Publié il y a 1 h - Mise à jour le 23.09.2025 - Propos recueillis par Corentin Dimanche - 6 min  - vu 198 fois

CENDRAS "Je voulais soutenir la diplomatie française" : Sylvain André réagit au retrait du drapeau palestinien en mairie

Claude Cerpédès, Sylvain André et Patrick Malavieille

De gauche à droite : Claude Cerpédès, Sylvain André et Patrick Malavieille

- CD

Le maire de Cendras, ainsi que ceux de Saint-Julien-les-Rosiers et Saint-Martin-de-Valgalgues, qui avaient aussi posé un drapeau palestinien devant leur mairie, a tenu à répondre à l'action du député Alexandre Allegret-Pilot hier soir. Aurélie Genolher, Patrick Malavieille et Régis Bayle ont aussi réagi, qualifiant le parlementaire de "clown" et "spécimen". Une plainte devrait bientôt être déposée.

Sylvain André, maire de Cendras : "Je défends la vie, peu importe la nationalité"

"Je suis abasourdi et choqué par ce retrait de drapeau. Je n’aurais jamais imaginé qu’un député de la République puisse venir de nuit comme un voleur faire cela, c’est extrêmement grave. Son attitude est stupide, on peut avoir honte d'avoir un député de cet acabit. Qu’il défende des lois pour nos concitoyens plutôt qu’être dans ces outrances permanentes. On va se faire accompagner pour porter plainte, sous le volet pénal et/ou administratif.

Je me suis d’abord dit : ‘C’est un clown'. Et puis, je me suis dit qu’il est grave de s'octroyer ce droit. La seule entité qui a ce droit, c’est le tribunal administratif à travers un référé. Mais j’avais prévu de le retirer ce matin à la première heure dans tous les cas. Le drapeau n’a été levé que pour ce jour de reconnaissance historique. Les gendarmes l’ont d’ailleurs retrouvé à quelques mètres de la mairie ce matin.

La solution à deux états est pour moi la seule viable pour une paix durable. Trop de vies ont été perdues : on parle, dans la bande de Gaza, de 65 000 morts, dont 19 000 enfants, soit une classe de 28 élèves par jour. En 2014, je me suis rendu en Palestine à titre personnel, j’y ai vu des choses atroces. J’ai dormi dans des camps de réfugiés, vu des gens abattus... Si ces massacres se tenaient à Tel Aviv, je les condamnerais de la même manière. Je défends la vie, peu importe la nationalité. Si Israël subissait ce que la Palestine subit, ç’aurait été le drapeau israélien qui aurait été sur ma mairie.

En mettant cet étendard, je voulais soutenir la diplomatie française, le président de la République et son discours important et historique à l’ONU. Hier, j’étais fier de mon pays. Cette reconnaissance est tardive, mais elle ne suffira pas, il faudra plus d’actions fortes.

Je trouve d’ailleurs incroyable et paradoxal de soutenir une initiative diplomatique du président, mais le ministre de l’Intérieur, par l’intermédiaire du préfet, me dit : 'Tu ne peux pas faire ça’. Bruno Retailleau a mis une pression de dingue sur les plateaux sans arrêt. Il a une grande responsabilité dans l’équation. Se posent les questions de la neutralité du service public et des compétences communales en matière de conflits internationaux, alors que des drapeaux ukrainiens sont encore dans certaines mairies. J’ose dire que le ministre de l’Intérieur flirte de plus en plus avec l’extrême-droite et oppose les uns aux autres. Bizarrement, toujours à l’encontre d’une certaine population.

On a un message de paix et fraternité, malheureusement souvent caricaturé. Nos différences sont des richesses. M. Allegret-Pilot en fait des problèmes. Nous n’avons pas les mêmes visions de la société, mais je serai cordial s’il vient me parler.

Cette situation montre le vrai visage de l’extrême-droite. Où ira-t-on demain si on laisse passer cela ? Au-delà des 65 Cendrasiens présents lundi soir et du soutien d’élus de tous bords, j’ai reçu sur les réseaux sociaux un certain nombre de réactions et propos violents, souvent de la fachosphère et parfois hors du Gard.

Au sujet des dimensions, j’ai simplement cherché un drapeau palestinien, eu du mal à en trouver un et j’ai dû en commander un rapidement, sous les contraintes des délais de livraison. Et il est juste arrivé plus grand que prévu et annoncé, voilà tout."

Patrick Malavieille, conseiller départemental du canton de La Grand'Combe : "Dans le pire, on a le meilleur"

"Rien n’autorisait le député à agir de la sorte. Le droit doit primer sur la force, or, il a usé de la force. Que dirait-on d’un voisin qui vient arracher un pot de fleurs sur votre balcon qui ne lui plaît pas ? Dans la 5ᵉ circonscription, dans le pire, on a le meilleur. Il est le pompon, le client parfait de la démagogie et du populisme, un spécimen qui ne cesse d’enchainer les polémiques. Je rappelle qu’il a qualifié la parité hommes-femmes de ‘régression’, de ‘mascarade’ l’inscription de l’IVG dans la constitution.

