FAIT DU SOIR Saint-André-de-Roquepertuis célèbre le millénaire de son église

L'église de Saint-André-de-Roquepertuis célèbre son millénaire
- Thierry AllardElle est là, pas depuis toujours, mais presque : l’église Saint-André, au cœur du village de Saint-André-de-Roquepertuis, dans la vallée de la Cèze entre Bagnols et Barjac, a mille ans cette année. Un millénaire célébré ce samedi dans le village.
Au départ, il y avait une chapelle avec une communauté rurale, première version de ce qui allait devenir le village actuel. Une chapelle devenue église il y a mille ans, en 1025, ainsi que l’attestent les plus anciens documents retrouvés, bâtie par les bénédictins de Goudargues, la commune la plus proche.
Nul besoin d’être spécialiste pour voir que l’église actuelle est le fruit de siècles de modifications. « Elle a surtout évolué au Moyen Âge, au moment des invasions », explique Jacqueline, de Sauvegarde environnement et patrimoine (ASEP), association à l’initiative de travaux de restauration, mais aussi de la célébration de cet anniversaire. La partie basse, carolingienne, est ensuite fortifiée au XIIIe siècle, comme l’attestent les traces de remparts et les meurtrières. « On sait désormais qu’au-dessus du chœur, il y avait une salle de garde, dont nous n’avons pas encore trouvé l’accès », affirme-t-elle. L’association est aussi certaine que des cryptes se cachent dans le sol de l’église.
Un fronton sera bâti au XVIIIe siècle, donnant à l’église le visage qu’on lui connaît aujourd’hui. Puis, au vingtième siècle, le clocher de l’église sera foudroyé deux fois, en 1969 puis en septembre 2021. C’est cette dernière péripétie qui a indirectement débouché sur cet anniversaire : « Nous avons fait des recherches à l’occasion de l’inauguration du nouveau clocher, et nous nous sommes aperçus que l’église allait avoir mille ans », rejoue Jacqueline.
L’occasion pour l’association, qui propose aussi chaque année dans l'église une crèche de Noël avec des santons du XVIIe siècle, de montrer au grand public ses actions pour la préservation du monument. Ainsi, l’ASEP a fait restaurer les tableaux qui trônent dans l’église grâce à des bénévoles du métier, et a commencé à faire refaire les vitraux par un maître verrier bénévole à qui l’association paie les fournitures. Le vitrail du chœur est désormais terminé, et un autre est en cours de restauration. L’objectif désormais, si l’association réunit les fonds nécessaires, est de s’attaquer au vitrail central.
« Marquer le coup »
Alors l’idée de cette célébration, qui suit une messe exceptionnelle en novembre dernier présidée par l’évêque de Nîmes Mgr Brouwet, est « que l’église soit ouverte, montrer le travail de l’association », souligne la maire de Saint-André-de-Roquepertuis Fabienne Michel. L’occasion aussi pour l’association Lucie Clap, qui gère la bibliothèque du village, de vendre des cartes postales réalisées à partir de dessins réalisés dans les années 1960 par Philippe Ducastel, un artiste et galeriste avignonnais.
« Des tampons clichés ont été créés à partir de ces dessins que la famille nous a remis, explique la présidente de l’association Lucie Clap Françoise Pradier. Nous avons voulu valoriser ces tampons à l’occasion du millénaire. » Les tampons ont été encrés puis tirés sur papier par l’atelier de gravure de Corine Mariotte, puis édités sous forme de carte postale par les éditions Pluriels, aux Vans (Ardèche).
La Guilde de l’histoire a quant à elle assuré l’animation de la journée, avec des ateliers médiévaux, des initiations au maniement des armes et aux danses médiévales et des concerts de musique médiévale dans l’église. De quoi attirer du monde pour « marquer le coup », comme le dit Fabienne Michel, et braquer les projecteurs sur l’église millénaire.
Car l’anniversaire n’est pas une fin en soi. « Nous avons demandé une inscription de l’église aux Monuments historiques, ce qui nous permettrait de demander des subventions supplémentaires », affirme la maire. Il y a un peu de boulot pour redonner tout son lustre à l’église du village : « L'extérieur ça va, mais à l’intérieur il faudrait décroûter, s’occuper des microfissures, des plaques de plâtre qui menacent de tomber », énumère-t-elle. Pour que l’église soit encore là dans des siècles et des siècles.