Publié il y a 21 h - Mise à jour le 13.06.2025 - Propos recueillis par Louise Gal - 4 min  - vu 158 fois

L'INTERVIEW Éléonore Rouland, co-présidente de l'association La Queer Team : "La fierté, c’est en opposition à la honte"

Éléonore Rouland, co-présidente de La Queer Team.

- DR

La cinquième marche des fiertés d'Arles aura lieu samedi 14 juin, à 15h, au départ de l'esplanade Charles de Gaulle. Éléonore Rouland, co-présidente de La Queer Team, l'association qui porte l'évènement, revient sur l'importance de cette marche.  

Objectif Gard : Qui porte cet événement et qu'est-ce qui a poussé l'association à organiser une marche des fiertés dans la ville ?

Eléonore Rouland : La première édition a été lancée par un petit collectif qui s’était formé de manière citoyenne et qui avait utilisé une autre association pour porter l’événement. L'année d'après, le collectif a décidé de se transformer en association. Depuis la deuxième édition, l'événement est donc officiellement porté par une jeune association qui s’appelle la Queer Team. Dans le premier collectif, il y avait des personnes qui vivent à Arles depuis longtemps ou qui ont grandi à Arles et à qui cela a manqué. Et il se trouve qu’il y a eu beaucoup d’agressions homophobes à Arles, notamment en 2019 et en 2020. C'est pour cela que plusieurs personnes se sont réunies pour lancer la marche des fiertés. Sans que l'on se coordonne, il y a beaucoup d’autres petites villes qui ont leur marche des fiertés en France depuis 2021. L’homophobie est partout, donc c’est bien qu’il y ait des marches partout et Arles reste une sous-préfecture.

Comment la journée de samedi va-t-elle se dérouler ?

Cela va être la troisième fois que nous allons faire le même parcours. On se rejoint à 15h au kiosque sur le boulevard de l’office de tourisme. C'est un chouette endroit car il y a de l’espace, le kiosque permet de se mettre à l’ombre pour se réunir un peu avant afin de finir nos pancartes. On fait un discours, les personnes de l'association qui le souhaitent montrent leurs têtes et nous aurons des brassards roses pour qu’on soit identifiés s’il se passe quoi que ce soit. On partira faire un grand tour du centre-ville, avec quelques arrêts. Il y a notamment un arrêt très fort aux arènes depuis la première édition avec un grand espace où on peut s’arrêter, mettre la musique à fond et danser. Je me souviens que c’était un moment très émouvant lors de la première marche, on a tous beaucoup pleuré car c’était beau à voir. Parce qu’on fait la fête en opposition à la violence. La fierté, c'est en opposition à la honte. Donc quand on le regarde de cette manière-là, voir les gens danser, c’est émouvant.

Y aura-t-il des animations tout au long de la marche ?

Nous avons prévu un appel à texte pour notre arrêt à la place Voltaire. Il y aura un micro pour que chacun puisse lire un texte qu’iel aurait écrit. Comme c’est une journée de visibilité, c’est important de donner la parole à tout le monde. Nous essayons chaque année de trouver des arrêts particuliers, c’est difficile quand on n’a pas toutes les forces vives mais on y arrive quand même. Une fois de retour au point de départ, on continuera de danser en musique sous le kiosque. C’est un moment festif pour conclure un moment festif. C'est une marche qui reste profondément politique, mais qui est festive en opposition à la violence. Festive aussi parce que c’est peut-être la seule journée dans l’année où on peut se donner la main sans avoir peur.

La banalisation des discours racistes et homophobes rend de facto cette marche toujours aussi politique.

Oui, les marches des fiertés sont politiques. Ces marches sont de plus en plus importantes parce que si cela continue comme ça, on ne pourra plus marcher. C'est difficile dans l’écriture du discours car l’année dernière, nous avons déjà écrit un discours assez fort sur la montée de l’extrême-droite, et ce que ça implique pour nous en tant qu’individus catégorisés d’une manière que certaines personnes n’aiment pas. On l'a relu en se disant que c'était pire cette année. Mais qu'est-ce qu'on fait si c’est de pire en pire chaque année ? Alors pour cette édition, on a eu l’idée de mettre en avant les pays comme la Hongrie, où les droits des LGBTQIA+ sont de plus en plus bafoués. De part et d’autre de la banderole, nous avons donc dessiné les drapeaux des États-Unis, de l’Italie où Giorgia Meloni ne rend pas les choses faciles, de l’Angleterre et de la Hongrie, pour mettre en avant le fait qu’il y a la montée de l’extrême-droite en France, mais être également solidaires avec les autres pays, les soutenir à notre échelle. L’exemple de la Hongrie fait très très peur. Il y a quelques mois, Viktor Orbán a dit à la presse en s’adressant aux associations LGBT : "ne vous embêtez pas à commencer à organiser vos marches". On n’a pas trop envie que cela nous arrive. Donc ces marches sont de plus en plus importantes au fur et à mesure que l’extrême droite monte dans le monde. En ce moment, c’est vraiment la transphobie qui règne.

Combien de personnes espérez-vous voir samedi ?

Lors de la première édition, on a fait un carton, il y avait presque 700 personnes, ce qui est monstrueux pour la ville d’Arles. Après, on a tourné autour de 500. L’année dernière, l’association était dans un moment creux donc ce n’était pas autant organisé, mais il y avait quand même 400 personnes. Cette année, j’espère qu'il y en aura entre 500 et 600, cela serait bien.

Propos recueillis par Louise Gal

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