Publié il y a 10 mois - Mise à jour le 24.06.2023 - Thierry Allard - 2 min  - vu 10237 fois

ROCHEFORT-DU-GARD Les élèves de la classe Ulis combattent les préjugés avec un court-métrage remarqué

Les élèves de la classe ULIS du collège Claudie-Haigneré, leur enseignante et leur AESH

- Photo : Thierry Allard

La vidéo fait un peu plus de quatre minutes, et c’est un véritable coup de poing : les élèves de l’Unité localisée pour l’inclusion scolaire (Ulis) du collège Claudie-Haigneré de Rochefort-du-Gard viennent de remporter le prix espoir du Challenge hip-hop 2023 avec un court-métrage intitulé « Les étiquettes arrêtent la pensée ».

Un projet conçu pour « arrêter les préjugés », résume Anouck, élève de la classe Ulis. « L’idée est partie de leur mal-être à l’école, de leurs souffrances quand ils doivent être inclus dans d’autres matières avec d’autres professeurs », explique Mélodie Hazard, enseignante spécialisée. Des souffrances bien réelles, mais pas toujours perçues. « Quand je vais en inclusion, j’ai l’impression d’aller en Chine, j’angoisse, je n’aime pas », reprend Anouck. « Que je fasse les devoirs ou pas, ils s’en fichent, et quand le prof fait des groupes de trois, moi je suis dans un groupe de quatre, c’est comme si je n’existais pas », rajoute Abdullah, lui aussi élève de la classe Ulis. « Ils ne m’expliquent pas, du coup je ne comprends pas », soupire Anouck. « Ils disent que je suis un bon à rien », rajoute Lucas.

« C’est destructeur au niveau de la confiance en soi », affirme l’enseignante, qui met en cause plus un système que des enseignants qui pour la plupart font ce qu’ils peuvent mais sont souvent confrontés à des classes de plus de trente élèves loin d’être optimales pour travailler l’inclusion de ces élèves rencontrant des difficultés. Des difficultés qui peuvent ressortir dans ce contexte : « Avant je me battais beaucoup car on se moquait de moi, même certains profs », affirme Abdullah. D’autres élèves préfèrent, comme Djibril, « attendre que ça passe ». « Quand les élèves n’ont pas un comportement normal, c’est qu’ils manifestent un mal-être », rappelle Mathilde Brousse, AESH du dispositif.

Autant de souffrances que ces 12 élèves ont voulu exorciser avec ce court-métrage, réalisé avec la cinéaste Ariane De Rafael, venue bénévolement en soutien de cette cause. Une vidéo conçue comme une suite de témoignages en slam, pour montrer que « ce n’est pas parce qu’ils ont des étiquettes d’élèves handicapés, bons à rien, d’enfants de foyers, d’autistes qu’ils n’ont pas de grandes capacités, souligne Mélodie Hazard. L’école ne sait pas assez les mettre en avant, alors qu’ils peuvent accomplir de belles choses. » L’école inclusive serait donc encore un idéal loin d’être réalité. « Les inclure ce n’est pas les mettre au milieu de 28 autres élèves et ne leur donner que trois exercices à faire quand les autres en ont cinq », affirme pour sa part Mathilde Brousse.

L’idée dans cette vidéo est donc de battre en brèche les préjugés, d’autant qu’après les quatre ans de classe Ulis, les élèves poursuivent bien souvent leur cursus. Ce sera le cas de cinq d’entre eux l’année prochaine, qui partiront vers l’enseignement professionnel.

La vidéo : 

Thierry Allard

Bagnols-Uzès

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