Publié il y a 2 h - Mise à jour le 11.09.2025 - La rédaction - 8 min  - vu 261 fois

FAIT DU JOUR « Bloquons tout » : citoyens ordinaires mais colères profondes

Ce mercredi, aux quatre coins du Gard, de nombreux manifestants se sont mobilisés dans le cadre du mouvement "Bloquons tout". Si les revendications et les sujets de préoccupation sont divers, tous attendent de gros changements au plus haut sommet de l’État et dans le fonctionnement de la société.

Jennifer, éleveuse ovine à Saint-Maximin,
Jennifer, éleveuse ovine à Saint-Maximin, • Thierry Allard

Jennifer, éleveuse ovine à Saint-Maximin, membre de la Confédération paysanne : « Je suis agricultrice et j’ai rarement l’occasion de me dégager du temps, mais là, avec la loi Duplomb, c’est bon. J’ai l’impression qu’on n’a aucun impact, prendre les gens pour des imbéciles, ça suffit. Ce gouvernement ne défend que ceux qui ont des intérêts dans les grandes cultures, mais ce n'est pas ça l’agriculture qui nourrit la planète. Et il n’y a pas que la loi Duplomb qui me pousse à manifester aujourd’hui, il y a aussi les questions de justice sociale et de défense des services publics. » 

Ce mercredi matin, une vingtaine de manifestants, présente depuis 5h, a bloqué l’entrée du lycée Daudet, côté Victor-Hugo.
Ce mercredi matin, une vingtaine de manifestants, présente depuis 5h, a bloqué l’entrée du lycée Daudet, côté Victor-Hugo. • Norman Jardin

Ambre, 17 ans, en terminale au lycée Daudet : «  Nous sommes là depuis 5h du matin et nous souhaitons la démission de Macron ! Nous aimerions également le retour du Pass Culture… »

Élie, 15 ans, en première à Philippe-Lamour : «  Au lycée Philippe-Lamour, nous représentons les spécialités artistiques. Normalement, ce sont des options dérogatoires, mais tout a été supprimé. De plus, ils nous retirent des subventions et ne privilégient pas du tout la culture. Nous, on se sent vraiment muselés. On ne peut plus voir de spectacles, nous manquons d’effectifs pour représenter nos options : le théâtre, la musique et le cinéma à Philippe-Lamour. Même les profs, qui ont des classes de plus en plus grandes, se mobilisent ! »

À 62 ans, Thierry Coudin arrive en fin de carrière avec un salaire de 2 400€
À 62 ans, Thierry Coudin arrive en fin de carrière avec un salaire de 2 400€ • Coralie Mollaret

Thierry Coudin, co-secrétaire Sud dans le médico-social : «  Cette mobilisation de la MDPH (Maison départementale pour les personnes handicapées) a pour but de rappeler au Conseil départemental qu’il est aussi maître de nos destins… Aujourd’hui, on n’entend parler que de restrictions budgétaires et plus des personnes dont nous nous occupons. Les conditions de travail se dégradent, les taux d’absentéisme dans les hôpitaux et les établissements médico-sociaux sont énormes. J’ai 62 ans, je suis éducateur spécialisé dans le conseil juridique et le droit social. En fin de carrière, je suis payé 2 400€ tout compris ! Mon métier, je l’ai fait par engagement… »

À 13 ans, Miguel a participé à la manifestation à Nîmes à 14h avec sa maman
À 13 ans, Miguel a participé à la manifestation à Nîmes à 14h avec sa maman  • Coralie Mollaret

Miguel, 13 ans, en 4 au collège Feuchères de Nîmes : « Je suis venu manifester avec ma mère. À la maison, nous avons souvent des débats de société. Le gouvernement est en train de demander aux gens de travailler plus, de faire des efforts alors que lui n’en fait pas. Pour cette manifestation, j’ai fait une pancarte. J’ai demandé à ma mère de m’aider pour l’écriture et j’ai récupéré un morceau du parasol pour faire la tige… »

Drapeau palestinien sur le dos, Victor appelle au respect du droit international
Drapeau palestinien sur le dos, Victor appelle au respect du droit international  • Coralie Mollaret

Victor Silberman, 71 ans, pigiste pour un magazine de motos : « Je suis là pour le respect du droit international. Notre gouvernement doit arrêter de livrer des armes à Israël. Il faut aussi qu’il applique les décisions de l’ONU avec le respect du mandat d’arrêt international contre Benyamin Nétanyahou… Ce qui se joue, c’est l’avenir de l’humanité. Ce qui régit la coexistence des peuples, c’est le droit international. Quand toute la communauté internationale laisse cet État voyou faire fi du droit international, ça crée un précédent… Un précédent pour les conflits à venir avec la famine organisée, le bombardement des hôpitaux, l’interdiction d’entrée des médicaments… »

Stéphane Vervacke, membre du « Collectif travail social Gard »
Stéphane Vervacke, membre du « Collectif travail social Gard » • Erwan Robert

