Publié il y a 3 h - Mise à jour le 24.06.2025 - © dossier de la rédaction - 8 min  - vu 54 fois

FAIT DU JOUR Festivals : en avant la musique

Rhoda Scott, 87 ans, se produira avec son lady Quartet pour Jazz à Vauvert le vendredi 27 juin. Deux autres musiciens David Linx et Emmanuel Pi Djob se joindront à eux.

La première partie sera assurée par Sunscape.

- ©Aleandre_Lacombe

São Paulo, Budapest… Rhoda Scott, légende du jazz, enchaîne les concerts. Neuf dates sont même bloquées sur son agenda pour 2026. Mais la « dame aux pieds nus » a quand même trouvé le temps de passer à Vauvert vendredi 27 juin. Une première. À une vingtaine de kilomètres de là, Paloma, la salle de musique actuelles nîmoise, invite 30 artistes quasi-inconnus en France, les 27 et 28 juin, pour son tout nouveau rendez-vous, « Beau week-end ». Cet été, interdit d’être grincheux. Les festivals déploient une énergie folle pour produire de la bonne humeur. Dans la cour du fort Vauban nîmois, « Une salle sous les étoiles » diffuse des films qui donnent envie de fredonner Abba ou de danser la salsa. À Arles, pour les 30 ans des Suds, on déguste la musique du monde du petit dej’ au bout de la nuit. Entre deux concerts, on s’immerge dans les expositions des Rencontres de la photo. Votre soif de culture n’est toujours pas rassasiée ? Il reste une solution : se servir une lichette de théâtre à Avignon, où une vingtaine de compagnies gardoises proposent des spectacles pour le festival Off.

La dame aux pieds nus à Vauvert et des pépites underground à Paloma

C’est parti. La saison des festivals démarre de manière tonitruante vendredi 27 juin. Vauvert mise sur le « girl power » en faisant venir des grands noms féminins du jazz. La Smac Paloma inaugure, elle, un tout nouveau festival « Beau week-end ».

La retraite ? Non merci. À 87 ans, Rhoda Scott continue à chanter et à jouer de l’orgue, pieds nus, à travers le monde. Les organisateurs de Jazz à Vauvert rêvaient de la faire venir depuis des années. Elle sera là le vendredi 27 juin. « On est assez fier de l’avoir, s’enthousiasme Sébastien Cabrié, directeur de projets du festival. Elle a un CV impressionnant, elle a marqué l’histoire du jazz. »

Née en 1938 d’un pasteur noir itinérant et d’une mère d’origine allemande, Rhoda Scott grandit dans l’Amérique de la ségrégation. Enfant, elle passe des heures sur l’orgue de l’église où officie son père. Elle accompagne les gospels et negro spirituals dès l’âge de 8 ans. En 1958, elle fonde son premier groupe. En 1968, cap sur la France. Produite par Eddie Barclay, elle est de toutes les soirées jet set. En 2004, à 66 ans, elle dirige avec le lady quartet, un orchestre composé uniquement de jeunes femmes. C’est avec elles qu’elle se produira à Vauvert. Mais elle y invite aussi des messieurs : David Linx et Emmanuel Pi Djob.

Défendre la place des femmes dans le jazz

Agenda hyper chargé oblige, elle ne sera pas là le lendemain, samedi 28 juin pour le concert de la batteuse de jazz Anne Paceo. Les deux femmes se connaissent bien. « Anne Paceo a joué dans le lady quartet de Rhoda Scott et elle y rejoue quand elle peut », précise Sébastien Cabrié. Rhoda Scott et Anne Paceo ont 46 ans d'écart, mais un combat commun, défendre la place des femmes dans la musique de jazz. Anne Paceo, qui a cumulé trois Victoires de la musique, est la première femme batteur à être diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, au département jazz. « Elle a réussi à se faire entendre, à se faire respecter dans le monde de la batterie qui est assez masculin », confirme Sébastien Cabrié. Comme Rhoda Scott, elle se produira dans le parc du Castellas. L’ambiance y est intime. La dernière édition de Jazz à Vauvert a réuni en tout 2 000 à 2 500 spectateurs.

Le groupe new-yorkais Tea Eater, qui s'est formé en 2022, jouera dans le patio de Paloma le vendredi 27 juin de 20h20 à 21h05. • © Viviane Black_ Square

Un nouveau festival à Paloma

3 000 places par jour. Pas une de plus. Pour son tout nouveau rendez-vous, « Beau week-end », la salle de musique actuelles Paloma limite les places. Volontairement. « Nous revendiquons un retour à des événements plus intimes, plus intenses et plus sincères », défend-elle dans son dossier de presse. Elle souhaite que « l’intimité des échanges avec les artistes et le public soit au cœur de l’expérience ».

