Arrivé au bout de 25 ans de règne, Jean-Paul Fournier retrouve une certaine liberté de parole. Son soutien à son successeur désigné, le candidat LR Franck Proust, ne bride que partiellement son discours. Invité du Club Objectif Gard, le Nîmois s’est même franchement lâché. Dans ses entretiens avec le journaliste Jean-François Blanchy, qui constituent l’essentiel de son livre « Une vie pour Nîmes », le premier magistrat n'a aucun complexe à déclarer préférer Nîmes aux Nîmois. Sur le plateau du Club Objectif Gard, il récidive : « Les Nîmois ne sont pas toujours très faciles. Souvent j’ai dû faire marche arrière… Je suis attaché à Nîmes, mais les Nîmois en seconde partie. » Ça a le mérite d’être clair.
L'appétence du pouvoir
Le réchauffement climatique, thème central de nombreuses campagnes municipales, ne semble guère l'émouvoir. « Ce n’est pas une priorité. Je n’y pense pas tous les jours… Il fait chaud à Nîmes. On est Nîmois, on supporte la chaleur ! » Plus intime, il se décrit comme comme un homme qui « n’aime pas faire de grands discours, pas spécialement ouvert aux autres » : « Je ne suis pas le gars qui va serrer des mains partout. » Alors aller tracter sur les marchés ? « Je le faisais… Pas toujours avec du bonheur, mais je le faisais », confirme-t-il sur notre plateau. Dans ces conditions, pourquoi vouloir se présenter à une élection ? Tout simplement « pour le pouvoir. Le pouvoir de faire des choses que l’on a décidé. » Finalement, la recette a fonctionné : il a été élu à quatre reprises.
Reste une interrogation majeure, au regard de sa personnalité, qui est le véritable héritier de Jean-Paul Fournier ? Franck Proust, son successeur officiel ? Ou plutôt Julien Plantier, son ancien premier adjoint, aujourd'hui répudié, et réputé pour être distant avec les administrés ? Interrogé sur ce dernier, Jean-Paul Fournier sort l'artillerie lourde : « Il n’est pas dans la même ligne que moi. Il n’est pas dans le coup. Moi, à l’époque de Jean Bousquet, je ne suis pas allé si loin. » Et d’ajouter : « Décider de maintenir sa candidature alors qu’il a eu des propositions très généreuses - même trop - de Franck Proust... ». Puis de livrer les coulisses des négociations : « Franck a proposé de prendre huit personnes de son entourage, avec quatre postes d’adjoint et deux à l’Agglo, c’est quand même pas mal. » Et de clouer au pilori, un peu plus tard, son ex-premier adjoint qu’il a pourtant mis en orbite en 2020 : « Julien Plantier a un caisson pas possible (…) Je n’ai jamais tellement travaillé avec lui… » Le coup de grâce.
Si Julien Plantier n’est plus son fils spirituel, Franck Proust l’est-il vraiment ? Le Républicain, issu des rangs de Démocratie libérale, ne cesse de citer Jean Bousquet depuis son entrée en campagne. Jean Bousquet, le maire de Nîmes avec qui Jean-Paul Fournier a eu des relations parfois orageuses. D’ailleurs, dans son livre, il ne l'épargne guère… Jean-Paul Fournier s’étonne que le patron de Cacharel n’ait jamais entrepris le classement à l’Unesco de la Maison Carrée. Lors du choix de l’architecte de Carré d’Art, Jean-Paul Fournier avait, lui, voté pour la proposition de Jean Nouvel : « Le projet était tout enterré et laissait libre la place au niveau de la rue. On avait une vue dégagée sur la Maison Carrée depuis l’Impérator. » Des colonnes que Jean-Paul Fournier affectionne plus que Jean Bousquet qui avait « des idées parfois bizarres ». Un jour, en passant devant la cour d'appel du palais de justice, Jean Bousquet aurait lancé : « Ça, il faut le faire sauter », là où Jean-Paul Fournier le trouvait « magnifique ».
Françoise Dumas ? « Elle est au chaud à Paris ! »
Enfin, les municipales passées en mars prochain, place aux Sénatoriales. Le maire n’est pas tendre avec Vivette Lopez, élue sur sa liste en 2014 : « Elle brasse beaucoup de vent, ne fait pas grand-chose… » Dans son livre, l’ancienne maire de Mus n’est même pas citée. Ne se représentant plus, qui sera la nouvelle candidate femme sur la liste des Républicains ? Françoise Dumas, ex-députée du Gard ? « J'ignore si elle le voudra… Et puis, est-ce qu’elle en a les capacités ? Elle ne fait rien depuis deux ans, elle est à Paris, au chaud.» Autant dire que les déclarations de Jean-Paul Fournier, elles, ont refroidi, ce mercredi soir, beaucoup d'élus...