Stéphane Vervacke, membre du « Collectif travail social Gard » : « Nous voulons que l’argent aille dans la solidarité. Le 10 septembre : une date de résistance, d’espoir et de combat. » 

Sylviane, militante la France insoumise
Sylviane, militante la France insoumise • Thierry Allard

Sylviane, militante la France insoumise, Saint-Maximin : « Comme beaucoup de Français, je n’en peux plus de la politique liberticide d’Emmanuel Macron et de la casse de tous nos services publics, regardez l’état lamentable de nos hôpitaux, de nos écoles, le nombre de gens à la rue dans la septième puissance mondiale. Le budget de Bayrou est une véritable honte, heureusement qu’il n’a pas obtenu la confiance du Parlement. On nous a mis Lecornu, mais ça ne sert à rien, le principal responsable de cette politique toxique est Macron, qu’il s’en aille. »

Lors du rassemblement devant la MDPH du Gard, Ouafae Verrecchia, éducatrice spécialisée à Nîmes, témoigne.
Lors du rassemblement devant la MDPH du Gard, Ouafae Verrecchia, éducatrice spécialisée à Nîmes, témoigne.  • Coralie Mollaret

Ouafae Verrecchia, éducatrice spécialisée à Nîmes : «  J’ai 47 ans et je suis mère de trois enfants de 16, 11 et 3 ans. Si je suis mobilisée aujourd’hui, c’est parce que je m’inquiète pour leur avenir. Je m’occupe de personnes en situation de handicap et je vois bien que les moyens, insuffisants, ont un impact sur la dignité de la personne. Le management nouvellement proposé, avec la fusion de certains services, est déconnecté des réalités. Il faut remettre l’intérêt des personnes au centre des politiques publiques. »

Le lycéen appelle Emmanuel Macron à travailler avec la gauche
Le lycéen appelle Emmanuel Macron à travailler avec la gauche  • Coralie Mollaret

Nathaniel Garo, en première au lycée Hemingway de Nîmes : « On est là pour se battre… Le président Emmanuel Macron n’écoute pas la voix du peuple. Aux élections législatives, la gauche est arrivée en tête. Certes, cette majorité est relative, mais c’est une majorité quand même. Il fallait qu’il se mette d’accord avec la coalition de gauche. Je suis aussi ici pour demander le retrait de certaines réformes comme Parcoursup, une machine qui trie des humains… »

Les élèves du lycée Charles-Gide d’Uzès
Les élèves du lycée Charles-Gide d’Uzès • Thierry Allard

Cléo, élève en Terminale au lycée Charles-Gide d’Uzès : « Les investissements dans les écoles et les lycées ont baissé, au lycée nous avons des voyages scolaires annulés, de moins en moins de sorties culturelles. Il y a de plus en plus d’étudiants dans la précarité. Nous avons des journées très chargées, un gouvernement qui ne nous aide pas, et j’ai peur pour plus tard : est-ce qu’on va trouver un travail ? Avoir un logement ? On n’en parle pas assez. » 

Mia et Maryam, élèves de Terminale au lycée Charles-Gide d’Uzès : « On manifeste pour la première fois car on s’inquiète pour notre avenir. On n’est pas contentes du budget, ni du nouveau Premier ministre. Il y a des restrictions partout, dans la culture par exemple, et sur la question de l’environnement, le gouvernement n’en fait pas assez. On nous met de côté, nous les jeunes, alors que c’est nous l’avenir. » 

Marielle Vallet, 58 ans, employée à Auchan
Marielle Vallet, 58 ans, employée à Auchan • Coralie Mollaret

Marielle Vallet, 58 ans, hôtesse de caisse à Auchan : « Par les décisions d’Emmanuel Macron, je veux éviter que les Français soient envoyés sur le front ukrainien. J’ai trois fils, je ne veux pas qu’ils servent de chair à canon… »

Miette (prénom d'emprunt), qui réside "à côté de Ganges", présente sur la mobilisation au Vigan : "La politique sociale n'est pas à la hauteur des besoins. Les inégalités sont toujours plus fortes, la redistribution marche de moins en moins. Et l'appareil démocratique est foutu, à cause de la Macronie. Comment réécrire des outils constitutionnels qui répondent aux besoins sociaux ? La bourgeoisie de pouvoir fait sécession et se déconnecte volontairement. On n'a pas envie d'impacter les personnes qui n'ont pas le choix, on ne veut pas les empêcher d'aller au boulot ou de consommer s'ils n'ont pas d'autre choix. Mais on a la volonté d'agir."

