ALÈS / NÎMES Cinéma, conférences et recueillement pour accompagner Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon
Ce mercredi 21 février, Missak Manouchian entrera au Panthéon, en compagnie de son épouse, Mélinée. À travers lui, un hommage est enfin rendu aux Résistants étrangers et aux 23 fusillés de l'affiche rouge, ainsi qu'à leurs camarades déportées. C'est justement parce qu'ils étaient "camarades" que le parti communiste se charge d'accompagner cette arrivée de Missak Manouchian au Panthéon, à Alès et Nîmes. Après la commémoration de 11h, deux rendez-vous alésiens lancent, ce mercredi 21 février, une dizaine de jours de propositions surt le thème.
"Immigrés, communistes, et/ou juifs, ils avaient fui le génocide turc sur les Arméniens, le fascisme et l'antisémitisme de Pologne, d'Italie, d'Espagne, de Hongrie ou de Roumanie." Introduisant la programmation dédiée à la panthéonisation, ce mercredi 21 février, de Missak et Mélinée Manouchian, le secrétaire du PC alésien, Giovanni di Francesco n'omet pas d'évoquer les 23 condamnés de l'Affiche rouge à mort dans leur ensemble, dont les 22 fusillés au mont Valérien, le 21 février 1944. Et leur origine, qui ne leur permit pas d'obtenir la nationalité française - que Missak Manouychian réclama par deux fois - avant que leur sang coule et qu'ils soient enfin reconnus Morts pour la France en... 1971.
Missak Manouchian avait pris sa carte au parti communiste à la suite des événements du 6 février 1934. Et le PC n'oublie pas qu'il sera le premier des résistants communistes à entrer au Panthéon, alors que la parti a fourni un grand nombre de Résistants, allant jusqu'à être surnommé "parti des 100 000 fusillés".
Celui qui était son supérieur dans la résistance, Albert Ouzoulias, a longtemps oeuvré pour faire entrer des représentants des 23 de l'Affiche rouge au Panthéon. C'est sa petite fille, Nathalie Ouzoulias, qui a pris la suite du secrétaire alésien du PC pour présenter Missak Manouchian, ainsi que la programmation gardoise. Un Arménien "épris tout de suite de la littérature française et de la Révolution". Un homme qui avait échappé au génocide de son peuple par les Turcs et qui "a très vite senti le danger fasciste".
"Ni lui, ni Manouchian n'ont parlé. S'ils l'avaient fait, mon grand-père serait tombé."
Nathalie Ouzoulias, petite-fille d'Albert Ouzoulias, supérieur de Missak Manouchian dans la Résistance
Et, aux yeux du parti communiste, la commémoration tombe bien dans un contexte où "la peste noire" montre "sa capacité à se renouveler". "Pourquoi sont-ils, pour moi, des figures tutélaires ?, interroge Nathalie Ouzoulias. Il y avait un portrait sur le frigo de mes grands-parents, celui de Joseph Epstein, qui fut arrêté le même jour. Ni lui, ni Manouchian n'ont parlé. S'ils l'avaient fait, mon grand-père serait tombé. Quand mon grand-père est mort, on s'est rendu compte qu'il avait acheté une concession juste à côté du carré des fusillés."
Ce mercredi 21 février, avant la cérémonie parisienne de 18h30, un dépôt de gerbe aura donc lieu simultanément à 11h au parc du Bosquet, à Alès, et au monument à la mémoire des Martyrs de la Résistance de Nîmes, avenue Jean-Jaurès. Mais aussi à Saint-Jean-du-Pin. À 19h, au Cinéplanet d'Alès, vernissage de l'exposition Le groupe Manouchian, ces étrangers et nos frères pourtant (visible jusqu'au 2 mars). Dans la foulée, à 20h projection du film que le réalisateur marseillais Robert Guédiguian avait consacré au groupe des 23, L'Armée du crime.
Jeudi 29 février, à 13h30 au Cinéplanet, pour la diffusion du même film, les scolaires bénéficieront de la présence exceptionnelle de Georges Dyffau-Epstien, fils de Jospeh Epstein, qui fut également arrêté, mais fusillé, lui, le 11 avril 1944, avec 28 autres résistants. Cet invité de marque foulera ensuite les pavés du Prolé, rue de Beauteville, à 18h15, pour animer une conférence- débat, toujours en compagnie de Xavier Aumage, archiviste au Musée de la Réistance nationale à Champigny.
Vendredi 1er mars, les écoles de Nîmes ont rendez-vous au Sémaphore, toujours pour le film de Robert Guédiguian. Georges Duffau-Epstein et Xavier Aumage conduiront une nouvelle conférence à la Maison du protestantisme.
Samedi 2 mars, au Prolé d'Alès, à 18h, le metteur en scène et comédien, Denis Lanoy, donnera une lecture de Missak Manouchian, le poète, qui est édité pour la première fois en français. Enfin, lundi 11 mars, à 14h à La Grand'Combe, une commémoration aura lieu au square de la Résistance et une place sera baptisée "Mélinée et Missak Manouchian". Pour lui et ses 22 camarades, Louis Aragon achevait ainsi son poème Le Roman inachevé : "Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent, Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps, Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant, Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir, Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant".
À Alès, un complément au nom "Place des Martyrs-de-la-Résistance ?"
Si La Grand'Combe aura sa place Mélinée et Missak Manouchian (lire plus haut), la section alésienne du parti communiste s'apprête à faire une demande au maire et au président d'Alès agglomération. "On voudrait les interpeler pour "sur-baptiser" la place des Martyrs, et accoler au nom "Missak Manouchian et les 23 fusillés de l'Affiche rouge", expliquent Giovanni Di Francesco et l'élu alésien Jean-Michel Suau. Ce dernier ajoutant qu'il compte également demander de "donner le nom de Robert Badinter à un lieu public d'Alès".
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