Publié il y a 17 jours - Mise à jour le 25.11.2024 - Amélia Arfi - 3 min  - vu 217 fois

GARD "C’est difficile de se reconstruire" : le témoignage de Laura, une ancienne enfant placée

Photo d'illustration

- PHOTOPQR/L'EST REPUBLICAIN/MAXPP

Le 20 novembre marquait la Journée Internationale des Droits de l'Enfant. À cette occasion, le Conseil départemental et les associations Défense des enfants international (DEI) Gard et Unicef Languedoc-Roussillon, programment la Semaine gardoise des droits de l’enfant du 20 au 29 novembre 2024. Placée en famille d’accueil puis en institution, Laura, une jeune gardoise de 19 ans, témoigne.

En France, cette journée marque l'anniversaire de l'adoption, en 1989, de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant. Ce texte reconnaît, entre autres, le droit des enfants à la protection, à l'éducation et à l'expression. Mais qu'en est-il des enfants confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE)? L'exercice de leurs droits reste le même que pour les autres enfants.

Placée en famille d’accueil depuis l’âge de 7 ans, après avoir été victime de violences familiales, Laura(*), revient sur son parcours et sur ce que signifient pour elle les droits des enfants.

Placement, déplacement : la quête de la stabilité

“Suite à des violences de la part de ma mère, j’ai été placée en famille d’accueil”, raconte Laura. Un parcours en protection de l’enfance, semé de placements, de replacements et de déplacements. Depuis l’âge de sept ans, elle a vécu dans une dizaine de familles d’accueil et dans deux institutions différentes. “Je ne me sentais pas en sécurité parce que le week-end j'allais chez ma mère. Je devais toujours bouger. Cette sensation de stabilité je ne l’avais pas vraiment“, rejoue la jeune femme. Elle exprime aussi un besoin criant de plus de stabilité : “Je pense qu’il faudrait qu’il y ait un seul lieu d’accueil. Ne pas être déplacée sans cesse, avoir un endroit où l’on peut vraiment se sentir chez soi. C’est difficile de se reconstruire dans un environnement instable, surtout quand on n’a pas de repères.”

Aujourd'hui, elle vit dans un appartement, mis à disposition par l’aide sociale à l’enfance, dans le cadre du “contrat jeune majeur” régi par la loi Taquet du 7 février 2022. Tout en poursuivant ses études et en s'assumant financièrement, elle semble avoir trouvé des repères. Elle peut compter sur le soutien de ses éducateurs et bénéficie d'un suivi, comprenant une aide financière si besoin, psychologique et administrative.

“Selon le passé, on a un certain besoin de parler”

Pour Laura, les droits des enfants, c’est prioritairement : l’écoute, la protection et l’aide. “Selon le passé, on a un certain besoin de parler”, exprime Laura. Pendant ses années de placement, elle a pu prendre acte de ses droits concernant sa santé et bénéficié d’un soutien psychologique financé par l’ASE. Cependant, Laura souligne que l’accès à ce type d’aide n’est pas automatique pour tous les jeunes. “Certains n’arrivent pas à parler, et c’est là que l’accompagnement devient essentiel”, insiste-t-elle. Bien que son parcours ait été difficile et semé d’embûches, cette jeune femme a trouvé un soutien précieux auprès de ses éducateurs : “Ils m’ont beaucoup soutenue, et j’ai pu établir une vraie relation avec certains d’entre eux”.

Au-delà de son parcours institutionnel, Laura soulève des questions importantes sur les droits des enfants aujourd'hui. À 19 ans, elle met en lumière une cause qui lui tient particulièrement à cœur : le harcèlement et ses répercussions sur l'apprentissage ainsi que sur la santé mentale des jeunes. D’après la Convention internationale des droits de l’enfant, ”tous les enfants du monde doivent être protégés contre la violence, la maltraitance et la discrimination, et doivent pouvoir bénéficier de la même instruction et pouvoir aller à l’école dans un environnement favorable à son apprentissage”.

Sensibiliser les enfants à leurs droits

“Moi, je ne connaissais pas tous mes droits, mais au moins, quand j’ai demandé, on m’a aidé.” De son placement, Laura a pu en tirer un profit en bénéficiant d’un accès plus ou moins complet et effectif de ses droits. Malgré des moments difficiles, elle a toujours eu la possibilité de s’exprimer et de participer aux décisions concernant sa vie. "J’ai toujours eu le choix. On m’a conseillée, mais je décidais", indique-t-elle, soulignant l'importance de l’autonomie dans les choix de vie des jeunes en placement.

* Le prénom a été modifié

Amélia Arfi

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