Paloma et son partenaire Come on people sont un peu échaudés. Ils avaient lancé un festival dédié à la scène indépendante en 2014, « This is not a love song », Tinals pour les intimes. Mais il avait grossi, grossi, pour atteindre les 18 000 spectateurs sur trois jours lors de sa dernière édition en 2019. « Beau week-end » doit permettre de revenir à l’esprit d’origine de Tinals : ne pas programmer de grosses stars, mais au contraire pousser les spectateurs à être curieux, à venir découvrir des artistes peu, voire pas connus en France.

Vendredi 27 et samedi 28 juin, les concerts s'enchaîneront de 18h à 2h du matin, dans quatre salles, dont une extérieure.

Éclectisme

Chanteurs et musiciens viennent de Dublin, Miami, New York, d’Autriche ou même du nord de la Norvège, après le cercle polaire arctique... 30 groupes sont programmés aux styles musicaux divers. Vendredi 27 juin, on pourra par exemple aussi bien s’agiter avec la DJ latino américaine NJ Nebreda ou avec la new-yorkaise de Tea eater que se laisser bercer par le blues « 100% bayou » de Robert Finley. Cet artiste américain de 69 ans chante, accompagné notamment de sa fille et de sa petite fille. Samedi 28 juin, le groupe féminin autrichien Friedberg présentera une « pop champagne, véritable machine à danser » tandis que Jan Verstraeten qui s’est formé dans les caves de Gand, proposera de la pop groove avec violons…

Et si jamais vous avez trop traîné pour réserver et que vous n’avez pas pu obtenir une des 3 000 places, pas de panique, vous pourrez toujours profiter du off de ce festival. Lancé en partenariat avec neuf structures culturelles nîmoises, il se déroule du mercredi 25 juin au dimanche 29 juin. Des concerts gratuits sont programmés, en journée, au bar du midi, au Spot, au café Olive, à l’instant T et au comptoir des halles. Le Sémaphore propose même une projection mercredi 25 juin. Enfin, ultime alternative, vous pourrez aussi embarquer dans le petit train touristique dans lequel DJ baroud de Raje et radio Rayvox assureront des DJ set.

Culture en sursis ?

Quoiqu’il en soit, il faut absolument profiter des festivals cet été. Même si le Département et la Région ont maintenu leurs aides à la culture cette année, l’État, à la recherche d’économies, a déjà raboté les siennes. L’association qui pilote Jazz à Vauvert et à Junas est passée, par exemple, de 20 000 à 10 000 euros d’aide du Centre national de la musique. Cela correspond en gros à 10 % de leur budget. Pour cette année, Sébastien Cabrié explique qu’ils ont été très prudents, qu’ils ont essayé de ne pas « s’enflammer ». Mais cette association qui fait aussi de l’éducation culturelle craint, l’an prochain, de devoir revoir ses actions « à la baisse ». Une association qui organise un autre festival gardois confirme : « Chaque année, notre équilibre est de plus en plus fragile. »

Tarifs : Beau week-end, 70 euros les deux jours ou entre 38 et 42 euros le pass journée.

Jazz à Vauvert, le pass deux soirs à 60 euros, tarif unique par soirée 35 euros, gratuit moins de 16 ans.

Le franco-serbe Boyan Z. • © Anteprima
Ekrem Mamutovic Orkestar. • © Meltem prod

Swinguer au son du jazz serbe à Junas

Le festival Jazz à Vauvert a un jumeau, Jazz à Junas, organisé entre le mercredi 16 et le samedi 19 juillet. L’ambiance du festival sera plutôt festive. Boyan Z, fil rouge du festival a fait venir Thomas de Pourquery. « Il a une grosse tournée, mais il a décalé pour pouvoir être là. Je pense que cela va envoyer », sourit Sébastien Cabrié. Ekrem Mamutovic Orkestar, « la plus grande fanfare de Serbie et même d’Europe de l’Est », se charge du final le 19 juillet.

Tarif : 35 euros la soirée, pass 4 soirs à 100 euros. www.jazzajunas.fr

Têtes d’affiches dans les monuments romains

D’un côté, un amphithéâtre pouvant réunir 11 500 spectateurs. De l’autre, un théâtre romain pouvant rassembler 2 500 personnes. Chaque été, à Arles et Nîmes, des monuments romains se transforment en chaudrons. Pour pouvoir en profiter, il ne faut pas traîner. Le 10 juin, certaines dates du festival de Nîmes ou des Escales du Cargo d’Arles étaient déjà complètes.

