EXPRESSO Médecins, ouvriers agricoles, pâtissiers… La galère des titres de séjour

La préfecture du Gard
- Noémie MegerLa préfecture du Gard accuse plusieurs mois de retard dans le renouvellement des titres de séjour, laissant de nombreux travailleurs dans une situation de détresse administrative et sociale.
« C’est un vrai enjeu, je le reconnais. Les agents du service des titres de séjour font un travail de dingue ! », a déclaré le préfet du Gard, Jérôme Bonnet, lors du Club Objectif Gard du 3 juin. Interrogé sur les difficultés rencontrées par les usagers, il reconnaît l'ampleur du problème. Sont concernés : des médecins, des étudiants, des ouvriers agricoles… Ils sont parfois installés en France depuis des décennies. La préfecture accuse jusqu'à douze mois de retard dans le traitement des demandes. Sans titre en règle, ces personnes ne peuvent ni travailler, ni accéder correctement aux soins.
Blocage administratif
Au Mas de Mingue, la présidente de l’association La Pléiade, Soukaïna Benjaafar, témoigne : « Les agents de l’État peinent à rattraper le retard accumulé pendant la crise sanitaire. Et ils ne sont tout simplement pas assez nombreux pour absorber le volume de dossiers. » Élue du canton de Nîmes 2 et vice-présidente du Conseil départemental chargée de la Politique de la ville, Amal Couvreur abonde : « Deux médecins m’ont sollicitée… Cela faisait dix ans qu’ils exerçaient dans le Gard. À chaque rencontre avec le préfet, j’insiste sur cette problématique. »
Le dernier cas pour lequel l’élue est intervenue concernait un pâtissier : « Il a été accepté chez les Compagnons du Devoir. Mais sans renouvellement de son titre, il ne pourra pas partir à Nancy. » Au Mas de Mingue, le frère de Nadia, conducteur agricole depuis 12 ans, ne peut plus exercer. Saïda Maknozi, médiatrice santé et trésorière de La Pléiade, alerte : « Je vois arriver des personnes malades… Il ne s’agit pas de simples rhumes. On parle parfois d’oncologie. Dans ces cas-là, on doit basculer sur l’AME (Aide médicale d’État). »
Une problématique déjà connue dans le département
Cette situation rappelle celle vécue en 2021 par le Conseil départemental du Gard concernant le renouvellement des droits des personnes handicapées. À l’époque, la collectivité avait investi dans un robot à lecture optique pour accélérer le traitement des dossiers. Des CDD avaient également été recrutés pour renforcer les effectifs de la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées). « On travaille avec l’École des Mines pour introduire de l’intelligence artificielle dans le traitement des dossiers. Cela pourra aider les agents dans les tâches répétitives », explique aujourd’hui le préfet.
Cette coopération n’a pas, pour l’heure, apporté de résultat. À noter toutefois qu'en 2024 : 20 % de titres de séjour supplémentaires ont été délivrés par rapport à l’année précédente.