POLITIQUE Mouvement du 10 septembre : "Il y a un ras-le-bol légitime qui s'exprime" pour l'Insoumis Nicolas Pellegrini

Nicolas Pellegrini, du Parti de Gauche, militant de la France insoumise
- Photo : Coralie Mollaret"Lors de la rentrée parlementaire, nous allons déposer une motion de censure pour que tout simplement ce mouvement trouve un aboutissement politique."
La France Insoumise fait sa rentrée politique dans la Drôme pour les universités d'été du mouvement politique. Avec comme point d'orgue, la prise de parole de Jean-Luc Mélenchon. Nicolas Pellegrini, membre de LFI à Nîmes et représentant le Parti de Gauche, partenaire des Insoumis, s'exprime sur Objectif Gard & Arles ce dimanche.
Objectif Gard : Pour sa rentrée politique, la France insoumise se positionne en faveur du mouvement de protestation annoncé pour le 10 septembre prochain. Pourquoi ?
Nicolas Pellegrini : D'une part, parce qu'il reprend un grand nombre de revendications que l'on partage, à savoir des revendications aussi qui sont très politiques. Il y a un ras-le-bol légitime qui s'exprime. Il est aussi question de dégager François Bayrou qui propose non seulement de bosser plus longtemps, mais en plus de sucrer deux jours fériés. C’est travailler plus pour toujours moins. Donc, on partage ces revendications, on se met à disposition de ce mouvement pour qu'il aboutisse et qu'il ait un débouché politique.
Vous souhaitez aussi en urgence déposer une motion de censure contre le gouvernement…
Lors de la rentrée parlementaire, nous allons déposer une motion de censure pour que tout simplement ce mouvement trouve un aboutissement politique. Soit Bayrou met un terme à sa saignée sociale et à son budget austéritaire, soit il quitte le gouvernement. Sinon, en censurant et en lui forçant la main. Cela étant, il y a une voie encore plus démocratique qui serait la démission du président de la République.
Avec un risque de blocage du pays derrière ?
On n'a pas attendu la France Insoumise et ce mouvement du 10 septembre pour que les PME commencent à crever, pour que les gens s'appauvrissent, etc. On a suffisamment travaillé sur des alternatives pour pouvoir en proposer. D'une part, c'est de mettre un terme à ce budget austéritaire et après de construire une alternative.
L'alternative, quelle est-elle ?
C'est de mettre en place les réformes qu'on a toujours proposées, donc à savoir une meilleure répartition des richesses. Ce n'est pas normal que 10 % de la population la plus riche garde 35 % de la richesse nationale, ils se sont sur-enrichis sous le mandat Macron. Ce n'est pas normal que les 90 % les plus pauvres se soient appauvris et ont perdu du pouvoir d'achat sur les huit dernières années. Et le gouvernement actuel, c'est précisément ce qu'il propose dans son budget. Et on va demander aux gens de travailler toujours plus. La France insoumise, et d'ailleurs ce mouvement du 10 septembre est dans cette lignée-là, propose que les gens travaillent moins, mais soient mieux rémunérés.
Comment allier les deux ?
Qu'est-ce qui fait la richesse du pays, et notamment des TPE, PME, c'est la consommation populaire. 50 % de la richesse du pays, c'est la consommation populaire. Donc si les gens ne consomment plus, le pays s'écroule. Et pour qu'ils puissent consommer, il faut du pouvoir d'achat. Et le meilleur moyen de faire du pouvoir d'achat, c'est de mieux répartir la richesse. Alors moi, je ne dis pas qu'il faut aller saigner les milliardaires, ce n’est pas le sujet. Le sujet, c'est pourquoi est-ce que les milliardaires et les grandes entreprises et les multinationales se sont autant enrichis de manière exponentielle depuis ces dernières années, sans contrepartie derrière ? C’est normal que les gens soient en colère, parce que non seulement ils paient des impôts, mais ils ne voient pas les services publics derrière, ils ne voient pas leur frigo rempli.
Est-ce qu'aujourd'hui, la France insoumise, a les moyens de ses ambitions et la capacité de remporter des villes de France ?
Non seulement on a l'ambition d'en remporter, mais d'en remporter le plus possible. Déjà parce qu'il y a un double objectif. Le premier, c'est qu'en prenant des villes, on peut déjà garantir des maintiens de services publics de proximité en ne rentrant pas dans une logique austéritaire et de performance. On peut installer un rapport de force aussi dans les territoires pour éviter la fermeture de certains services publics. On peut rendre une partie de leur souveraineté aussi au peuple en utilisant les outils qui sont à notre disposition. Mais aussi en allant plus loin que le droit pour permettre aux citoyens de mieux participer aux décisions collectives, notamment en étant consultés sur les grands projets, etc. Et également d'agir de manière générale sur l'environnement, la grande oubliée des communes. Ça, c'est pour l'objectif des municipales, mais le deuxième objectif qu'il y a derrière, c'est aussi forcément de donner à voir ce que nous pourrions faire à l'échelle nationale. Et donc la présidentielle de 2027…
Est-ce que la France insoumise aujourd'hui gagner seule ?
