Publié il y a 1 an - Mise à jour le 29.01.2023 - Thierry Allard - 3 min  - vu 644 fois

TRICASTIN Orano veut produire plus, EDF plus longtemps

François Lurin, directeur d'Orano Tricastin, et Cédrick Hausseguy, directeur de la centrale EDF du Tricastin, vendredi soir à Lapalud (Vaucluse)

- Photo : Thierry Allard

La cérémonie de voeux conjointe d’Orano et EDF Tricastin se tenait ce vendredi soir à Lapalud (Vaucluse). L’occasion d’en savoir plus sur les projets et les trajectoires des deux entités du nucléaire.

C’est peu dire que depuis quelques années, et encore plus depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, le nucléaire a repris des couleurs. Présenté comme bas carbone, l’atome est aussi une question de « souveraineté énergétique occidentale », rappelle le directeur du site Orano Tricastin, François Lurin. Le site produit de l’uranium enrichi qui sert à faire tourner les centrales nucléaires, de quoi rien que pour Orano Tricastin « alimenter comparativement chaque année 90 millions de foyers dans le monde, soit l’équivalent de la population de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni », souligne le directeur.

Or, depuis le début de la guerre en Ukraine, tout le monde s’est rappelé d’un fait : la Russie représente 30 % des approvisionnements en uranium enrichi du marché occidental. Alors Orano Tricastin a un grand projet : une extension de ses unités de production, pour permettre « d’alimenter 30 millions de foyers supplémentaires », avance François Lurin. Et vite : l’objectif est d’être « prêts à produire dès 2028, cela impliquerait un premier coup de pioche en septembre 2024. » Ambitieux mais faisable d’après Orano, puisque le site George-Besse 2 Nord est en capacité d’accueillir les 4 modules complémentaires nécessaires, « avec la même technologie, reconnue et éprouvée », puisque l’usine a été prévue pour ça au moment de sa conception, affirme le directeur.

Il y en a pour « entre 1,3 et 1,7 milliards d’euros », estime Orano, et une mobilisation de « 300 à 500 personnes » sur le territoire. Avant d’en arriver là, il va falloir passer par un débat public, du 1er février au 9 avril, mais nous y reviendrons ultérieurement.

EDF veut repousser l’âge de la retraite (pour ses centrales)

Côté EDF, le directeur de la centrale du Tricastin Cédrick Hausseguy a démarré par une bonne nouvelle : « Depuis novembre, l’ensemble de nos réacteurs fonctionnent normalement, contribuant ainsi à l’alimentation de nos concitoyens en électricité. » La centrale fonctionne à plein, donc, et EDF espère pour longtemps : alors que la quatrième visite décennale des quatre réacteurs se poursuit, celle du quatrième et dernier réacteur étant programmée pour 2024, EDF se projette.

Vue de la centrale du Tricastin (Photo : Crespeau / EDF) • Cyril Crespeau

Si ces visites vont prolonger l’exploitation au moins jusqu’à 50 ans, le programme « Grand carénage » d’EDF, lancé en 2018 pour dix ans de travaux visant, pour le dire vite, a prolongé la vie des centrales initialement prévues pour fonctionner 40 ans, voit plus loin. « Cette année nous serons à nouveau pionniers pour déployer la deuxième phase du ‘Grand carénage’ dès le mois de septembre pour le réacteur n°1 », annonce le directeur qui estime que dans le contexte de relance du nucléaire, « exploiter notre centrale durant 50 ans n’est qu’une étape. »

Mieux, « je peux vous l’annoncer officiellement ce soir, nous sommes déjà mobilisés, avec l’ingénierie du groupe EDF et nos partenaires industriels pour poursuivre l’exploitation jusqu’à 60 ans », lance Cédrick Hausseguy. Et, ne s’arrêtant pas en si bon chemin, le directeur de la centrale EDF du Tricastin rajoutera que « la question d’exploiter nos installations jusqu’à 80 ans, en rehaussant toujours plus leur niveau de sûreté, n’est plus un tabou pour le groupe EDF. » Reste que c’est à l’Autorité de sûreté du nucléaire de décider si ce sera possible, tant pour les 60 ans que pour les 80.

D’ici là, Tricastin espère toujours accueillir une paire d’EPR2 dans le cadre du nouveau programme du nucléaire, alors que le site drômois est en balance avec Bugey. « Ce serait une excellente nouvelle pour l’essor du territoire avec près de 10 000 emplois directs et indirects à la clé pendant une décennie de construction, et ensuite plus de 1 000 emplois directs durant 80 ans », avance le directeur. Des arguments entendus jusque dans le Gard rhodanien, où les entrepreneurs ont prévu de lancer une grande mobilisation sur le sujet prochainement.

Thierry Allard

Bagnols-Uzès

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