Publié il y a 1 an - Mise à jour le 14.12.2022 - François Desmeures - 3 min  - vu 1236 fois

SAINT-CHRISTOL-LÈS-ALÈS Le contournement envisagé, une saignée dans la propriété agricole de Sonia et Marc

François Desmeures

Parmi les 21 hectares de terres agricoles impactées, les trois hectares de Sonia et Marc Luffroy-Ravel seraient divisés de près de la moitié si la déviation de Saint-Christol-lès-Alès se fait. Ce serait la fin de leur arche de Noé et de leur idéal de vie qui va avec.

Sonia et Marc possède trois hectares à proximité de la Vieille route d'Anduze • François Desmeures

Depuis 2009, Sonia et Marc ont réinvesti une partie des terrains des grands-parents de Sonia. Ils détenaient, il y a bien longtemps, une emprise foncière qui englobait alors le hameau de Boujac. La famille a divisé les lieux, certains terrains se sont vendus, mais trois hectares restent la propriété de Sonia, qu'elle a réinvesti en changeant de vie, quittant Marseille pour ce patrimoine familial. 

700 familles concernées

Depuis 70 ans planent sur ces terrains le projet d'un contournement de la commune. 70 ans... La durée d'une vie humaine qui ne peut évidemment pas réfléchir à l'échelle des projets structurants décidés par les politiques, et de leur éventuelle remise au goût du jour. Alors que le centre-ville connaît un engorgement aux heures de pointe - dû à la présence du feu rouge au croisement de la départementale et de la route de Montmoirac, selon les opposants - le projet de déviation est ressorti des placards. Et la menace s'est faite plus précise pour 700 familles le long du parcours, dont Sonia et Marc Luffroy-Ravel. 

Car depuis que leur fille, atteinte d'un syndrôme extrèmement rare, a dit à la fin de sa 3e qu'elle voulait des chêvres, les parents ont commencé à faire évoluer la propriété. Aujourd'hui, le couple entretient une quarantaine de chêvres, dont les fromages partent à la fromagerie des Loubes de Montignargues. "On a fait à notre façon, détaille Sonia qui bénéficie d'un agrément européen, en élevant les animaux dans le respect de l'animal, en rentabilisant un minimum."

Puis, un chien a atterri à la maison. Puis un autre. "On a aussi fait beaucoup de sauvetage." Le couple entretient, en plus des individus sauvés, un petit élevage de lévriers italiens, un autre de dalmatiens, quelques chats de race (de Sibérie notamment), un lama (maltraité par un cirque), un cochon, des poules, des canards, des daims, un poney et un âne. Avec une route à quatre voies au milieu, c'est la fin de l'exploitation, la fin du rêve du couple et de l'activité pour leur fille, visiblement ravie d'évoluer dans une antre aussi vivante. 

Trois dalmatiens issus du petit élevage • François Desmeures

"Notre vétérinaire vient au moins deux fois par semaine, on travaille avec la chambre d'agriculture en recevant de jeunes exploitants en stage, les maisons familiales et rurales ainsi que le lycée agricole de Meynes nous envoient aussi des stagiaires, poursuit Sonia. Sur les trois hectares, on est sûr qu'un s'en va." Des terrains qui seront parfois traversés par les voies. "Avec des mini-bouts de terrain ici et là, qu'est-ce qu'on va faire ?"

La situation est d'autant plus incompréhensible pour Sonia que la commune avait déjà acheté des terrains pour agrandir la Vieille route d'Anduze, très fréquentée aux heures de pointe pour éviter le centre village, terrains qui lui appartiennent encore. Or, rien n'est fait depuis des années. Trois routes traversent ou bordent le village dans le sens nord-sud, quatre si on ajoute la 106. La déviation viendrait en ajouter une autre, dédoublant l'ancienne route d'Anduze, créant un nouveau grand rond-point un peu plus loin que la cave coopérative, à deux pas de celui nouvellement bâti au croisement de la route de Lézan. 

"On nous demande à nous, particuliers et professionnels, de faire des efforts en matière d'écologie, et on va poser une quatre voies avec bassins de rétention, bitumes et sept ronds-points ?" Sonia peine réellement à comprendre la logique et, comme les autres opposants, s'interroge sur l'opportunité de ressortir ce projet, au moment où la carrière de Bagard souhaite s'étendre et que les camions qui en sortent n'ont pas d'accès direct à Alès. Une carrière dont la production compose aussi les routes. Un cercle vicieux ou vertueux, en quelque sorte. Entre les deux adjectifs, Sonia et Marc ont choisi. 

Au bout de la rue, à la sortie de la commune, l'emplacement d'un des futurs ronds-points • François Desmeures

François Desmeures

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