Publié il y a 4 h - Mise à jour le 12.08.2025 - Propos recueillis par Coralie Mollaret - 5 min  - vu 321 fois

FAIT DU SOIR « J’ai la légitimité, le parcours et l’expérience » : Christophe Cavard veut revenir en politique

Christophe Cavard, directeur régional sud coallia et ancien député du Gard

Christophe Cavard, directeur régional sud Coallia et ancien député du Gard

- Coralie Mollaret

S’il dit ne jamais l’avoir vraiment quitté, la défaite aux législatives en 2017 a éjecté Christophe Cavard du jeu politique. Aujourd’hui directeur de l’association Coallia, l’écologiste se met à disposition des forces de gauche à Nîmes pour les municipales.

Objectif Gard : Qu’avez-vous fait depuis votre défaite aux élections législatives de 2017 ?

Christophe Cavard : Pendant six mois, j’ai accusé le coup… J’ai réfléchi avec mon chien. Poussé par ma compagne, Nadja, j’ai passé le CAFDES, le certificat d’aptitude pour diriger un établissement social. Ce domaine, je le connais. Comme mes parents, j’ai été éducateur dans le monde de la prévention spécialisée (foyers Lumière et Joie, Hubert Pascal). J’ai notamment monté le centre social Odyssée de Redessan. J’ai tout arrêté en 2012, quand j’ai été élu député puisque vous ne pouvez pas exercer de métier en parallèle. À 45 ans, avec un parcours scolaire chaotique, j’ai donc repris mes études ! (Rires)

« Après 2017, j’ai repris mes études… poussé par ma compagne »

Au lycée, vous étiez plus préoccupé par les manifestations contre la loi Devaquet que les cours…

Oui ! C’est d’ailleurs à ce moment-là que j’ai adhéré au Parti communiste. On disait que ces manifestations étaient les plus grosses depuis Mai 68. J’avais grandi dans une famille militante : mes parents étaient communistes et ma mère, responsable de section à Nîmes. À partir de là, je ne vais plus quitter le monde politique. En 1998, j’ai été élu le plus jeune conseiller général (devenu départemental) sur le canton de Saint-Chaptes (aujourd’hui Uzès). En 2004, je suis devenu vice-président chargé de l’insertion. Un poste que je vais perdre puisque, quatre ans plus tard, j’annonce mon départ du Parti communiste. J’étais plutôt sensible à la question de l’altermondialisme, d’Attac, de l’écologie… Je suis un fervent soutien de José Bové.

Le député EELV Christophe Cavard. Photo : Coralie Mollaret / Objectif Gard. • Coralie Mollaret

Est-ce comme ça qu’en 2012, vous avez été investi par EELV aux législatives sur la 6 circonscription ?

Pas exactement… À cette époque, le patron du PC est Jean-Paul Boré. Mon départ ne se passe pas très bien. À la présidentielle 2007, je soutiens José Bové. Les communistes, Marie-George Buffet. Dans la foulée des départementales de 2008, nous sommes trois élus écologistes, et le président de l’époque, Damien Alary, m’autorise à créer un groupe que je préside. En 2009 se crée EELV avec Daniel Cohn-Bendit. J’y adhère. En 2012, je suis d’abord investi, mais sur la première circonscription. Avec Françoise Dumas, candidate PS, elle, sur la 1ʳᵉ, on demande à nos partis de switcher. Ils acceptent. Après, ma candidature a été mal vécue par le responsable écologiste de l’époque, Sylvain Pastor, qui l’a contestée et a même manifesté devant le Café Olive lors de mon lancement de campagne…

Uzès : de l’opposition au soutien du maire

Après votre défaite aux législatives, vous avez continué de faire de la politique mais à Uzès où vous êtes encore élu d’opposition. Que retenez-vous de cette expérience ?

J’ai voté le dernier budget… Du coup, je ne suis plus un opposant. L’avenir d’Uzès a changé depuis que Fabrice Verdier est là. Il y a aussi Delphine Dejean ou Sophie Marinopoulos, sur la liste écologiste lors des dernières européennes. C’est vrai, je n’ai pas compris pourquoi il s’est allié en 2020 avec le maire Jean-Luc Chapon. Mais soyons clairs et pragmatiques, l’intérêt général prime sur le reste.

