Publié il y a 10 mois - Mise à jour le 27.05.2023 - Anthony Maurin - 4 min  - vu 1922 fois

NÎMES EN FERA Roca Rey, un triomphe en toute modestie

Roca Rey, habité (Photo Anthony Maurin).

Corrida de Victoriano del Rio pour Sébastien Castella (oreille et salut), Juan Leal (salut et oreille) et Andrés Roca Rey (salut et deux oreilles). Une corrida très attendue qui, comme souvent dans ce cas, a pu décevoir les plus fervents aficionados.

Les arènes plus que bien garnies (Photo Anthony Maurin).

Rappelez-vous… Victoriano signe de grands triomphes à Nîmes depuis sa présentation en date de 1997 avec un certain Jose Tomas au cartel. L’année dernière ici encore la corrida de Victoriano a plu et quasi tous les toros ont été applaudi à l’arrastre, leur valeur est sûre, leurs qualités aussi.

Même si les données statistiques ne disent pas tout, elles donnent un aperçu de la situation. En 2022, 25 corridas lidiées pour 103 toros combattus et 65 oreilles de coupées ! Ajoutez à cela les deux rabos, le toro gracié et les trois vueltas posthumes octroyées et vous faites partie des grands élevages de la planète des toros.

Un toro de Victoriano (Photo Anthony Maurin).

Aux Vendanges 2020, alors qu’il achève sa 20e saison en tant que matador de toros, Sébastien Castella coupe sa dernière oreille à Nîmes. Une dernière avant une courte retraite car nous le retrouvons ce soir dans les arènes et qu’il vient de mettre Madrid sous le choc d’une sixième sortie en triomphe de Las Ventas il y a quelques jours seulement.

Castella sur son premier (Photo Anthony Maurin).

Castella ouvre donc le bal ou coupera d’emblée une oreille. Pas une oreille de poids comme nous en verrons tout à l’heure mais disons une oreille de sympathie. Après avoir salué à l’issue du paseo, le Biterrois s’est montré quasi bagarreur pour tirer quelque chose du premier toro de la course. On ne verra pas le grand Castella mais on retrouve des gestes et des idées que l’on aimait bien voir au centre des ruedos. Oreille.

Castella sur son second (Photo Anthony Maurin).

Sur son second, autre toro, autre Castella. Plus technique, lent et déterminé, le Français comprend vite qu’il tombe sur un toro qui peut lui permettre de sortir en triomphe. Au cheval, le Victoriano poussote. Castella prend la main dessus et l’étouffe quelque peu avec des séries interminables comme il sait en tirer. Il veut couper et se mettre les tendidos dans la poche, ça marche un temps puis viennent les aciers et les désillusions. Tant pis ! Salut.

Un toro de chez Victoriano (Photo Anthony Maurin).

Juan Leal est quant à lui un torero à part. À Madrid comme ailleurs, il marque les esprits par le don de soi et la bravoure qui sont siens. Ici, il est chez lui, dans une arène qui l’aime et qu’il aime. Ici aussi il a donné beaucoup et payé de son sang l’hommage que lui rend l’aficion locale.

Juan Leal, déterminé (Photo Anthony Maurin).

Juan Leal peut se mordre les doigts… Comme à son habitude, ici, il marque les esprits. Dans le bon comme dans le moins bon des sens. On se souvient l’année dernière, son courage et son passage à l’infirmerie. Ce soir il n’est pas passé par la case sanitaire mais il a une nouvelle fois démontré sa bravoure. C’est lui qui menait la danse, le toro le suivait puis, peu à peu, Juan Leal a raccourci les distances. Cela plaît au public et cela le transcende. Hélas l’épée lui ôte tout espoir de trophée… Salut.

Encore Juan Leal dans un terrain rapproché (Photo Anthony Maurin).

Leal se rattrapera et coupera une belle oreille face au cinquième de la tarde. Il coupera mais il passera d’abord par des ascenseurs émotionnels. Soufflant le chaud et le froid, toro et torero ne se trouve pas, l’alchimie ne vient pas. Alors, comme souvent avec Juan, il force le destin et s’envoie entre les cornes, encore et toujours. Courageux, il n’a pas d’autre recours que de se jeter dans la gueule du loup pour couper une oreille. C’est ce qu’il arrive à faire en terminant au plus proche des pointes de son opposant. Oreille.

Au cheval, douze piques pour les six Victoriano del Rio (Photo Anthony Maurin).

Que dire d’Andrés Roca Rey si ce n’est qu’il est sans aucun doute la locomotive actuelle de la tauromachie. Le petit péruvien qui a pris son alternative dans cet amphithéâtre a bien évolué et est devenu un aigle aux yeux sévères (mais taquins) et aux serres acérés.

Roca Rey, habité (Photo Anthony Maurin).

Quand on vous dit que les aciers font souvent les corridas… Encore une fois l’illustration parfaite de ce fait ! Castella d’abord, Juan Leal ensuite et maintenant Roca Rey, on ne peut pas dire que ces trois-là soient des toreros de fête votive, ont tous eu des problèmes à la mort. Roca Rey a carrément vu s’envoler un gros profit qu’il avait pourtant gagné après labeur. Une passe après l’autre, Roca Rey est allé chercher son toro pour le mettre dans ses terrains de jeu favoris. Mais cela ne suffira pas car sa défaillance à l’épée l’empêche de briller plus. Salut.

Roca Rey sur le dernier, jabonero, de la tarde, deux oreilles se profilent (Photo Anthony Maurin).

Dernier de la tarde, plus que quelques minutes pour sortir des arènes par la grande porte. En tout cas en triomphant. C’est le destin de Roca Rey mais ce dernier le refusera, préférant sortir à pied par la porte des cuadrillas, tranquillou. Il faut dire que le public s’est un peu emballé et que le palco a suivi. Mais Roca Rey a fait illusion. Comment ? Par son toreo précieux d’abord puis par son contraire. Il a fait comme Juan Leal vient de faire, il termine dans les cornes. Le public monte en chauffe et quand l’épée est plus que concluante, les cœurs s’emballent et la fête pointe le bout de son nez. Deux oreilles.

Anthony Maurin

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