C’est lors d’une réunion publique à la Cantine solidaire de Rochebelle que La France Insoumise (LFI) a accueilli le député du Val-de-Marne, Louis Boyard. Une cinquantaine de personnes de tous âges était réunie dans la salle. Les chefs de file locaux, Armand Crépin et Évelyne Herbau, ont annoncé que les prochaines élections municipales risquaient de voir s’affronter trois listes distinctes représentant la gauche à Alès. Ils ont souligné les difficultés rencontrées pour former une union de la gauche dans la ville. Évelyne Herbau a par ailleurs annoncé la tenue d’une assemblée municipale ouverte à tous le 28 novembre, déclarant : « Il faut qu’on se décide, qu’on avance, qu’on choisisse la stratégie. » Son appel visait à mobiliser les citoyens pour décider collectivement des actions à venir.
Louis Boyard a ensuite pris la parole pendant près d’une heure et demie. Il a abordé les grands sujets du programme de LFI, tout en répondant aux questions et aux inquiétudes des Alésiens. Le lendemain, il est passé devant les lycées de la ville pour échanger avec les jeunes.
La jeunesse, une priorité
Le député a insisté sur la nécessité de mobiliser les jeunes, en particulier les apprentis et les lycéens, contre des mesures fiscales qu’il juge injustes. Il a plaidé pour une politique éducative plus inclusive, affirmant : « L’école est devenue une machine à tri social et à pression scolaire. » Boyard a rappelé avoir déposé une proposition de loi pour exonérer les apprentis de la CSG et de la CRDS, soulignant que « ces jeunes travaillent et produisent, mais vivent dans la précarité ».
Selon lui, la sélection pour les épreuves de spécialité en voie générale, qui commence dès la seconde, crée une compétition intense entre les élèves dès la troisième. La précarité étudiante persiste, nécessitant une solidarité nationale. « La France insoumise veut connecter les jeunes aux institutions, en les informant sur le fonctionnement de celles-ci et en les encourageant à participer à la politique », a-t-il expliqué.
Une lutte sans concession contre le racisme
Boyard a également mis l’accent sur la nécessité d’une politique ferme contre le racisme, au cœur de l’idéologie du Rassemblement National (RN). « Pour affronter efficacement le RN, il est crucial de ne pas céder un pouce sur cette question », a-t-il martelé. « Le racisme structure leur discours et leurs propositions. » Selon lui, en maintenant une position intransigeante sur le racisme et en défendant une rupture avec le partage inégal des richesses, il est possible de rallier des citoyens qui se sentent abandonnés par les partis traditionnels.
Il a aussi rappelé que la jeunesse, traditionnellement plutôt à droite, se tourne de plus en plus vers l’extrême-droite, souvent sous l’influence de préjugés racistes. « Les quartiers populaires, souvent stigmatisés, sont en réalité des lieux de solidarité et d’entraide », a-t-il souligné.
Une ligne claire sur les municipales
À l’approche des élections municipales, Boyard a insisté sur l’importance de la transparence et de la solidarité face aux contraintes budgétaires imposées par les politiques nationales. Il a rappelé les difficultés des collectivités locales, confrontées à la suppression des impôts locaux et aux coupes budgétaires de l’État. « Il faut une approche honnête et combative, en mobilisant les habitants pour défendre les services publics et la dignité des citoyens », a-t-il déclaré.
Le député a encouragé la formation d’une liste unitaire, ouverte à toute la gauche, fondée sur un engagement clair : « Ne pas mentir, ne pas faire de fausses promesses et se battre avec les habitants. »
La soirée s’est conclue par un appel à la mobilisation. Boyard a exhorté les militants à poursuivre le travail de terrain, à rencontrer les abstentionnistes et à construire des listes municipales représentatives des quartiers populaires. « Nous sommes des centaines de milliers. Si nous restons unis et intransigeants sur notre programme, nous gagnerons », a-t-il lancé, avant de partager un repas avec les participants.
À Prévert : "La parole des lycéens est légitime"
Le lendemain, ce jeudi 13 novembre, le député était en visite au lycée Jean-Baptiste-Dumas d’Alès dès 7h30, puis au lycée Jacques-Prévert à 11h30. Des dizaines de lycéens, curieux ou déjà militants, sont venus échanger avec le parlementaire, dans le cadre de sa "tournée des lycées" destinée à recueillir la parole des jeunes sur leurs conditions d’études et leurs revendications : "Ne comptez pas sur Macron pour que les choses changent. Faites des réclamations, et s’il le faut, bloquez le lycée. Votre parole est légitime", a lancé le député sur le parvis de l'établissement saint-christolen.
L’élu, qui avait lui-même bloqué son lycée en raison de la présence d’amiante, a écouté les doléances des jeunes : emploi du temps surchargé, pression de Parcoursup, manque de sommeil, santé mentale, et difficultés de transport : "Choisir son métier à 15 ans, c’est déjà compliqué, mais Élisabeth Borne veut le faire dès la maternelle. Parfois, en face, ils sont bêtes et déconnectés", a-t-il appuyé.
Les lycéens, venus, entre autres de Lézan, Ribaute-les-Tavernes ou Alès, ont aussi évoqué les conséquences des absences sur Parcoursup, la réduction des heures de cours, et le manque de temps pour les activités extrascolaires. "Mes parents travaillent, si je rate le bus, ma journée est morte", a témoigné l’un d’eux. Pour beaucoup, c’était la première rencontre avec un député, l'occasion de discuter directement avec un élu et mieux comprendre cet univers.
Problématiques locales et incompréhensions nationales
Entre deux selfies, les échanges ont aussi porté sur des sujets nationaux : destitution du président, augmentation du SMIC, retraite à 60 ans, taxation des ultra-riches, ou encore la condamnation de Marine Le Pen. Des tracts invitaient à rejoindre les "lycéen.nes insoumis.es", avec des propositions phares : abroger Parcoursup, assurer la gratuité réelle de l’éducation (cantines, transports, fournitures), réduire les effectifs par classe, et augmenter le nombre de médecins et psychologues scolaires.
Louis Boyard a aussi encouragé les jeunes à voter et à s’engager, tout en récoltant leurs rapports pour les transmettre à l’Assemblée nationale. "On va avoir de gros problèmes à cause de cette déconnexion, notamment sur l'écologie", a-t-il alerté, alors que la Cop 30 est en cours, au Brésil. Déjà passé par Toulouse et Béziers, Louis Boyard devrait poursuivre sa tournée du côté de Créteil.