Publié il y a 1 an - Mise à jour le 03.04.2023 - Thierry Allard - 3 min  - vu 912 fois

SAINT-ÉTIENNE-DES-SORTS Un réseau d’irrigation pour pérenniser les vignes

Le réseau d'irrigation du terroir des 3 châteaux a été inauguré ce vendredi soir à Saint-Étienne-des-Sorts

- Photo : Thierry Allard

C’est un projet on ne peut plus dans l’actualité qui a été inauguré ce vendredi soir à Saint-Étienne-des-Sorts, près de Bagnols. Un réseau d’irrigation pour 400 hectares de vignes situées à Saint-Étienne-des-Sorts donc, mais aussi sur les communes voisines de Vénéjan et Chusclan.

S’il y a bien une profession qui non seulement ne nie pas, mais subit de plein fouet le changement climatique, c’est bien celle de vigneron. Et, parmi les effets les plus délétères de ce changement climatique, on retrouve la sécheresse, qui fait des ravages dans notre département. Si bien que « l’irrigation est devenue indispensable au maintien de l’activité économique et agricole de notre territoire », pose le président de l’Association syndicale autorisée pour l’irrigation du terroir des 3 Châteaux (ASA IT3C), Pierre Gerus, qui pilote le projet.

Il faut dire qu’ici, le Rhône est tout à côté des vignes qui subissent la sécheresse. Mais cela ne veut pas dire que ce fut facile : il faudra cinq ans entre la première réunion organisée par le maire de l’époque Didier Bonneaud en mairie de Saint-Étienne et la mise en service du réseau d’irrigation d’eau brute pompée directement dans le Rhône. Un réseau qui concerne 46 propriétaires sur trois communes, sur 400 hectares, 16 kilomètres de tuyauterie, 30 bornes agricoles. Un projet tout sauf anecdotique, puisqu’il a coûté 3,1 millions d’euros HT en tout, subventionnés à 80 % par la Région, les fonds européens FEADER et le Conseil départemental. Les 20 derniers pour-cents ont été payés par les viticulteurs eux-mêmes.

Le prix à payer pour « éviter le dépérissement et la disparition de la vigne et maintenir une agriculture viable sur notre territoire, pas pour avoir une augmentation excessive du rendement », martèle-t-il, arguant d’une « utilisation raisonnée de l’eau. » Ainsi, la limite est fixée à 1 000 mètres cubes par hectare par an, la distribution de l’eau ne s’effectue qu’en goutte-à-goutte et est basée « sur des mesures d’humidité des sols, et des contraintes hydriques des ceps », précise Pierre Gerus.

Reste maintenant à parvenir à faire modifier deux articles du Code rural, qui interdit en théorie l’irrigation des vignes en appellation. En théorie car toutes les dérogations sont acceptées, « une hypocrisie » pour le secrétaire général du Syndicat des Côtes du Rhône Philippe Faure. Cette zone pourrait servir de démonstrateur pour « changer de logiciel ». « Nous rencontrons l’INAO la semaine prochaine pour caler un protocole expérimental, afin de tout faire dans les règles », avance Philippe Faure.

À l’échelle gardoise, « vous avez réussi ce que beaucoup d’agriculteurs aimeraient voir aboutir », soulignera la présidente de la Chambre d’agriculture Magali Saumade. Pour elle, l’irrigation est « une question de souveraineté alimentaire », une raison suffisante pour que la Chambre soutienne les projets de ce type, comme celui voisin conduit vers Laudun. Car il s’agit rien de moins que de « sauver notre patrimoine agricole et viticole », estime le premier-adjoint de Saint-Étienne-des-Sorts Didier Bonneaud, sur un territoire où les problématiques autour de l’eau sont importantes. « Nous avons encore une commune alimentée par camions citernes sur le territoire », rappelle le président de l’Agglomération du Gard rhodanien Jean-Christian Rey.

La préfète a actionné une des pompes du réseau d'irrigation • Photo : Thierry Allard

Alors ce projet est considéré comme « exemplaire au niveau technique et dans sa vigilance à être raisonnable » dans l’utilisation de la ressource, estimera la vice-présidente du Département Bérengère Noguier. Le Département qui a, comme elle le rappellera, donné plus que d’habitude sur ce type de projets, en passant sa subvention de 10 % à 25 % du montant total, soit 710 000 euros. De quoi donner un appui décisif à la création de « cette très belle réalisation pour le maintien de la viticulture gardoise », estimera la conseillère régionale Monique Novaretti, la Région ayant elle aussi mis au pot. « Ce projet est l’exemple frappant de ce qu’il faut faire », rajoutera la députée Pascale Bordes, un exemple aussi pour le sénateur Laurent Burgoa, mais sur son aspect « partenariat public-privé. »

Quant à la préfète Marie-Françoise Lecaillon, elle affirmera que « 2022 a été une année difficile, 2023 le sera encore plus, la quantité de l’eau disponible est en baisse. » Appelant à « la sobriété » dans la consommation en eau, la préfète saluera ceux qui « sont déjà dans l’optimisation de l’eau » et affirmera que l’État « appuiera les projets qui devront tous se situer dans cette sobriété des usages de l’eau. »

Une chose est sûre, sur les questions liées à l’eau, il faut agir groupés. Et c’est peut-être « la plus grande réussite » de ce projet pour Pierre Gerus : « Avoir permis aux viticulteurs du territoire de se regrouper et d’affronter ensemble le problème du changement climatique, ils ont démontré que face à des problèmes majeurs, ils pouvaient passer au-delà des querelles de clochers pour faire des grandes choses. »

Thierry Allard

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