Publié il y a 1 an - Mise à jour le 19.02.2023 - Stéphanie Marin - 3 min  - vu 928 fois

FAIT DU JOUR Boris Lapiere : parler du don d'organes, un combat qui lui tient à coeur

Boris Lapiere

Trois ans après sa greffe du coeur, Boris Lapiere, 32 ans, participe ce dimanche à la huitième édition du NUT. 

- Photo : S.Ma

Greffé du coeur à l'âge de 29 ans, Boris Lapiere sera sur la ligne de départ de la huitième édition du Nîmes Urban Trail ce dimanche 19 février. Engagé sur la course du 15 km (470D+), son objectif est bien sûr de la boucler, mais aussi de faire parler du don d'organes.

Plutôt pudique et timide, il faut une boutade sur une écriture de docteur pour lui faire décrocher les yeux du carnet de notes. "Je n'ai pas l'habitude de parler de moi, ce n'est pas ce que je préfère", argumente-t-il une fois son regard bleu azur libéré des petits carreaux. Mais ce Nîmois de 32 ans s'est fait violence, car à travers lui, son parcours, c'est un sujet sociétal qu'il souhaite mettre en lumière : le don d'organe. "J'ai mon propre avis, mais je ne veux pas l'imposer, je souhaite seulement qu'on en parle, que les gens en parlent autour d'eux, mais surtout à leurs proches."

Lui-même n'en avait jamais parlé à ses parents, mais alors qu'il était branché à des machines qui aidaient son coeur à pomper, "j'ai dit à ma mère, mon coeur est foutu mais si le reste est bon, il faut le donner." Des souvenirs qui remontent à la mi-juillet 2019. Quelques jours avant, Boris souffrait des premiers symptômes d'insuffisance cardiaque.

"J'étais en situation d'urgence absolue, on m'a admis en soins intensifs"

"J'étais essouflé, mais pas forcément inquiet." Et puis le samedi, jour du baptême de son neveu, et après avoir assisté à un feu d'articifice, le jeune homme, qui se sait atteint de deux maladies auto-immunes, peine à retrouver son souffle sur le chemin du retour. Son père réussit à le convaincre de le conduire aux urgences. "À partir de ce moment-là, tout a été très vite. J'étais en situation d'urgence absolue, on m'a admis en soins intensifs." Relié à des machines, Boris attendra une semaine avant de voir cet infirmier passer la tête à la porte de sa chambre, et de l'entendre lui dire : "On a un coeur pour vous.

"Je pense que grâce à cette phrase dite à ma mère, j'ai pu accepter le don que j'ai eu", dit-il presque à lui-même. Et de poursuivre : "C'était la seule solution, j'ai tout de suite signé." Une opération de plusieurs heures qui s'est bien passée, après le service réanimation, Boris rejoint le service cardiologie. Après être resté plusieurs semaines alité, le Nîmois doit, entre autres, réapprendre à marcher, petit à petit. Après un passage dans un centre de rééducation à Hyères dans le Var, il retrouve son foyer, sa femme et sa petite fille alors âgée de quelques mois. Un retour "à la vraie vie" qui n'a pas été simple mais Boris a tenu bon, il ne le dit pas mais nous l'imaginons têtu. 

Boris Lapiere
Sans vouloir imposer son avis, le Nîmois Boris Lapiere veut simplement que l'on parle du don d'organes.  • Photo : S.Ma

Et pour preuve, trois mois après son opération, ce coureur émérite a rechaussé ses baskets. Un an après, il participait, inscrit par sa compagne, à une course de 17 km en Savoie "avec un dénivelé positif de 1000 m", précise-t-il. N'y voyez aucune prétention, c'est le plaisir du sport retrouvé qui l'anime. Tout autant que sa famille car depuis, Boris s'est marié et a eu une deuxième fille. Un heureux événement qui mouille son regard et lui fait dire malgré sa gorge serrée : "C'est la victoire de la vie."

Alors oui, Boris n'a pas exactement la même vie qu'avant l'été 2019, mais malgré son traitement, ses allers-retours à l'hôpital, ses coups de fil à son cardiologue, il poursuit son petit bonhomme de chemin, évitant de parler de sa greffe, non pas qu'il souhaite la cacher, "mais ça ne me définit pas, je suis bien plus que ça." Si aujourd'hui, il affronte sa pudeur, sa timidité, c'est pour parler de la réussite de son opération. "Je veux que l'on comprenne que je ne survis pas, je vis. Si ça peut donner un peu d'espoir, de réconfort aux familles des donneurs. En parler avec ses proches permet de prendre la décision plus rapidement, même si c'est difficile et de faire le prélèvement plus rapidement."

"Ce sera ma revanche"

Membre de l'association Montagnes d'espoir - ainsi que de Trans-Forme - le Nîmois participe régulièrement à des événéments sportifs, vêtu de son maillot au dos duquel on peut lire : "Don d'organes, moi j'en parle !". Le trentenaire le portera ce dimanche à l'occasion de la huitième édition du Nîmes Urban Trail. Le coureur a également prévu de participer à un trail de 16 km en Martinique et au Raid Nature du Pont d'Arc qu'il connaît bien pour l'avoir déjà fait. "Mais j'avais dû abandonner, je ne m'étais pas assez préparé. Ce sera ma revanche !"

La greffe d'organes en 2022

5 494 greffes ont été réalisées (dont 533 à partir de donneurs vivants) en 2022 contre 5 276 en 2021, soit une hausse de 4 %. Pour les greffes à partir de donneurs vivants, 533 greffes ont été enregistrées en 2022 contre 522 en 2021, dont 511 greffes rénales avec donneurs vivants. (Source : Agence de la biomédecine)

Stéphanie Marin

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