Publié il y a 6 mois - Mise à jour le 29.09.2023 - Anthony Maurin - 5 min  - vu 1074 fois

TOROS Manolo Vanegas, toujours de l’avant !

Manolo Vanegas entouré par Renaud Vinuesa et Didier Cabanis (Photo Anthony Maurin).

Matador de toro vénézuélien très implanté dans la région, Manolo Vanegas n’aura plus la même place dans les toros. Il se lance dans une nouvelle carrière pleine de surprises et de passion.

Manolo Vanegas le 28 septembre 2023 (Photo Anthony Maurin).

Manolo Vanegas est matador de toros depuis le 5 mai 2017 dans les arènes de Vic-Fezensac. C’est à l’entraînement qu’il a été fauché par un toro qui l’a gravement handicapé. Le bicho le soulève à plus de trois mètres du sol et le Vénézuélien retombe sur la tête… On connaît, on se rappelle, et cela n’augure en général rien de bon.

Il ne devait pas remarcher alors l’imaginer au centre du ruedo… Même s’il fait preuve d’un courage à toute épreuve et d’une force mentale incroyable, les obstacles à sa passion sont plus nombreux que ce que la raison peut assimiler. Mais le jeune maestro se mentalise et ne perd jamais cela de sa vue.

Manolo Vanegas ici à Alès (Photo Archives Anthony Maurin).

Rappelons qu’il ne bougeait que les épaules pour communiquer. Son petit mundillo s’effondre, il comprend peu à peu que tout sera plus dur mais il ne lâche rien de ses rêves d’avant.

Depuis, il est passé sur le billard pour réparer ce qui pouvait l’être de ses vertèbres émiettées puis par le centre de rééducation de Tolède. Au lieu des avancées maximales prévues par les docteurs qui étaient d’1 % tous les cinq jours pour les patients les mieux préparés, Manolo prend le toro par les cornes, ce qu’il sait faire de mieux et avance de 1,5 %. Incroyable.

Mais ce jeune est surtout un exemple d’acharnement au travail et de croyance en soi. Le travail acharné, le mental, la solitude d’un corps, d’un esprit vagabond, la lecture, la famille et les proches, et l’aficionado lambda qui a toujours soutenu le maestro. Voilà les raisons pour avancer. Parfois il veut mais son corps refuse. Le jour d’après c’est le contraire mais il avance, encore et toujours.

Manolo Vanegas à Saint-Gilles avec un Gallon (Photo Arch Anthony Maurin).

Cinq mois après l’accident, Manolo se met doucement à claudiquer puis à marcher plus convenablement. Il reprend la muleta et retrouve quelques sensations en toréant de salon. Il pleure à chaudes larmes après une courte série de naturelles.

Aujourd’hui, Manolo Vanegas veut passer à autre chose. « J’entends dire que fait Manolo ? Que va-t-il faire ? Comment va-t-il ? Je veux dire où j’en suis. » Un peu plus de cinq ans après son terrible accident, Manolo est prêt à changer de vie en restant dans la même. Son histoire est proche de celle d’un Nimeño II que connaissent les aficionados mais le Vénézuélien compte bien poursuivre son chemin, un nouveau chemin.

Manolo Vanegas à gauche à Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin).

« Un festival, en novembre dernier, était organisé en mon honneur grâce aux clubs taurins français. C’était merveilleux et très différent des autres festivals. Je veux rendre hommage, à mon tour, au public français qui a toujours été là pour moi depuis qu’il me connaît comme novillero. Ce jour-là, tout s’est fait de manière spontanée, c’est magique et il y avait au rendez-vous toutes les cultures taurines de France. » Avec l’argent récolté, le maestro a fait des dons aux écoles taurines d’Arles et de Nîmes pour qu’elles puissent investir dans du matériel mais aussi dans son pays, le Venezuela.

Un nouveau départ

« Ça m’a permis de penser différemment et je peux le dire maintenant, je ne reviendrai pas comme torero car je ne pense plus avoir la possibilité de retrouver les capacités pour revenir au niveau qui était le mien. Je ne veux décevoir, ni peiner personne, mais le niveau d’exigence est tellement élevé… » Une franchise qui est sa marque de fabrique. Pas de miroir aux alouettes pour celui qui va se trouver une nouvelle voie.