Je renouvelle ma solidarité aux maires présents dans leur décision d’afficher le drapeau palestinien en mairie. Allez à la préfecture et vous verrez le drapeau ukrainien sur les grilles. Alexandre, si tu nous entends, viens un peu plus dans les mairies en journée et repose-toi la nuit. Aujourd’hui, porter le drapeau palestinien est assimilé à un soutien au Hamas, c’est de la bêtise. Le 7 octobre est une tragédie pour les peuples israélien et palestinien."

Claude Cerpédès, maire de Saint-Martin-de-Valgalgues : "Parfois, le buzz amène devant les tribunaux"

"Il a outrepassé ce pourquoi il est élu. Hier, j’ai aussi posé un drapeau palestinien sur le fronton de la mairie, et l'ai enlevé tout de suite après. Plus d’une centaine de Saint-Martinois m’ont accompagné et se sont retrouvés pour soutenir l’action diplomatique française et du président, contre qui j’ai plus l’habitude de me battre, mais avec qui j’étais cette fois-ci d’accord. En face, une manifestation de neuf fachos s’est montrée mais n’a rien fait. Cela fait douze ans que je développe mon soutien au peuple palestinien, entre autres, en tant que maire. Notre population est très solidaire, ce sont nos racines de mineurs.

Patrick Malavieille, Claude Cerpédès et Sylvain André
Patrick Malavieille, Claude Cerpédès et Sylvain André • CD

M. Allegret-Pilot est habitué aux coups de communication, au buzz. Mais parfois le buzz amène devant les tribunaux. Fait-il partie des forces de l’ordre ? Non. C’est une dégradation de bien public au même titre que les gamins qui taguent en manifestation. C’est la dictature qui se met en place si on laisse passer cela. Dans les années 80, on nous crachait dessus pour porter la libération de Mandela et la fin de l’apartheid, mais on a eu raison. Je pense qu’on a de nouveau raison aujourd’hui."

Serge Bord, maire de Saint-Julien-les-Rosiers : "Je le referais de la même façon, quoi qu’il en coûte"

"J’ai été assigné à un référé au tribunal administratif cet après-midi, malgré mon retrait du drapeau hier à 18h. L’acte du député mérite des suites, des réponses. On nous a taxé de faire de l’agitation, mais l’extrême-droite fait tomber les barrières à dessein. Beaucoup de gestes se désinhibent, la véritable provocation est là.

Claude Cerpédès, Sylvain André, Patrick Malavieille et Serge Bord • CD

Il faut qu’on s’interroge sur notre situation en France. Je la compare à celle de 1936 personnellement. Il y a des principes sur lesquels il ne faut pas déroger, notamment celui de l’humanité. Si c’était à refaire, je le referais de la même façon, quoi qu’il en coûte. On a déployé le drapeau le jour de la reconnaissance de la Palestine par le président. Notre acte est aux antipodes de la provocation. Plus de 8 0% des Israéliens sont en faveur de la paix et de la résolution du conflit. Nous sommes à équidistance des deux peuples."

Aurélie Genolher, conseillère régionale : "Du mal à la République et à la démocratie"

"C’est un cirque, il n'y a pas d’autre mot. Je suis d’autant plus choqué que ce week-end des affiches ont été déposées en Occitanie à l’encontre de Carole Delga et Kamel Chibli ce week-end. À quelques mois des élections municipales, ces actes font mal à la République et à la démocratie. Quand on est député, il y a des images qu’on ne peut pas voir, des actes qu’on ne peut pas faire, des choses à ne pas dire."

Mairie de Cendras
CD

Régis Bayle, président du Pays Viganais : "Des acrobaties nocturnes indignes de sa fonction"

"Total soutien à Sylvain André et à la municipalité de Cendras ! Comme chacun le sait, je n'ai pas fait le même choix que Sylvain (André, NDLR) et je n'ai pas mis le drapeau palestinien sur la façade de la mairie d'Arrigas. Mais la tentative de caporalisation des maires par le ministre de l'Intérieur et par l'extrême-droite m'est absolument insupportable.

Il appartenait donc à notre temps de voir un député, notre député, se livrer à des acrobaties nocturnes indignes de sa fonction et dont la dimension burlesque rajoute ce qu'il manquait de ridicule à la crise politique que traverse notre pays. Je ne sais pas s'il faut en rire ou en pleurer ?

Régis Bayle, président du Pays viganais. • Photo : Paul Visseq

Je tiens à exprimer aussi mon soutien au parti communiste français, je dis bien, français ! Les crimes du communisme auxquels M. le député se réfère sans cesse, sont une réalité incontestable dans un certain nombre de pays. Mais en ce qui concerne le PCF, à chaque fois qu'il fut associé au pouvoir en France, que ce soit à la Libération avec le général de Gaulle, ou en 1981, avec François Mitterrand, je ne crois pas que les libertés publiques fondamentales aient été remises en cause !

Et puisque nous parlons de drapeau, souvenons-nous qu'il fut un temps où les camarades de Sylvain André faisaient en masse le sacrifice de leur vie pour que nos trois couleurs flottent à nouveau sur le fronton de nos mairies, plutôt que "l'araignée noire gorgée de sang" (dixit Francois Mauriac) avec laquelle l'extrême-droite de l'époque se vautrait allègrement dans la collaboration avec un K !"

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