles Bénézet, maire de Saint-Christol-lès-Alès : "Le contournement enlèvera plus de la moitié des véhicules du centre-ville"

Le maire de Saint-Christol-lès-Alès, Jean-Charles Bénézet

- (photo François Desmeures)

Le 10 décembre, les opposants au contournement de Saint-Christol-lès-Alès annonçaient déposer deux recours contre le projet vieux de 70 ans mais dont une nouvelle enquête publique, favorable, s'est achevée fin 2021 (relire ici). Le maire, Jean-Charles Bénézet, reste convaincu que l'infrastructure sera utile pour désengorger le centre ville tout en maintenant les commerces. Entretien. 

Objectif Gard : Le projet de contournement du centre de la commune date de 70 ans. A-t-il été repris depuis ?

Jean-Charles Bénézet : Dans les grandes lignes, non, il n'a pas changé. D'après la légende, il y avait un vieux projet qui partait plutôt côté Gardon mais il a vite été abandonné, du fait de la zone inondable. Le parcours actuel est robuste depuis très longtemps, d'ailleurs les terrains sont gelés et inconstructibles depuis plus de 60 ans. S'il y a des maisons sur le parcours, elles datent de plus de 70 ans. 

"C'est une opposition de riverains"

Selon vous, quel intérêt présente ce contournement pour la commune ?

Même la question est surprenante... L'intérêt est majeur, il faut vivre dans Saint-Christol pour s'en rendre compte. Souvent, je prends l'image de la grenouille dans l'eau, qu'on monte régulièrement d'un degré, et qui, petit à petit, meurt sans s'en rendre compte. C'est un peu comme le centre-ville de Saint-Christol, où on compte un nombre de véhicules de plus en plus important. Le coeur de centre-ville se meurt, tout doucement, par cet afflux de véhicules. Et, au-delà de Saint-Christol, c'est pour l'ensemble du territoire. C'est pour cette raison-là que le projet est porté par Alès Agglomération. C'est un projet de territoire pour le coin le plus pollué d'Alès Agglo, et dans le top 3 ou 5 sur le département du Gard. On assiste à une opposition de riverains : si le projet se faisait à deux ou trois kilomètres de chez eux, ils seraient probablement ravis. 

L'élargissement de la Vieille route d'Anduze, toujours dans les cartons, ne suffirait pas à remplir cette mission de désengorgement ?

C'est toujours en projet mais il n'a pas avancé. Il y aussi eu une enquête publique par le passé. Ce sont deux choses différentes et la Vieille route d'Anduze est une départementale, c'est peut-être pour ça que ça n'a pas avancé. L'intérêt que je vois, avec le contournement, serait de redonner à la Vieille route d'Anduze sa vocation première : être une petite départementale et on pourrait aller y faire des investissements plus sérieux en termes de déplacements doux. On pourrait y rouler tranquillement, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. 

"Plus de 20 000 véhicules par jour et 5 000 camions, ce n'est pas rien !"

Le désengorgement du centre, ne craignez-vous pas qu'il provoque une désaffection des commerces, voire la mort de certains, par manque de passage ?

Eh bien non, toute la subtilité est là. Ce contournement contient trois sections : la première va du rond-point de la Luquette jusqu'au rond-point Laffont et lycée Jacques-Prévert. À mon sens, ce tronçon a peu d'intérêt, ça roule très bien. Mais il existe sur les plans. La deuxième section, du rond-point Laffont à la cave coopérative et Coudène, sur la route d'Anduze, c'est celle-ci qui a un véritable intérêt pour le centre-ville. Et, enfin, le dernier tronçon relierait la route d'Anduze à celle de Montpellier. Et, ici aussi, je ne vois pas l'intérêt. En ne faisant que le deuxième tronçon - là où on retrouve le plus d'opposants, ce n'est pas un hasard - on enlève plus de moitié des véhicules du centre. Et on ne tue pas le centre-ville : aujourd'hui, l'avenue du Général-de-Gaulle, ce sont plus de 20 000 véhicules par jour et 5 000 camions, ce n'est pas rien ! Avec le projet d'aménagement du centre, on retrouverait enfin une qualité de vie et l'envie de s'y arrêter. 

Le rond-point de la Pyramide, éternel point noir de la circulation dans le centre de la commune et espace le plus pollué de l'agglomération, selon le maire • (photo François Desmeures)

Les opposants évoquent, comme solution première, la suppression du feu qui bloque la circulation au-delà de la pyramide...

Et on met quoi ? Si un feu a été mis, c'est parce qu'à l'époque, déjà, la municipalité n'avait pas trouvé mieux. C'est un carrefour très embêtant où il y a tous les axes. On peut tout imaginer, mais pour un rond-point, on n'a pas le foncier. 

"L'enquête publique, le conseil municipal l'a approuvée à l'unanimité"

Le sujet des terres agricoles était moins prégnant il y a 70 ans. Aujourd'hui, les opposants parlent de 21 hectares de terres agricoles endommagées. N'est-ce pas anachronique alors qu'une loi vise désormais à ne pas artificialiser les sols ?

Non pas du tout, entre autres parce que ceux qui sont installés là ne le sont pas depuis plusieurs générations. Notre slogan, c'est "une ville à la campagne", ce qui veut bien dire qu'on est en ville maintenant, à Saint-Christol, tout en gardant une qualité de vie. Mais ceux qui ont 200 bêtes (relire ici), c'est bien eux qui les ont fait venir en sachant qu'ils étaient sur le parcours du contournement, déjà à l'époque. Et concernant l'agriculture et l'environnement, ces sujets faisaient partie de l'enquête publique qui s'est terminée fin décembre 2021. ce n'est pas moi qui le dis : le commissaire-enquêteur, qui est neutre, a bien donné un avis favorable sur ce volet-là. Les données environnementales et agricoles ne sont pas dépassées, elles datent de l'enquête publique, pas de 70 ans. Il y a eu trois avis favorables sur les trois de l'enquête publique : le volet environnemental, sur la nature départementale de la voie, et sur l'intérêt général de l'infrastructure. Et puis, il faut savoir que sur l'enquête publique, le conseil municipal a eu à donner son avis et il l'a donné à l'unanimité, bien qu'il y ait trois groupes politiques. 

Que vous inspirent, du coup, les recours déposés par les opposants ?

Je suis très légaliste, ce n'est pas interdit de poser un recours. Mais il faut être un peu sérieux, il y a un projet d'intérêt général et c'est mon combat de tous les jours de défendre l'intérêt général contre l'intérêt particulier. On en a, ici, un exemple type du contraire. Ça ne me surprend pas, c'est sociétal : dès qu'on annonce un projet, il y a toujours quelqu'un de contre parce que ça ne l'arrange pas lui. Mais ça arrange la commune et l'agglo. 

Avez-vous reçu des garanties sur le financement de la part de la Région et du Département ?

Il nous manque encore une garantie : j'en parlais ce mardi avec la présidente du Département, qui est venue dans la commune. Le Département est d'accord, l'Agglo est porteur de projet, donc est d'accord. Il manque à relancer la Région, troisième partenaire, puisque le financement doit être répartie en trois tiers. La Région s'était engagée à l'époque, on va leur dire de ne pas nous oublier. 

Propos recueillis par François Desmeures

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