Le projet est né d’un constat alarmant – seulement une femme sur quatre se fait dépister dans le Pays d’Arles, contre une sur deux en moyenne nationale – et est porté par une volonté forte : rendre le dépistage accessible. "On ne pouvait plus se contenter de dire aux femmes  ‘allez à Nîmes ou à Saint-Rémy’", explique Sylvia Breton, la directrice du centre hospitalier Joseph-Imbert.

Le territoire, vaste et marqué par des déserts médicaux, cumule les freins : éloignement géographique, précarité, et désormais, la fermeture des deux derniers cabinets de radiologie privés spécialisés d’Arles. Il fallait agir vite. L’Agence Régionale de Santé (ARS) PACA a financé à 100 % l’équipement (300 000 € pour le mammographe et l’échographe). Au matériel, est venu s’ajouter le coût des travaux d’aménagement (100 000 €). L’objectif ? Offrir aux patientes les meilleures conditions pour un parcours de dépistage le plus apaisé possible. Ainsi ont été pensés et réalisés : une salle d’attente réservée pour éviter aux patientes de traverser le service d’imagerie, un espace où mammographie et échographie se succèdent sans déplacement et des fresques réalisées par Cloé Casales, agent des services techniques du CH, pour rendre les salles d’examens moins anxiogènes. Même souci du détail avec l’appel à un mécène pour offrir des peignoirs roses -- "une centaine serait nécessaire" --, afin que les patientes ne subissent pas le froid entre les examens.

Pour l'heure, les rendez-vous de dépistage sont possibles deux jours par semaine, les lundis et les mercredis, via un numéro de téléphone unique (04 88 65 84 28). Bien évidemment les femmes de plus de 50 ans qui entrent dans le cadre du dépistage organisé sont la principale cible, mais aussi toutes celles qui sont adressées par un médecin. "Des créneaux sont également réservés pour les quelque 800 femmes concernées de la Direction commune", précise Sylvia Breton. L’objectif de départ est de procéder à 12 examens par vacation et d’arriver à 18 par jour en régime de croisière. Déjà le démarrage a été fulgurant, le carnet de rendez-vous est complet jusqu’à la mi-octobre. "Ça va vite se remplir", confirme le docteur Ancuta Sivu, radiologue et référente Image de la femme au CHU de Nîmes, qui accueille les premières patientes. "Une femme sur huit développera un cancer du sein au cours de sa vie. Il était crucial de renforcer l’offre de dépistage à Arles. Ce projet répond à un réel besoin." 

Le CH d’Arles ne se limite pas au dépistage. L’établissement a structuré un réseau de partenaires pour couvrir l’intégralité du parcours : si les biopsies peuvent se faire ici, les prélèvements sont ensuite envoyés dans des laboratoires d’anatomopathologie comme celui du CHU de Nîmes. Idem pour la chirurgie et la radiothérapie. "Au CH d’Arles, nous assurons les chimiothérapies au sein de notre hôpital de jour ainsi que les soins de support", détaille Elisabeth Pot, la cadre du pôle médico-technique. Objectif de ce maillage : assurer à la patiente un parcours clair et facilité. Et si en ce mois d’octobre, le cancer du sein fait la Une, Sylvia Breton souhaite avant tout pérenniser l’engagement au-delà d’Octobre Rose. "Le cancer du sein ne se limite pas à un mois. Il faut que les femmes sachent qu’elles peuvent se faire dépister au CH d’Arles, toute l’année", martèle-t-elle.