Alors non seulement je vais vous dire oui, mais en plus je vais vous dire comment. Tout simplement parce que ça fait des années et des années qu'on nous dit que la France insoumise seule ne peut rien faire. Or précisément, puisqu'on incarne une ligne politique qui n'est pas complaisante avec le pouvoir en place, qui n'est pas complaisante avec une certaine presse un peu bourgeoise. Et qui continue toujours de clamer haut et fort ses principes sans jamais détourner le regard et ni baisser la tête, que l'on va finir par engager et convaincre de plus en plus d’électeurs. On nous donnait, perdant à toutes les élections, finalement, on était largement devant la gauche…
Devant la gauche peut-être. Mais ce n’est pas suffisant pour gagner ni en local ni au niveau national. Comment faire alors ?
La question de l'union de la gauche, à condition que certaines garanties programmatiques soient maintenues, mais étant donné que ce qui compte pour une certaine gauche, c'est simplement de sauver leur siège… Donc, nous, l'idée, c'est de dire, on ne vous a jamais trahi.
Est-ce que la France Insoumise a profité de l'été pour rencontrer le communiste Vincent Bouget, qui est désormais le candidat d'une grande partie de la gauche ?
Déjà, nous, on travaille avec des propositions sur la table. On a déjà commencé et on va continuer à rencontrer des personnalités du monde associatif, du monde syndical, etc. Pour enrichir non seulement notre programme et voir s'il y a aussi des personnalités de la société civile qui peuvent aussi se retrouver dans nos propositions.
La France Insoumise pourrait avoir, en tête de liste, une personnalité forte de Nîmes ?
Cela pourrait être le cas dans d'autres villes, mais à Nîmes, non, ce sera un Insoumis, puisque c'est ce qu'on a décidé collectivement.
Et qui sera ce candidat ?
Pour l'instant, on ne sait pas. On est dans une phase de travail et d'élaboration de propositions.
Nîmes a été encore le théâtre cet été de violences urbaines, sous fond de trafics de drogue. Est-ce qu'aujourd'hui, la France Insoumise a des solutions ?
J'aimerais affirmer de manière claire que tous les mantras de la sécurité et notamment des gens qui sont aux responsabilités depuis des années n'ont jamais rien fait et n'ont jamais rien pu faire. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a une plaque tournante du narcotrafic à Nîmes, les premières victimes sont les personnes qui vivent dans les quartiers populaires et on ne fera rien sans les personnes des quartiers populaires. Actuellement, il y a une espèce de mépris, pour ne pas dire de mépris de classe qui est opérée par la municipalité en place. Ils n’ont que le mot répression à la bouche sans comprendre ce que la prévention, le désenclavement de certains quartiers, le retour de certains services publics aussi pourraient apporter à la situation. Nous avons des solutions à proposer et d'ailleurs, on va les présenter sous peu, spécialement en lien avec des personnalités des quartiers populaires. Pour autant, c'est un problème qui doit se gérer aussi à l'échelle de l'État. Si l'État ne fait rien, les collectivités, par manque de moyens, sont aussi démunies. Pour autant, je ne veux pas que les gens pensent qu'on ne va rien pouvoir faire. Il y a des choses à faire et pour l'instant ces solutions, elles n'ont jamais été mises en place par ceux qui nous accusent de ne pas parler de sécurité.
Un tout dernier mot, le journaliste du journal Le Monde Olivier Pérou s’est vu refuser son accréditation pour les universités d’été de LFI. Il s’agit clairement d’une atteinte grave au droit d’informer. Qu’en pensez-vous ?
Au bout d'un moment, il va falloir que la presse comprenne qu'on n'est pas le Parti socialiste qui tente de bien se faire voir de la presse. Nous, on est là pour appliquer un programme politique. On conteste le livre de ce journaliste totalement mensonger et diffamatoire. D'ailleurs, il y a eu des plaintes qui ont été déposées. Nous n’avons rien contre les journalistes qui effectuent convenablement leur travail. En revanche, il faut aussi qu'ils acceptent qu'il y ait des mouvements politiques qui ne savent pas tendre l'autre joue.
Tout ça ressemble à une remise en cause des fondamentaux de la vie démocratique souvent utilisée par l’extrême-droite…
Vous pouvez y voir la couleur que vous voulez. Il y a d'autres médias qui sont les bienvenus. Peut-être aussi que Le Monde aurait pu envoyer un autre journaliste.