La quatrième de couverture intrigue et lance un défi, celui de la lecture dévorante. « À l’aube rose je m’en allai prompt à fuir les temps moribonds plein de l’ivresse des azalée que je franchissais d’un seul bond. »

Quel étrange paradoxe : l’écriture comme le jeu théâtral est un lieu qui permet de se révéler avec sincérité, tout en étant un autre. Elle oscille ainsi entre la tentation du repli sur soi et la joie du déguisement carnavalesque. Luminescence est ainsi une galerie de portraits – dont celui de l’auteur –, parfois pudiquement dissimulés sous une couche de mots qui composent une énigme que chacun pourra tenter de résoudre.

C’est aux éditions Baudelaires que le livre de Pierre Thomas est à découvrir. L’auteur a vagabondé un peu partout dans le monde, au gré de ses vacances. C’est un retour au creux d’une vallée cévenole qui l’a poussé à diffuser, en écrivant et à sa manière, une lumière bienveillante au travers de l’écriture poétique.

Anticipant un appel à une vie plus sobre (que les préoccupations environnementales et celles liées à la crise énergétique renforcent), il voyage désormais à travers les mots, ceux qu’il lit et ceux qu’il écrit. Le voyage peut être secoué, si la contrée est dostoïevskienne, ou avoir la douceur de la poésie de François Cheng.

Dans ce recueil, il n’est pas plus question de jour que de nuit ; la luminescence peut aussi bien être révélée le soir par une luciole que le matin par le gyrophare d’un tracteur perdu au milieu d’un champ. Les mots se suffisent alors, pour exister à part entière...

Né un jour de pluie dans une ville méridionale ensoleillée, Pierre Thomas est diplômé de l’université de droit de Montpellier. Depuis quelques années, il occupe différentes fonctions d’intendant d’établissements d’enseignement du second degré, d’abord dans l’académie de Versailles, puis dans le Gard rhodanien et enfin à Nîmes.

Son cerveau étant sollicité pour son activité professionnelle, il accorde à son corps la possibilité de s’adonner à une pratique sportive sans modération, et à son âme de s’abandonner à diverses expressions artistiques comme l’écriture poétique.

Luminescence : Format 15 x 21 cm, 84 pages vendu à 11 euros.

Petit extrait… Étoiles filantes :

Sous le ciel de juillet la nuit resplendissait la montagne exhalait les parfums de l’été les constellations dans le noir nous adressaient des baisers lumineux, des baisers exaltés.

Tout en haut de la tour nous étions sentinelles montant dans l’insouciance une garde pacifique nous attendions fébriles une pluie d’étincelles jaillissant du noir dans un souffle dramatique.

Le firmament nous contemplait tout en silence anonymes fourmis étirant nos longs cous
nous échangions ainsi l’intrigue luminescence contre nos visages tristes blafards et parfois fous.

Nous voulions de la nature son grand feu d’artifice mélancoliques voyeurs de furtives lumières jaillissant de partout mais de nul orifice dans l’échec permanent d’atteindre toujours la terre.