Vous avez décidé de ne plus vous représenter aux municipales d’Uzès.

Oui, c’est fini. Je fais de la politique là où je suis. J’habite à Nîmes, nous avons un appartement à la Placette et une maison à Saint-Anastasie (sur le canton d’Uzès, NDLR). Je verrai à quel moment j’aurai encore la motivation de participer à un cycle électoral.

christophe cavard
Christophe Cavard a offert une bouteille de vin rouge à Jean-Luc Chapon, qui a fêté le 13 mars ses 40 ans en tant que maire d'Uzès. • photo Marie Meunier

Si Denis Bouad ne se représente pas aux départementales, serez-vous candidat sur le canton d’Uzès ?

Nous sommes en 2025… Le scrutin est en 2028. Je connais un peu le monde politique… Beaucoup de choses peuvent bouger. Si, avec Denis Bouad, on a pu avoir des distorsions politiques, dans les faits, nous nous sommes toujours soutenus. En 2015, je me suis retiré du canton de Saint-Chaptes et Denis Bouad a formé un binôme avec Bérangère Noguier qui était ma suppléante. Lui m’a soutenu aux législatives.

« Je ne souhaite pas être sur une liste à Nîmes »

Vous déclarez vouloir « faire de la politique là où vous vivez »… Donc à Nîmes. Toutefois, le candidat de la gauche aux municipales, Vincent Bouget, veut-il de vous ?

Je ne souhaite pas être sur une liste. Je suis en soutien. Je n’ai pas besoin d’être affilié à un parti politique, j’ai la légitimité de mon parcours politique, de mon expérience, de mes réseaux. Je suis un acteur qui peut donc aider, apporter de la force. L’aspect unitaire est primordial pour l’emporter. Moi, mon combat, il est viscéral contre l’extrême droite. Je fais partie de cette génération qui a voté Chirac et Macron pour s’opposer au RN.

Comment la gauche peut-elle l’emporter face à des insoumis qui veulent faire cavalier seul ?

Pour moi, ce n’est pas un problème. Si mes convictions politiques ont peu évolué, que je suis convaincu que le capitalisme n’a pas lieu d’être, je pense que dans une dynamique très forte de gauche unie, LFI ne résisterait pas beaucoup. Vincent Bouget, c’est quand même pas une gauche molle ! Avec l’âge, l’expérience… j’ai appris à ne pas être sectaire, à modérer mes propos, mes opinions. D’ailleurs, s’il faut faire barrage au RN, il faudra savoir travailler avec le bloc central. C’est ma position.

Quel regard portez-vous sur Françoise Dumas, ex-socialiste puis macroniste, qui soutient le candidat LR Franck Proust aux municipales nîmoises ?

J’ai beaucoup de respect pour elle. Dans son parcours, tout le monde a voulu l’instrumentaliser. Que ce soit Damien Alary ou son oncle, William Dumas. Certes, elle a été au PS, mais c’est une femme qui n’a aucun mal à défendre des idées de droite. Idéologiquement, ça n’a pas été choquant de la voir passer du PS à La République en Marche (aujourd’hui Renaissance). Fabrice Verdier, ancien député parti avec Chapon, est aussi dans ce cas-là. Ils ont une vision plus libérale et moins radicale. C’est sans doute pour ça que la ligne « fauriste » du PS, tournée vers les autres partis de gauche, a été plus difficile à avaler…

Coallia, mineurs isolés, et tensions avec le Département

Un mot sur votre profession. L’association dans laquelle vous travaillez, Coallia, a récemment emporté un appel à projet du Département du Gard pour encadrer des mineurs non accompagnés. Finalement, cet appel va être relancé.

Le Département s’est fait rentrer dans le lard concernant le financement pas très clair du nouvel appel à projet. La situation est déjà très tendue avec une refonte des dispositifs de protection des jeunes. La Cour de cassation demandait, en novembre 2024, de supprimer les SAPMN (Service d’adaptation progressive en milieu naturel). Le Département a calmé le jeu en nommant une médiatrice, Carole Garido. Quant à ma compagne, dont j’ai vu le nom fuiter, elle est directrice au Département des services supports. Elle est en disponibilité puisqu’elle va jouer un rôle important dans la campagne de Vincent Bouget…

Propos recueillis par Coralie Mollaret

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