Ce samedi 11 octobre, le quartier du Trébon vibrera au rythme de la culture japonaise. Mais derrière les kimonos, les cosplays et les tambours Taiko, c’est une ambition bien plus profonde qui anime les 60 jeunes organisateurs de la Wakamono (jeunesse en japonais) : changer le regard que l'on porte sur leur quartier. 

Arts martiaux, défilé de kimonos, concours de cosplay, ateliers culinaires...

"On en a marre que notre quartier soit mal vu. D’être stigmatisés, d’avoir une image négative." Ces mots, prononcés par les jeunes du Trébon, résument l’étincelle à l’origine de la Wakamono. L’idée ? Organiser une fête ouverte à tous, pour montrer la créativité et l’engagement de la jeunesse du Trébon. Quelques-uns ont soufflé l’idée d’un thème japonais. D'autres celui d’une fête de la jeunesse. "On a mélangé les deux idées, et ça a donné la fête du Wakamono", glisse Ryan, 14 ans. Résultat : une journée où se mêlent gastronomie, arts martiaux, défilés de kimonos et concours de cosplay. Une façon de dire : "Venez voir ce qu’on est capables de faire." 

Pendant près d'un an, 60 jeunes du quartier et 20 lycéens de Montmajour ont ainsi planché sur l’organisation de cet événement. Et pour eux, pas de place à l’improvisation : constitution de groupes de travail (communication, partenariats, logistique, kimonos), contacts avec les services municipaux, création d’affiches… Les jeunes ont tout fait eux-mêmes, avec l’aide des animateurs du secteur jeunesse, encadrés par Ismail Rahaoui. La collaboration avec le lycée Montmajour a aussi été un symbole fort. Les élèves de Terminale MCVB (Métiers du commerce et de la vente) ont rejoint l’aventure après une visite au centre social. "Ils ont dit : ‘Hors de question qu’on fasse une fête sans nous !’". Leur implication a même été évaluée dans leur moyenne scolaire.

Le clou de la journée ? L’accueil de M. Hiroshi Kitagawa, Consul général du Japon. Un honneur pour tous ces jeunes. Mais aussi une source de motivation supplémentaire qui les a poussés à peaufiner chaque détail, notamment le protocole.

De l’ambition, ces jeunes-là en ont à revendre. "Mais rien n’aurait été possible sans nos partenaires", insiste-t-on du côté des encadrants. Des partenaires qui ont vraiment joué le jeu. La CAF des Bouches-du-Rhône a ainsi soutenu le projet avec une dotation de 5 000 € via l’appel à projet "Initiative Ados", de nombreuses associations locales ont apporté aide et soutien tout au long du processus de création (notamment "À Propos du Japon" et "Collectif Solide"), et tant d’autres acteurs du territoire.

En un an, 150 jeunes se sont inscrits au centre social 

La Wakamono est aussi le fruit d’un nouvel élan pour les centres sociaux d’Arles, portés par l’EPACSA (Etablissement public d'administration des centres sociaux arlésiens) depuis 2024. Budget en hausse, nouvelles équipes, projets éducatifs co-construits avec les habitants… L’objectif ici est clair : "on sort du centre social, on se fait voir, on recrée des liens, on pratique la politique du ‘aller vers’". Et ça marche ! Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Alors qu’en novembre 2024, le secteur jeunesse du Mas Clairanne ne comptait plus aucun jeune, un an plus tard ils sont 150, âgés de 11 à 25 ans, à y être inscrits ! "Au début, on entendait souvent ‘C’était mieux avant’. Aujourd’hui, les jeunes viennent, de plus en plus nombreux, et ils s’impliquent." 

Et demain ? "Pourquoi pas un voyage au Japon ? C'est en projet et il nous faut trouver des  financements. Mais surtout l'objectif, c'est de pérenniser cette fête, peut-être sur d’autres thèmes. Ce que nous aimerions c'est qu'elle devienne un événement arlésien, une fête de la jeunesse qui rassemble." Le message est lancé.