« Mon chemin sera d’organiser des spectacles taurins, d’où ma venue ici avec Renaud Vinuesa et Didier Cabanis car je vais naturellement commencer à Alès, arènes où j’ai triomphé et aficion à qui je dois beaucoup. » C’est dit avec le sourire, sans regrets et avec un sentiment positif. Manolo Vanegas n’est pas du genre à ressasser mais à avancer. Encore une fois, il met la jambe.

Toreo relâché mais plein de pouvoir pour Manolo Vanegas à Arles (Photo Archives Anthony Maurin).

« Pour une bonne empresa il faut savoir ce que veut le public et je suis là pour aider à faire des grandes choses. La vie continue malgré les dures années passées, mais j’espère que la feria d’Alès 2024 sera forte ! » Le maestro, entouré de Renaud Vinuesa et Didier Cabanis semble à son aise dans ce nouveau rôle. « La feria devrait changer un peu. Didier y travaille depuis dix ans mais je veux apporter quelque chose de nouveau, de différent et il est d’accord. Je pense comme un jeune et nous devons être attractifs pour créer une grande feria 2024. Nous sommes une équipe, nous travaillons ensemble, je soumets mes idées mais c’est le début d’un Manolo qui veut apporter au monde taurin au moins autant que ce qu’il m’a apporté. Manolo a de l’avenir ! »

Dans sa tête, le Vénézuélien désire aussi se lancer dans l’apoderamiento de Fernando Vanegas, 17 ans, novillero sans picadors. Pour Didier Cabanis, empresa des arènes du Tempéras à Alès et très proche de Manolo Vanegas : « Qu’il entre dans l’organisation alésienne est une chose qui me trotte dans la tête depuis trois ans, mais j’avais peur de lui faire comprendre que ce serait un stop à sa vie de torero. Ça s’est finalement fait tout bêtement autour d’un café, il m’en a parlé et je trouve ça fabuleux. On a besoin de sang neuf, de plus jeune. On pense toujours être le meilleur alors il faut savoir intégrer la jeunesse qui est pleine d’idées. »

Manolo Vanegas entouré par Renaud Vinuesa et Didier Cabanis (Photo Anthony Maurin).

Un double bonheur de s’allier à un torero qu’il a aidé, comme souvent avec Didier Cabanis qui aide beaucoup de monde sans demander, ni attendre un retour sur investissement. « Autour de ses idées il y a un vrai projet pour Alès, une impulsion ! Manolo aime les choses bien faites, il est très positif et nous travaillerons en équipe même si nous voulons que Manolo soit mis en avant. Chacun va se servir de ses relations pour faire avancer cette nouvelle machine. » Avec Renaud Vinuesa et Didier Cabanis, Manolo Vanegas pourra compter sur l’aide d’un natif de Salamanque en la personne d’Esteban Diaz Hernandez.

La date de la feria ne devrait pas changer même si en 2024 le 8 mai et l’Ascension se suivent de très près. La mairie alésienne choisira. « On ne changera pas la philosophie de la feria mais je veux qu’on s’intéresse aux masses de gens qui font la fête dans la rue et qui ne savent pas qu’il y a une corrida. Je veux qu’on parle aux curieux pour que nous ne perdions pas l’essence de la tauromachie, nous devons éveiller la curiosité et faire venir un public qui n’est pas contre mais curieux », assure Manolo Vanegas.

Le Vénézuélien ser très attendu à Alès mais il saura prendre sa chance (Photo Archives Anthony Maurin).

Pour Renaud Vinuesa : « Alès est ma première organisation et j’apprends la tauromachie car je suis plus course camarguaise. Quand Didier m’a parlé du désir de Manolo de venir avec nous, je n’ai pas réfléchi plus d’une demi-seconde ! Je crois aux choses qui se font naturellement, tout est positif, on regarde devant malgré le virage de la vie de Manolo. Il apporte quelque chose de lumineux pour l’avenir. »

Alors ne vous inquiétez pas pour Manolo, il va bien, il se porte bien et il a trouvé son chemin. Comme il le dit : « Manolo continue sa vie, il a des idées et va les faire partager plus comme torero mais comme empresa. Je veux travailler avec des passionnés qui ont la tête bien faite et qui sont respectueux, Renaud, Didier et Esteban en font partie. »

Anthony Maurin

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