Au Rassemblement national, trouver des candidats pour défendre le parti aux élections locales reste un véritable défi. À Saint-Gilles, à cinq mois des municipales, c’est le silence radio du côté de l’extrême-droite. La tête de liste de 2020, Christophe Lefèvre, a disparu des radars. « Au lendemain des élections, beaucoup d’élus de la liste ont démissionné. Leur assiduité au sein du conseil municipal n’a pas été très forte… », confie le maire LR, Eddy Valadier, qui, du coup, ne se presse pas pour entrer en campagne. Pourtant, sur les terres saint-gilloises, le RN est solidement enraciné.
Le parti de Marine Le Pen arrive systématiquement en tête lors des scrutins nationaux. En 2024, la victoire dès le premier tour du député Nicolas Meizonnet est notamment passée par Saint-Gilles, avec 56 % des voix. Quelques mois plus tôt, la liste de Jordan Bardella aux européennes y avait également obtenu la majorité des suffrages. La commune a d’ailleurs été la première ville de 10 000 habitants à tomber dans l’escarcelle frontiste, avec l’élection de Charles de Chambrun, de 1989 à 1992, finalement contraint de démissionner après, entre autres, le rejet de son budget. Un enracinement tel qu’Eddy Valadier, à la différence d’autres maires, ne se pose pas en farouche opposant au RN : il préfère tenter de comprendre les raisons de ce vote.
Une vengeance personnelle ?
Alors pourquoi, dans cette ville de 15 000 habitants, le parti n’a-t-il toujours pas présenté de candidat ? Il y a dix ans, le médiatique Gilbert Collard y avait mené campagne. Mais, après sa défaite, il ne s’était guère investi dans la vie locale. Même scénario pour Christophe Lefèvre. Difficile, donc, à la veille d’un nouveau scrutin municipal, de constituer une équipe crédible. Selon nos informations, un prétendant aurait pourtant sollicité l’investiture du RN : Christophe Sevilla. Cet ancien commerçant, élu de la municipalité Gronchi et ex-membre de l’UDI, est une figure bien connue de la politique saint-gilloise. En 2014, il avait même fait front contre Gilbert Collard avant de rallier Eddy Valadier, qui l’avait finalement emporté. On comprend mieux, dès lors, pourquoi le parti aurait décliné sa candidature.
Selon l’une de nos sources, « Christophe garde une rancune tenace envers le maire sortant, à propos de l’achat d’un terrain ». Une vengeance personnelle mêlée à une opportunité politique, en somme. « Aujourd’hui, du côté du RN, ça patine… Nos élus d’opposition sont quasi invisibles. Pourtant, c’est une ville de plus de 10 000 habitants, la deuxième de Nîmes métropole », regrette un membre du parti. Désireuse de conquérir l’Élysée, Marine Le Pen sait que la bataille se joue aussi dans les urnes locales. Mais à Saint-Gilles, le RN semble encore loin du compte…