• Du côté de la cité des Antonin mi-juin, il restait encore des places pour Mika le 26 juin, Marvel infinity saga le 27, London Grammar le 29 juin, Tiakola le 3 juillet, Soprano le 10 juillet, Michel Polnareff le 11 juillet, Ninho et Niska, le 12 juillet, Zaho de Sagazan le 13 juillet, Jean-Louis Aubert et MC Solaar le 15 juillet, Santa et Kendji le 19, Kalash et Franglish le 20 juillet, Santana et Jimmy Sax le 21 juillet, Lamomali et Ibrahim Maalouf le 23 juillet et Scorpions le 24 juillet. www.festivaldenimes.com

• De l’autre côté du Rhône, on pouvait encore miser sur Air pour le 24 juillet et sur Jorja Smith pour le 25 juillet. https://www.lesescalesducargo.com

Le festival des Suds propose aussi des concerts dans un format intimiste aux Alyscamps. Le public danse ici durant l'été 2024 au rythme du duo Tranpe. • © O Scher

Les Suds : un anniversaire pour vous faire « manger la poussière »

Samba-pop, guitare flamenca, néo-folk, musique caribéenne, africaine… Le festival arlésien fête ses 30 ans du 14 au 20 juillet.

Ils viennent du Brésil, d’Espagne, de Palestine, du Venezuela, d’Iran, de Corée du Sud… Ils sont experts en guitare, clarinette, violon, calebasse… Certains manient de drôles d’instruments comme le « gayageum », une cithare à 25 cordes. Tous viennent célébrer les 30 ans du festival des Suds à Arles.

Les festivités débutent lundi 14 juillet avec trois bals place Voltaire. Leur promesse : « Vous faire manger la poussière » avec des airs d’antan remixés à l’électro et au hip-hop, des percussions créoles, puis un DJ set tropical.

La musique des Suds se dégustera ensuite jusqu’au dimanche 20 juillet. Il y en a pour tous les appétits.

Dates uniques en France

Les gourmands réserveront une des 2 500 places du théâtre antique pour les soirées de concerts. Les Londoniens de Stick in the wheel, spécialiste de néo-folk, proposent leur première et unique date en France le mardi 15 juillet. Il sera suivi par la samba-pop de Seu Jorge, enfant des favelas brésiliennes. Le guitariste Yerai Cortes, dont La Guitarra flamenca a reçu deux Goyas cette année, effectue sa première date en France, aux Suds, jeudi 17 juillet. Salif Keïta, qui s’était enfui, enfant, avec sa guitare sur le dos, car il était rejeté pour son albinisme, viendra quant à lui présenter son nouvel album mercredi 16 juillet.

Bals et siestes musicales

Envie de savourer la musique dans une ambiance plus intime ? Des concerts à toute petite jauge, les « moments précieux » sont programmés dans la nécropole des Alyscamps, à l’espace culturel Croisière ou dans la cour de l’Archevêché. Et pour ceux qui ont du mal à être rassasiés, le festival propose tous les soirs de danser, de minuit jusqu’au bout de la nuit, au rythme de « l’avant-garde des musiques du monde ». Mais aux Suds, on peut aussi se contenter de picorer. Du 15 au 17 juillet, des concerts gratuits sont programmés à 11h à l’espace culturel Croisière et à 17h30 place Voltaire. On peut aussi faire une sieste musicale à 14h30, sur un transat à l’ombre dans la cour de l’espace Vincent Van Gogh.

Salif Keïta, considéré comme la "voix d'or" du Mali, sera sur la scène du théâtre antique d'Arles mercredi 16 juillet à 21h30. • © Lucille_Reyboz

Tarifs : Pass tous concerts sur une semaine : 160 euros. Pass soirée (moments précieux, soirées et nuit des suds), 65 euros. Soirée des Suds uniquement entre 20 et 43 euros. Concerts gratuits pour les moins de 12 ans.

Les autres rendez-vous musicaux de l’été

• Un autre trentenaire du côté de Barjac. L’histoire a commencé il y a une trentaine d’années sur une estrade autour de Jean Ferrat, dans le minuscule village de Tharaux. Puis le festival s’est développé en sautant chez sa voisine, Barjac. Cet été, le festival de chansons à textes, Barjac m’en chante fêtera ses 30 ans entre le 26 et le 31 juillet. On y croisera Bernard Joyet, Manu Galure, Marie Cheyenne, Sophie le Cam, Michèle bernard, HK… Le festival se clôturera sur un banquet chantant. https://barjacmenchante.org

• Musique classique. Les Nuits musicales d'Uzès se déroulent du 19 au 29 juillet. Le festival s’ouvre avec le jeune orchestre baroque européen et se clôture avec le jazz cubain d’Alfredo Rodriguez. Entre temps, seront mis à l’honneur Rossini, Beethoven… nuitsmusicalesuzes.org

• Le Festival du Vigan propose des concerts dans des temples, des églises, des cours de château. Il démarre le 16 juillet avec le pianiste Nikolaï Kuznetsov dans la cour du château de Mareilles, au Vigan. www.festivalduvigan.fr

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