Distributon de tracts aux automobilistes, ce mercredi matin, au rond-point dit "des gilets jaunes" du Vigan • François Desmeures

Églantine, agricultrice entre Viganais et Aigoual : "Je me suis réveillée en ayant marre de subir, de voir que toutes les décisions vont dans le sens de protéger et privilégier une minorité (...) En agriculture, tellement de décisions (et pas que la loi Duplomb) favorisent le développement des grosses firmes qui prennent les subventions et les aides... La politique européenne favorise justement le développement de ces filières au détriment des paysans qui nourrissent localement et travaillent respectueusement avec le vivant. Nous, on a beaucoup de travail pour peu de revenus. Alors que c'est un métier de base pour l'existence... Ce monde va vers la mort : tout ce qu'on entend, c'est l'impression de se préparer à la guerre et de détruire la vie."

Un travailleur social anonyme de Molières-Cavaillac : "Q'un pays comme la France ait une dette d'État dont on nous explique qu'on est responsable, je ne peux plus l'entendre. J'ai toujours payé mes impôts, payé mes taxes. J'ai un bon salaire mais à quatre, on n'a plus rien à la fin du mois. L'effort n'est pas partagé : ça fait vingt ans qu'ils font casquer le peuple."

Jean-Michel et Philippe (prénoms modifiés), sur le rond-point des gilets jaunes au Vigan : "Ce n'est pas aimable d'être pris pour des cons. Je pense à ma grand-mère et au Front populaire, dont elle nous racontait les acquis. Je pense à l'avenir : qu'est-ce qu'on va leur donner, nous, aux enfants ? La nomination de Lecornu.... Ce sont des provocateurs. Ils ont laissé les socialistes se rouler dans la boue pour finalement nous rouler dans la boue. La mobilisation est plus difficile qu'avant parce que le prolétariat est multiforme, et les bourses du travail n'existent plus. On vit à l'époque de "l'ubérisation" des problèmes. Et on entend toujours "il y a trop d'immigrés, il y a trop de social. Dans les petites villes, les gens ont l'impression que ceux qui profitent sont les plus petits..."

Une manifestante qui résumait avec humour les raisons de la mobilisation, ce mercredi au Vigan • François Desmeures

Elsa, éleveuse de brebis laitières à Bréau-Mars : "Le ras-le-bol est général, même si je suis plus concernée par les questions agricoles, comme la loi Duplomb ou le Mercosur. Au début, n'ayant pas de capital, j'ai pu me lancer grâce au RSA. Mais on doit se justifier tout le temps de ce qu'on fait, donner des heures en plus..."

Nathalie, en pension d'invalidité, sur le rond-point du Vigan : "C'est presque la première fois que je me mobilise, même si j'ai déjà défilé individuellement. Ça ne me va pas que le côté social soit méprisé, qu'il y ait la volonté de casser et de détruire ce qui a mis des dizaines d'années à être mis en place. J'ai commencé à travailler à 16 ans et demi, et j'ai été mise en invalidité à 52 ans, dans la fonction publique, alors que je pouvais encore faire du travail de bureau. Je n'ai plus que la moitié de mon salaire. Tout ça, ça met les gens en détresse silencieuse."

Snack improvisé et "à prix libre", sur le rond-point des gillets jaunes au Vigan • François Desmeures

Lilou, Arlésienne ayant participé au blocage de la RN113 : "Cela ne peut plus durer comme ça, c’est toujours les mêmes qui payent. Les plus riches n'arrêtent pas de s'enrichir et on nous demande de faire des efforts. Ils ne font rien pour l’environnement, ils nous parlent de dette, mais c’est eux la dette, on crée la dette pour enrichir les actionnaires."

Martine, retraitée présente sur le blocage de la RN113 à Arles : "Je suis ici pour être solidaire avec la jeunesse, pour plus de justice sociale, pour l’écologie, pour que l’argent arrête de tout régir. Il faut penser à nos enfants et à l’environnement ! Ils ne tiennent jamais compte de nos votes, la preuve encore avec la nomination de Lecornu alors même qu’une mobilisation était déjà prévue. On ne doit plus payer pour les riches."

Renaud, 60 ans. • S.Ma

Renaud, 60 ans, facteur à Saint-Gilles présent sur la RN113 à Arles : "On en a ras-le-bol. L'inflation est partout. Et dans mon travail je le vois, on a plus 10 % de lettres recommandées. Ce sont rarement des bonnes nouvelles, mais plutôt des recouvrements, des impayés... Moi, après 20 ans à La Poste, je gagne entre 1 500 et 1 600 € par mois. Et j'ai 1 100 € de frais fixes. Alors oui, aujourd'hui, il faut être dans la rue, il n'y a que comme ça qu'ils nous entendront en haut, mais il faut être encore plus nombreux les prochaines fois."

Hubert, 79 ans, retraité de la fonction publique, ancien Gilet jaune à Arles : "On ne cesse de nous ponctionner, de nous faire les poches. Ça suffit. Et les jeunes, c'est une catastrophe, on les laisse se charger de tout. La pauvreté s'installe en France, les gens survivent bien plus qu'ils ne vivent. Ce n'est plus possible, il faut que ça change, c'est pour cela que je suis là, comme je l'étais en 2018. Après, est-ce que le mouvement se poursuivra, je ne sais pas."

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