Publié il y a 1 h - Mise à jour le 22.12.2025 - Julia Razil - 3 min  - vu 81 fois

ARLES Contournement autoroutier : la gratuité au cœur des échanges du conseil municipal

La RN 113 au niveau d'Arles.

- S.Ma.

Le conseil municipal a adopté jeudi 18 décembre une délibération approuvant l'utilité publique du projet de contournement autoroutier tout en demandant la révision du dispositif de péage dans une perspective de gratuité. Mais pour une grande partie de l'opposition, et certains élus de la majorité, l'idée de la gratuité est une douce illusion. 

"Depuis le temps qu’on vous sollicite pour un débat sur ce sujet du contournement autoroutier, enfin on peut débattre". Dire que la délibération 43 du dernier conseil municipal était fortement attendue par l’opposition, Cyril Girard en tête, est un euphémisme. Alors que la commission d’enquête publique a demandé une prolongation jusqu’au 2 janvier -- "un signal politique fort" selon Nicolas Koukas -- et que deux réunions publiques qui n’étaient pas prévues ont été organisées, l’une à Saint-Martin-de-Crau et l’autre à Arles, le sujet a, sans surprise, suscité de vifs et longs échanges entre élus arlésiens ce jeudi 18 décembre.

À relire : Patrick de Carolis achève son mandat au sein d'une majorité très fragmentée

Le maire Patrick de Carolis a défendu le projet, rappelant son soutien de longue date. "Vous connaissez mon point de vue, j’y suis favorable. Le trafic a atteint un niveau insoutenable, et la sécurité routière n’est plus garantie. La RN113 est à bout de souffle, avec une accidentologie anormalement élevée. Ne rien faire serait irresponsable." Pour lui, ce contournement, fruit d’un "long travail", représente "une solution optimale" qui respecte les grands parcs structurant le territoire. "Sans ce projet, la ville restera coupée en deux, et toute stratégie de mobilité sera condamnée à l’échec", a-t-il insisté. Cependant, un point reste crucial : la question de la gratuité. "Un projet ne peut pas devenir une contrainte supplémentaire", a-t-il martelé, soulignant que "le contournement autoroutier est indispensable mais la gratuité locale est la clé de cette adhésion."

Des arguments balayés d'un revers de main par Cyril Girard (Changeons d'avenir) qui a dénoncé "30 ans de désinformation". "Ce projet n’a jamais eu pour ambition d’améliorer la qualité de vie des Arlésiens ! Il a été commandé par le Grand Port Maritime de Marseille (GPMM) et exhumé par l'ancienne députée Monica Michel. Aujourd’hui, ce sont les Arlésiens qui en paieront le prix ! ", a-t-il tonné. Et de lancer une volée de questions dont certaines restées sans réponse, notamment sur le financement de la requalification de la 113, sur la gestion des dépenses liées à la voierie ou bien encore sur les retombées socio-économiques.

Marie-Amélie Ferrand Coccia, ancienne adjointe aux transports de Patrick de Carolis, évoluant désormais aux côtés de Jean-Michel Jalabert, a tenté de rassurer sur la possibilité de nouvelles négociations avec l'État visant l'extension de la gratuité. Mais dans les travées de l'opposition, le scepticisme domine. "Vinci met un milliard sur la table parce qu'il y a des possibilités de rentabilité pas pour améliorer la qualité de vie des Arlésiens. La réglementation est limpide : on ne peut pas faire payer les usagers d’autres sections pour financer ce tronçon et on le sait depuis 2020, a rétorqué Virginie Maris (Changeons d'avenir). Cette délibération nous engage à approuver l’utilité publique du projet tel qu’il est aujourd’hui, soyez prudents!" a lancé la conseillère municipale à l'adresse de tous ses collègues. 

Une intervention dont la qualité a été saluée par le maire lui-même, pas "sûr" pour autant que cela suffise à convaincre d'autres élus. Est-ce cette intervention ou des convictions plus anciennes ? En tout cas, deux membres de la majorité n'ont pas suivi. Eva Cardini, l'adjointe au quartier de Salin, a voté contre cette délibération -- "la gratuité est impossible, on le sait depuis le départ", a-t-elle lâché --, et Chloé Mourisard s'est abstenue. 

"Entretenir l’illusion d’une gratuité, c’est tromper les Arlésiens"

Nicolas Koukas, qui mène l'union de la gauche pour les municipales, a été longtemps défenseur d'un contournement autoroutier. "Être responsable, c’est savoir évoluer. Après des mois d’écoute, je ne peux plus soutenir ce projet dans sa forme actuelle", a-t-il déclaré. "Le statu quo n’est plus une option, mais reconnaître l’urgence n’impose pas d’accepter un projet mal conçu et risqué. Il présente un risque réel de report du trafic sur le réseau secondaire, augmentera le trafic dans les villages et hameaux et il s’agit d’une autoroute majoritairement payante. Nous avons un devoir de vérité, ce n’est pas en multipliant les courriers que les péages deviendront gratuits." Sa proposition ? Une convention citoyenne de 10 mois au cours de laquelle tous les Arlésiens pourront donner leur avis, avant l'organisation d'une consultation populaire, "qui ne se résumera pas à un simple pour ou contre". Et Nicolas Koukas d'exiger "immédiatement le lancement d'études indépendantes et transparentes", avant d’asséner : "Entretenir l’illusion d’une gratuité, c’est tromper les Arlésiens." 

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