Né à Alès il y a 29 ans, le Lédignanais ne passe plus tout à fait inaperçu dans ses terres natales où sa jeune carrière de comédien lui vaut quelques éloges. Pourtant, l'ancien footballeur amateur "pas assez bon" pour devenir professionnel n'était pas prédestiné à un tel parcours.

Avec une maman coiffeuse et un papa peintre en bâtiment, Paul grandit dans une famille qui, même si elle écoutait Brassens le dimanche, ne compte aucun membre de la communauté artistique. Il ne le sait pas encore, mais il deviendra le premier Valy artiste. Son Bac scientifique en poche, le gaillard charpenté suit d'abord son papa sur les chantiers et gagne sa vie en peignant divers bâtiments de la ville d'Alès. Sans qu'il ne sache trop expliquer comment, le déclic survient. « Je n'avais pas envie de rentrer dans une routine. Certains adorent cette forme de confort, moi ça me faisait peur », concède-t-il après coup.

Il a 20 ans lorsqu'il file à Lyon pour intégrer l’Acting Studio de Joëlle Sevilla. « Pour les auditions, je suis arrivé avec mon accent bien alésien. Je parlais très vite. Personne ne comprenait rien », se marre le Lédignanais. S'il débarque dans le milieu du théâtre sans conviction, la directrice de l'école n'a aucun mal à percevoir son potentiel. « Je me souviens quand il est arrivé dans l'école, à la première réunion des profs, Joëlle nous a dit "pour lui", je n'ai aucun doute ! », confie Jordan Topenas, son ancien professeur de cascade qui partage aujourd'hui l'affiche de Gazon maudit avec lui.

Ce qui ne tient pas pour autant du hasard tant Paul Valy semble avoir été à bonne école.
« Pendant la fête votive de Lédignan, je montais sur scène pour jouer des sketchs des Inconnus", se remémore celui qui faisait alors marrer tout le monde sans forcer son talent. S'ils n'ont jamais été des artistes proclamés, ses deux grands-pères ne sont pas totalement étrangers à ce petit côté amuseur de foule. « Ils ont tout le temps fait les cons », raconte le jeune homme, friand de ces dîners de famille "bien arrosés" aux côtés de ses grands oncles "déconneurs ».

« On est des vrais alésiens », commente-t-il d'un sourire espiègle. « C'est là, ça gueule, ça fait des blagues et ça chante. J'ai adoré ça. Gamin, avec mes frères et mes cousins, on attendait que mes grands-pères fassent leurs sketchs. Comme je les ai beaucoup aimés, voire même idôlatrés, j'ai peut-être voulu reproduire ça en plus grand », analyse le comédien. En 2016, moins de deux ans après être monté à Lyon, le succès est déjà au rendez-vous. Ce qui a eu le mérite de faciliter l'acceptation de ses proches pour qui l'acting n'était initialement pas perçu comme "un vrai métier ».

Pour l'ancien footballeur, le gazon n'est pas si maudit

Joëlle Sevilla lui offre l'un de ses premiers rôles avec le personnage de Sganarelle dans Le médecin malgré lui de Molière. En juillet 2017, il joue une première fois au Festival d’Avignon dans Les poings qui volent d’Israël Horovitz. Plus récemment, il obtient ses premiers rôles au cinéma dans Kaamelott réalisé par Alexandre Astier et Illusions perdues de Xavier Giannoli. « J'aime raconter des histoires, que ça soit au cinéma ou au théâtre. Mais je n'ai pas encore assez fait de cinéma pour savoir si j'aime autant que le théâtre », expose celui qui voit arriver "de gros projets" sans pour autant les dévoiler.

Dernièrement, avec Gazon maudit, Paul Valy s'éclate dans le rôle de Laurent, initialement porté par Alain Chabat, lequel l'a "beaucoup faire rire avec Les Nuls" et ses "répliques cultes" dans La Cité de la peur. C'est avec l'adaptation du mythique film de Josiane Balasko par Hélène Zidi que l'Alésien s'apprête à émouvoir et faire rire le public du théâtre du Roi René à Avignon. Jouer "un texte de Balasko", pour le grand passionné des Bronzés qu'il est, représente "une grande fierté".

Depuis qu'elle s'offre au public, la pièce mise en scène par Hélène Zidi est couverte de louanges par la presse nationale. Elle est une "comédie enthousiasmante" pour le JDD, c'est "génial et moderne" pour Fou d'art, un vrai "coup de cœur" pour La Provence. « On retrouve les ressorts de comédie. On parle d'amour, de tolérance. C'est vachement au goût du jour », résume le comédien, estimant qu'il faut "laisser les émotions vivre en soi", "ne pas en avoir peur".

"J'espère jouer un jour à Alès. Ça serait ouf !"

C'est avec entrain que cet énergique sudiste a joué cette pièce en juillet 2023 au festival d'Avignon. « Il fait chaud, les gens ont l'accent, j'adore ça ! », avoue-t-il. D'autant que la proximité avec le public nourrit celui qui aime tout particulièrement se produire devant « des gens qui n'ont pas souvent l'occasion d'aller au théâtre". D'ailleurs, "avant de partir à Lyon, je n'avais jamais mis les pieds dans un théâtre », admet Paul Valy, sans qu'on ne décèle une quelconque forme de reproche envers les siens.

Après six années passées à Lyon, celui qui a été biberonné aux films d'Audiard tout en se passionnant pour ceux de De Funès, Dewaere et Depardieu, vit désormais à la capitale. Parce qu'il lui a peut-être ouvert la voie, son petit frère Louis, 18 ans, suit ses traces et le rejoindra à Paris dans quelques mois pour tenter de devenir lui aussi comédien. « Il faut qu'il vole de ses propres ailes », clame Paul. Après en avoir réalisé un certain nombre, le dernier nommé a encore des rêves, dont celui de monter sur les planches du Cratère. « J'espère jouer un jour à Alès. Ça serait ouf ! », confirme-t-il, tout en donnant l'impression que ça pourrait bientôt arriver.