Publié il y a 8 mois - Mise à jour le 14.08.2023 - Anthony Maurin - 3 min  - vu 6320 fois

NÎMES L'histoire d'un quartier au fil des âges grâce aux fouilles de l'Inrap

Un quartier de Nemausus entre ville gauloise et cité romaine. Une fouille réalisée avec le brio de l'Inrap pour le bien commun et mieux connaître l'histoire de notre Nîmes actuelle.

"De novembre 2022 à mars 2023, l’Inrap mène une fouille en milieu urbain d’environ 900 m² à l’angle de la rue du Cadereau et du boulevard Jean-Jaurès à Nîmes en amont de la construction d’un immeuble par la société Tricontines" affirmait Ghislain Vincent, encharge de la fouille pour le compte de l'Institut national de recherches archéologiques préventives.

Après une occupation rurale qui prend fin au Ier siècle avant J.-C, le site est densément urbanisé jusqu’à la fin du Haut-Empire romain, au IIe siècle après J.-C. Par la suite, le secteur est remis en culture jusqu’au milieu du XVIIIe siècle et la reprise urbaine du quartier.

Ghislain Vincent (Photo Anthony Maurin).

Dès le Ve siècle avant J.-C, ce secteur est occupé par une campagne viticole. À cette époque, la ville est située plus au nord, autour de la Fontaine, sa limite méridionale étant caractérisée par un simple fossé défensif qui pourrait traverser l’emprise de la fouille. Dès le IIe siècle avant J.-C., des faubourgs occupent progressivement ce secteur, ils accueillent des activités artisanales, notamment des forges.

Pour Ghislain Vincent, "Dès le règne de l’empereur Auguste, l’emprise de la fouille se situe au cœur du secteur intra-muros de l’agglomération antique. La moitié nord de la parcelle fouillée est occupée par une domus dont le plan est centré autour d’une cour. La plupart des pièces présentent des décors muraux et des sols en béton. La salle la plus à l’est est équipée d’une mosaïque géométrique. Plus au sud, cette maison présente aussi une salle chauffée et un puits."

La fin de l’occupation est marquée par un incendie généralisé. Cet incendie a permis de conserver l’architecture des bâtiments antiques, constituée à 90 % de terre crue. Après le IIIe siècle, les terrains sont remis progressivement en culture, signant le retour de la campagne. Entre le XVIIIe siècle et le XXe siècle, le quartier est à nouveau loti, scellant les vestiges antérieurs.

Petit rappel

Dès le Ve siècle avant notre ère ce secteur est occupé par une campagne viticole. Les fouilles réalisées par l’Inrap au parking Jean-Jaurès en 2007 ont permis d’en documenter de nombreux vestiges.

À cette époque, la ville est située plus au nord, autour de la Fontaine, sa limite méridionale ayant été documentée en 1987 par les recherches menées lors de la construction du parking de la place Jules Guesde.

L’agglomération est protégée à cet endroit par un simple fossé défensif qui pourrait traverser la parcelle fouillée. Dans la première moitié du IIe siècle avant J.-C., cet espace périurbain est réorganisé avec la création d’un nouveau réseau viaire dont l’un des axes pourrait constituer un tronçon de la voie Domitiennne.

Celle-ci organise dès lors le nouveau parcellaire. Après la conquête de la région par Rome, des faubourgs occupent progressivement ce secteur, ils accueillent des activités artisanales, et notamment plusieurs unités de forges.

Un îlot urbain sous le haut empire

Sous le règne de l’empereur Auguste, une nouvelle enceinte, enserre Nîmes sur une superficie de 220 hectares. Ainsi, l’emprise de la fouille se situe au cœur du secteur intra-muros de l’agglomération antique.

Ghislain Vincent (Photo Anthony Maurin).

Le quartier, loti à un rythme conséquent, devient un espace dynamique, bordé par la voie Domitienne qui structure la ville depuis sa construction. La moitié nord de la parcelle fouillée est occupée par les aménagements d’une domus dont le plan est centré autour d’une probable cour. La plupart des pièces présentent des sols en béton et des enduits peints sur les murs.

La salle la plus à l’est de cette domus montre un sol mosaïqué polychrome à décors géométriques. Plus au sud, cette maison est aussi équipée d’une salle chauffée et d’un puits, probablement situé dans un espace ouvert attenant. Ces vestiges sont toutefois moins lisibles en raison de leur détérioration.

Des architectures en terre crue

La fin de l’occupation de cet îlot semble marquée par un incendie généralisé. Des effondrements de constructions brûlées ont été découverts sur l’ensemble du terrain, de manière évidente dans le sud de la parcelle et aussi sur les sols en béton de la domus.

Restes d’enduits peints sur une des parois conservées de la maison. © Alix Bertrand, Inrap

Cet incendie a permis de conserver l’architecture des bâtiments antiques, constituée à 90 % de terre crue, sous forme de briques ou de terre massive (technique de construction en terre banchée avec tassement entre deux planches). Les constructions en pierres ne deviendront majoritaires qu’au Moyen-Age.

Après le IIIe siècle, les terrains sont remis progressivement en culture, l’ancien paysage urbain se transformant en zone de campagne mêlant friches et cultures. Dès le XVIIIe siècle, la construction du Cours Neuf, l’actuel boulevard Jean-Jaurès, et des Jardins de la Fontaine vont commander la reprise urbaine du quartier jusqu’au XXe siècle, scellant les vestiges antérieurs.

Vue aérienne du site © Antoine Farge, Inrap

Anthony Maurin

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